Il pleuvait. Il tombait des cordes sans arrêt.
Le temps de la récolte était passé.
Au tronc d’un pommier, Barbora s’appuyait
Ses jambes d’enfant l’empêchent de marcher.
En contre-bas, Matthias regardait
Une avoine où les javelles noircissaient.
La disette envahissait la monarchie.
De sa vareuse essorée, Arlequin protégeait la fille.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Et alors, Matthias jouait jusqu’à l’épuisement
Faust et Geneviève : hop, bis et encore une fois.
À l’arrière du moulin, sans bœuf, sans âne, Barbora
Hagarde, essoufflée en était à l’enfantement.
Chaque jour, de ses courses solitaires,
Le marionnettiste déserteur ramenait à la resserre
Des œufs, du beurre, du fromage, de la bière.
Oh, Barbora, tu connaîtras le bonheur sur terre !
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Mardi matin, sur les neufs heures, Barbora
Enfin libérée, d’un fils accoucha.
Mardi soir, vers six heures, Barbora
Sans un cri, sans un mot, défuncta.
Mercredi matin, s’en vient un vicaire
Baptiser Lukas pour vingt kreutzers.
Jeudi matin, l’orphelin de Barbora –
Il pleuvait toujours – de la vie se lassa.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Le temps de la récolte était passé.
Au tronc d’un pommier, Barbora s’appuyait
Ses jambes d’enfant l’empêchent de marcher.
En contre-bas, Matthias regardait
Une avoine où les javelles noircissaient.
La disette envahissait la monarchie.
De sa vareuse essorée, Arlequin protégeait la fille.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Et alors, Matthias jouait jusqu’à l’épuisement
Faust et Geneviève : hop, bis et encore une fois.
À l’arrière du moulin, sans bœuf, sans âne, Barbora
Hagarde, essoufflée en était à l’enfantement.
Chaque jour, de ses courses solitaires,
Le marionnettiste déserteur ramenait à la resserre
Des œufs, du beurre, du fromage, de la bière.
Oh, Barbora, tu connaîtras le bonheur sur terre !
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Mardi matin, sur les neufs heures, Barbora
Enfin libérée, d’un fils accoucha.
Mardi soir, vers six heures, Barbora
Sans un cri, sans un mot, défuncta.
Mercredi matin, s’en vient un vicaire
Baptiser Lukas pour vingt kreutzers.
Jeudi matin, l’orphelin de Barbora –
Il pleuvait toujours – de la vie se lassa.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
inviata da Marco Valdo M.I. - 24/12/2019 - 22:06
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Chanson française – L’Enfant de Barbora – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN AMOUREUX – 31
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
Comme le dévoilait déjà la précédente chanson du cycle d’Arlequin amoureux, dit Marco Valdo M.I., la fille Barbora était enceinte et bien proche d’accoucher. Jusque-là, dans cette interminable fuite, elle s’était comportée avec le courage, la bonne volonté et l’obstination nécessaires. Et tout ça, sans jamais se plaindre.
Je me souviens très bien de ça, dit Lucien l’âne. Sans doute également, elle n’avait pas trop le choix ; sauf évidemment à vouloir tenter l’aventure en solitaire, il lui fallait suivre Matthias. De plus, j’ai comme l’impression qu’elle s’accrochait à lui aussi, car pour tout dire, elle l’aimait ; à sa manière, secrète et silencieuse.
Oui, sans doute, Lucien l’âne mon ami. Ici, durant la veillée natale, j’écris et je vais publier cette chanson, qui ferait un émouvant conte de Noël. Écoute voir ! D’abord, la belle enfant qui a trouvé refuge et gîte dans une habitation de fortune, est prise des préliminaires annonciateurs de l’enfantement et Matthias, qui est le seul être vivant à ses côtés, se dévoue tant et plus. Le voilà seul à présent à monter son petit théâtre, ameuter le public, jouer et rejouer Faust et Geneviève – tout son répertoire pour ramener de quoi nourrir et encourager la malheureuse Barbora.
« Oh, Barbora, tu connaîtras le bonheur sur terre ! »
Voilà une magnifique promesse, dit Lucien l’âne.
Le mieux de l’histoire, répond Marco Valdo M.I., c’est que Matthias s’y tiendra. Grâce à toute cette agitation, à ses efforts, elle connaît un petit bonheur. Un soupçon ou une grande goulée, mais du bonheur et sans doute aussi, pour la première fois dans toute sa vie.
Ah, dit Lucien l’âne, ça fait plaisir ; mais comme disait Lætitia : « Pourvu que ça dure ! »
Procédons à partir de là, reprend Marco Valdo M.I., comme le suggère la sagesse (?) populaire, les meilleures choses ont un temps et il est souvent bien court (Est-ce ainsi que les hommes vivent ?).
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n’avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m’endormais comme le bruit. »
Et très rapidement, les événements se précipitent. Un matin, Barbora met au monde un garçon et dans la fin de l’après-midi, elle meurt – probablement d’épuisement. La conséquence, c’est Que Matthias se retrouve à devoir s’occuper de l’enfant et des funérailles de la mère. Mais là aussi, tout se précipite et l’enfant – un garçon nommé Lukas, meurt – lui aussi, las de vivre.
Oh, dit Lucien l’âne, il a bien fait de se laisser aller, car pour lui, la vie ne se présentait pas sous de riants auspices. Alors, ne pouvant rien pour lui, ni pour sa mère, tissons le linceul de ce vieux monde pluvieux, humide, malheureux, catastrophique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane