Dans la hotte, les comédiens comme de petits anges
Dorment sur l’une, puis sur l’autre joue.
Arlequin et Barbora ronflent dans la nuit des granges ;
Et le jour, marchent pedibus dans la boue.
Chaque matin, la troupe prend une autre direction,
Détour, ruse et louvoiement de la désertion,
Pour égarer le lévrier ou le gendarme qui la poursuit ;
Sans un mot, du même pas, toute la cohorte suit.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Cependant, dit Arlecchino, il faut manger :
La faim est la maîtresse de l’art.
Pour ça, dit Arlecchina, il faut jouer :
Le spectacle est le maître du lard.
À l’auberge, dans un coin de la cour,
Bric, broc, on installe le bric-à-brac du castelet.
Matthias s’en va avec sur la tête, un joli plumet ;
Arlequin crie et tambourine dans tous les alentours.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Tel le joueur de flûte, au théâtre, il entraîne les enfants
Et là : muets, yeux ronds, petits et grands écoutent
Le docteur Faust et le diable Méphisto qui se disputent.
Tous ont payé : d’un œuf, d’un peu de beurre ou d’argent.
Le soir venu, au chaud, en la salle de l’auberge,
Sous l’œil jaloux d’Arlecchina, pour une fois,
Au chaud, à l’abri, Arlecchino et Barbora,
Contents, paisiblement, boivent et mangent.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Dorment sur l’une, puis sur l’autre joue.
Arlequin et Barbora ronflent dans la nuit des granges ;
Et le jour, marchent pedibus dans la boue.
Chaque matin, la troupe prend une autre direction,
Détour, ruse et louvoiement de la désertion,
Pour égarer le lévrier ou le gendarme qui la poursuit ;
Sans un mot, du même pas, toute la cohorte suit.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Cependant, dit Arlecchino, il faut manger :
La faim est la maîtresse de l’art.
Pour ça, dit Arlecchina, il faut jouer :
Le spectacle est le maître du lard.
À l’auberge, dans un coin de la cour,
Bric, broc, on installe le bric-à-brac du castelet.
Matthias s’en va avec sur la tête, un joli plumet ;
Arlequin crie et tambourine dans tous les alentours.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Tel le joueur de flûte, au théâtre, il entraîne les enfants
Et là : muets, yeux ronds, petits et grands écoutent
Le docteur Faust et le diable Méphisto qui se disputent.
Tous ont payé : d’un œuf, d’un peu de beurre ou d’argent.
Le soir venu, au chaud, en la salle de l’auberge,
Sous l’œil jaloux d’Arlecchina, pour une fois,
Au chaud, à l’abri, Arlecchino et Barbora,
Contents, paisiblement, boivent et mangent.
Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
inviata da Marco Valdo M.I. - 11/12/2019 - 18:29
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Chanson française – Dans la Hotte – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN AMOUREUX – 29
Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.
Malgré la peur qui le pousse à fuir encore et toujours, dit Marco Valdo, Matěj le déserteur a pris en charge Barbora, l’orpheline. Il sent qu’il en a la responsabilité tant elle lui paraît démunie face à la vie. Et en vérité, c’est le cas.
Évidemment, dit Lucien l’âne, ça doit lui compliquer les choses.
Finalement, dit Marco Valdo M.I., jusqu’ici, pas tellement et tout serait pour le mieux, s’il n’y avait en arrière-plan, Arlecchina qui régulièrement l’asticote de ses accès de jalousie. Sans doute, mal venue, mais tu sais ce qu’il en est de la jalousie.
Oh oui, dit Lucien l’âne, ce n’est pas un sentiment, c’est une émotion et si on peut conduire un sentiment, on ne peut maîtriser une émotion.
Donc, poursuit Marco Valdo M.I., Arlecchino le sait bien que Barbora dérange Arlecchina, mais qu’y faire ? Il ne peut la laisser là comme ça.
On dirait, suggère Lucien Lane, qu’il a hérité d’une enfant, d’une fille de dix-sept ans. Au fait, comment va-t-elle ?
Ce jour-là, reprend Marco Valdo M.I., celui que raconte la chanson, elle va apparemment mieux. Lui aussi ailleurs, car c’est un jour heureux. Et je m’en vais te dire en quoi.
Oui, certes, je t’en prie, j’aimerais savoir, dit Lucien l’âne.
Eh bien, Lucien l’âne mon ami, nos héros – peut-on vraiment dire nos héros tant ils sont déshérités, tant ils fuient tels les migrants à travers l’Europe. Comme tu vois, la chose n’est pas nouvelle. Donc, cela fait plusieurs jours qu’ils louvoient à travers la Bohême pour dépister les éventuels poursuivants. Mais même les maigres vivres viennent à se tarir et il faut impérativement entrer dans un village et essayer de gagner de quoi se nourrir. Pour Arlequin, le moyen de se refaire un peu de provisions et d’argent est de donner un spectacle et d’espérer de la générosité des spectateurs. C’est le destin des comédiens ambulants.
« Cependant, dit Arlecchino, il faut manger :
La faim est la maîtresse de l’art.
Pour ça, dit Arlecchina, il faut jouer :
Le spectacle est le maître du lard. »
Ah ! Ah !, la maîtresse de l’art, le maître de lard, ou inversement ; j’aime beaucoup ce rapprochement ; il me semble d’ailleurs assez juste. Et donc, répond Lucien l’âne, Matthias et Barbora vont se muer en entreprise théâtrale ?
Exactement, répond Marco Valdo M.I., mais comme on l’a vu, dans la hotte de Matthias, alias cette fois Vojtěch Bornelli, d’ascendance italienne, né en Bohême, sont douillettement installés tous les acteurs de la petite troupe du castelet. Arlequin va les réveiller et les mettre à l’ouvrage devant ce public improvisé qui n’en croit pas ses yeux de voir le Docteur Faust et le Diable Méphisto. L’avantage, c’est que ce public paie – certes, selon ses moyens, mais volontiers : un œuf pour un enfant, une motte de beurre pour un grand et même, en piécettes de monnaie, si précieuses. Le reste, je laisse la chanson le révéler.
Oui, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as raison ; il faut toujours laisser une surprise. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde pourchasseur, poursuiteur, limier et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane