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Les Patates en Chemise

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese


Marco Valdo M.I.

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Les Patates en Chemise

Chanson française – Les Patates en Chemise – Marco Valdo M.I. – 2020

ARLEQUIN AMOUREUX – 41

Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.

Dialogue Maïeutique

Vincent Van Gogh - 1885  - Pommes de terre


Quand après les coups de pied comtaux, la soldatesque impériale de la Cacanie, singeant une nuit de Walpurgis, la troisième, avait étrillé plus que raison, jusqu’à ce que presque mort s’ensuive, reprend Marco Valdo M.I., Matthias s’était réveillé au son du carillon. On en était resté là la dernière fois.

Oui, dit Lucien l’âne, et j’étais fort inquiet pour notre déserteur qui s’éveille fort marri sur le bord d’un fossé.

Comme à chaque fois qu’il se doit de réfléchir, quand l’inquiétude existentielle le taraude, notre Arlecchino entame une discussion avec une entité extérieure au monde commun. C’est sa manière à lui, atteint de solitude aiguë, de réfléchir à son destin et à la façon de se dépêtrer du piège du temps présent, de tenir la tête hors du courant du temps qui passe. La vie du déserteur Matthias, Matěj, Matthieu, Mateo, Arlequin, Arlecchino, Luigi, Andro est une longue fuite, elle se projette toujours en avant. Malgré son désir, il n’y a pas d’échappatoire à cette course vers un autre trou de désespoir où se cacher un moment.

Oh, répond Lucien l’âne, si je résume le monde mouvant du déserteur : derrière, c’est le néant ; devant, c’est le vide. Même lui ne sait jamais exactement où il est ; le monde n’a pas de prise où s’agripper. On dirait qu’il est comme nous, un exilé dans son propre pays.

Oui, reprend Marco Valdo M.I, sa vie est un désastre permanent ; elle joue au yoyo toujours entre le haut et le bas ; moralement, s’entend.

Que veux-tu signifier par ce « moralement » ?, demande curieux Lucien l’âne.

Écoute, Lucien l’âne mon ami, les mots sont les mots et ce sont eux qui font le monde ; a minima, qui le racontent et qui permettent de le réfléchir. Sans les mots, il n’y a plus rien, même plus le néant. Mais pour préciser, car il faut le faire, ce « moralement », je dirai que c’est la conjonction de psychologiquement et de psychiquement. En somme, le moral est le reflet combiné de ces deux états. Et puis, à la vérité, ce sont tes questions qui me poussent à de telles divagations. Je suis là comme Matthias :

« Sur le Pont de la Mélancolie,
Matthias rumine mille raisons
Et toujours la même mélodie. »


J’y suis bien obligé, si je veux le comprendre.

Quoi, dit Lucien l’âne, tu ne comprends pas Matthias, tu ne sais pas ce qu’il pense, ni ce qu’il va faire, ni ce qu’il va devenir, ni ce qui le pousse toujours en avant.

Et comment veux-tu, Lucien l’âne mon ami, que je le sache, si lui-même ne le sait pas non plus. C’est pur ça que je continue à faire ces chansons : pour savoir. Mais qui peut savoir ? Mais qui sait ? Who knows ? Only Big Nose knows.

Ça alors, dit Lucien l’âne, ça me rappelle cette extraordinaire réplique que je croyais tirée du Sermon de la Montagne, vu par les Monty Python, un grand moment ou peut-être était-ce une réflexion de Mel brooks ou de Marx (Julius Henry « Groucho »). Mais laissons ces

« Pommes de terre glanées au champ,
Cuites une à une sous la cendre ! »


et tissons le linceul de ce vieux monde mélancolique, suicidaire, dépressif, évanescent et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Où t’en vas-tu, ballerino ?
À Istanbul, Contessa !
Chez le Turc, j’y crois pas !
Oh, Contessa, addio !

Je pars au large, à l’horizon
Là-bas, sur la galère, Gloria !
Comme à Lépante, Victoria !
Salue pour moi les poissons !

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Montrer son cul n’est pas la liberté,
C’est la liberté de qui n’a pas de liberté.
Le reste est trop philosophique ;
L’envie de mourir prend comme la colique.

La troupe attend et se morfond,
Sur le Pont de la Mélancolie,
Matthias rumine mille raisons
Et toujours la même mélodie.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

J’ai honte, duchesse palatine,
De mon incorrigible sottise.
Faust et tous les autres serinent :
Mangeons les patates en chemise,

Pommes de terre glanées au champ,
Cuites une à une sous la cendre !
Mes amis, il est temps de l’apprendre :
Il n’y a pas de liberté pour les petites gens »

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

inviata da Marco Valdo M.I. - 13/2/2020 - 15:48




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