Lingua   

A mezzogiorno

Giorgio Gaber
Lingua: Italiano


Giorgio Gaber

Lista delle versioni e commenti


Ti può interessare anche...

Te vengo a cercà
(La Maschera)
Bob Dylan: If Dogs Run Free
(GLI EXTRA DELLE CCG / AWS EXTRAS / LES EXTRAS DES CCG)
'O surdato 'nnammurato
(Anna Magnani)


[1971]
Scritta da Giorgio Gaber e Sandro Luporini
Nello spettacolo "Storie vecchie e nuove del signor G" e nel disco "I borghesi"
Testo trovato su Far finta di essere... Gaber

Il signor G

I borghesi
A mezzogiorno suona la sirena
e lei come ogni giorno è lì che aspetta lui.
Tra qualche attimo son tutti fuori già,
tre quarti d’ora e si riprenderà.
Suona una radio lì vicino,
qualcuno chiama un ragazzino
la strada è vuota, c’è un po’ di sole
tutto si ferma per un po’...

"Sei qui da molto?"
"No, sono appena arrivata."
"Sei così bella."
"Ma dài! Sono così conciata!"
"Cos’hai portato?"
"Cos’ho portato non si sa!
“Hai proprio fame, vieni mettiamoci più in là."

A mezzogiorno suona la sirena
e lei come ogni giorno siede accanto a lui.
Lui la accarezza e poi la stringe forte a sé
apre la borsa e guarda cosa c’è.
Insieme mangiano sul prato
quello che lei gli ha preparato.
Poco lontano un aeroplano
lascia una striscia e se ne va...

"Come mi piaci, sai cosa mi viene in mente…"
"Ma dai stai buono, non vedi che c’è gente?"
"Ma non capisci che se ne infischiano di noi."
"Ti aspetto a casa, ma torna subito se puoi."

Ancora un attimo, un bacio e se ne andrà
e la sirena ancora suonerà.
Alcuni giocano a pallone
mangiando l’ultimo boccone.
Sul prato verde qualche giornale
che ora il vento muove un po’.

inviata da Bernart Bartleby - 2/12/2019 - 21:41



Lingua: Francese

Version française – À MIDI – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson italienne – A mezzogiorno – Giorgio Gaber – 1971
Texte : Giorgio Gaber et Sandro Luporini
Dans le spectacle « Storie vecchie e nuove del signor G. » (Vieilles et nouvelles histoires de Monsieur G) et le disque « I borghesi » (Les Bourgeois)

Dialogue Maïeutique

"Le déjeuner sur l'herbe" de Manet


Dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, qu’est-ce que c’est que ce titre pour le moins lapidaire ?

Oh, Lucien l’âne mon ami, cette fois, ce n’est pas moi qui l’ai choisi, car il est la transposition – tout aussi lapidaire, j’en conviens – du titre original en italien : « A mezzogiorno », dont je n’ai pas cru devoir m’écarter.

Soit, dit Lucien l’âne, mais ça ne m’explique rien. Que veut-elle, cette chanson ? Que peut-elle raconter avec ce À midi ? Personne ne le sait et tout le monde voudrait savoir et on m’interroge et moi, je nage, car ce pourrait n’importe quel midi, n’importe où, où n’importe qui ferait n’importe quoi. Il me faut des précisions, vois-tu.

On veut des précisions, Lucien l’âne mon ami, eh bien, je vais en donner. Ce midi, tout simplement, c’est en quelque sorte un déjeuner sur l’herbe.

Ça me rappelle quelque chose, dit Lucien l’âne mon ami, cette histoire de déjeuner sur l’herbe. J’ai un vague souvenir de peinture.

Au fait, oui, c’est bien de ça qu’il s’agit, reprend Marco Valdo M.I. ; enfin, à peu près. Il y a eu un fameux tableau d’Édouard Manet, finalement nommé ainsi. Cependant, le tableau comme c’est souvent le cas, a connu diverses dénominations et elles sont plutôt signifiantes. Écoute voir : « Le Bain » ou ensuite, encore plus précise : « La Partie carrée ». Et tan qu’on y est, je ne voudrais pas passer sous silence le tableau du Titien, peint en 1508, qui a sans doute inspiré Edouard Manet pour le « Déjeuner » et qui se nomme pudiquement « Le Concert champêtre » – sans doute, y jouait-on le la viole et du pipeau ; on y trouve à l’avant-plan deux dames nues et deux messieurs habillés. L’ignorer serait faire l’impasse sur toute une tradition picturale.

Oh, dit Lucien l’âne, finalement, ce « Déjeuner sur l’herbe » est un excellent titre ; il est d’une certaine manière plus objectif.

Si on veut, reprend Marco Valdo M.I., mais pour en revenir à ma comparaison entre la chanson et le tableau de Manet, le fond est le même : une sorte de piquenique – un repas champêtre, dit Wkipedia qui donne comme illustration, le Déjeuner, mais sociologiquement, l’histoire est un peu différente. Le tableau de Manet représentait au premier plan, le contenu d’un pique-nique avec un pain et un panier de fruits renversé sur un habit bleu à pois. Une femme nue assise entre deux hommes habillés tandis qu’au fond du tableau, une autre femme, en chemise, se baigne. » Et voici ce qu’en disait, le journaliste français, par ailleurs romancier, Émile Édouard Charles Antoine Zola, qui écrivait à propos de ce tableau, c’était en 1867, des choses tellement intéressantes, que je t’en reproduis le commentaire (que j’ai trouvé dans la notice Wikipedia consacrée à ce tableau)  :

« Le Déjeuner sur l’herbe est la plus grande toile d’Édouard Manet, celle où il a réalisé le rêve que font tous les peintres : mettre des figures de grandeur nature dans un paysage. On sait avec quelle puissance il a vaincu cette difficulté. Il y a là quelques feuillages, quelques troncs d’arbres, et, au fond, une rivière dans laquelle se baigne une femme en chemise ; sur le premier plan, deux jeunes gens sont assis en face d’une seconde femme qui vient de sortir de l’eau et qui sèche sa peau nue au grand air. Cette femme nue a scandalisé le public, qui n’a vu qu’elle dans la toile. Bon Dieu ! quelle indécence : une femme sans le moindre voile entre deux hommes habillés, mais quelle peste se dirent les gens à cette époque ! Le peuple se fit une image d’Édouard Manet comme voyeur. Cela ne s’était jamais vu. Et cette croyance était une grossière erreur, car il y a au musée du Louvre plus de cinquante tableaux dans lesquels se trouvent mêlés des personnages habillés et des personnages nus. Mais personne ne va chercher à se scandaliser au musée du Louvre. La foule s’est bien gardée d’ailleurs de juger Le Déjeuner sur l’herbe comme doit être jugée une véritable œuvre d’art ; elle y a vu seulement des gens qui mangeaient sur l’herbe, au sortir du bain, et elle a cru que l’artiste avait mis une intention obscène et tapageuse dans la disposition du sujet, lorsque l’artiste avait simplement cherché à obtenir des oppositions vives et des masses franches. Les peintres, surtout Édouard Manet, qui est un peintre analyste, n’ont pas cette préoccupation du sujet qui tourmente la foule avant tout ; le sujet pour eux est un prétexte à peindre tandis que pour la foule le sujet seul existe. Ainsi, assurément, la femme nue du Déjeuner sur l’herbe n’est là que pour fournir à l’artiste l’occasion de peindre un peu de chair. Ce qu’il faut voir dans le tableau, ce n’est pas un déjeuner sur l’herbe, c’est le paysage entier, avec ses vigueurs et ses finesses, avec ses premiers plans si larges, si solides, et ses fonds d’une délicatesse si légère ; c’est cette chair ferme modelée à grands pans de lumière, ces étoffes souples et fortes, et surtout cette délicieuse silhouette de femme en chemise qui fait dans le fond, une adorable tache blanche au milieu des feuilles vertes, c’est enfin cet ensemble vaste, plein d’air, ce coin de la nature rendu avec une simplicité si juste, toute cette page admirable dans laquelle un artiste a mis tous les éléments particuliers et rares qui étaient en lui. »

Oui, certes, évidemment, dit Lucien l’âne un peu interloqué, mais il faudra que tu m’expliques tes explications. Car à ce qu’il me semble, il devrait y avoir comme un écart entre une chanson italienne de 1971 et un tableau français de 1863. Je suppose qu’il ne s’agit pour Giorgio Gaber de raconter la peinture de Manet.

Et sans doute même, Lucien l’âne mon ami, n’y a-t-il jamais pensé, mais ne sois pas si pressé. Maintenant, je te prie d’examiner sur quel disque cette chanson a été publiée ; il s’intitule globalement : « Les Bourgeois » et la chanson raconte une histoire ouvrière – une femme qui vient à l’heure de la pause porter son briquet à son homme, qui travaille dans une usine. La scène se déroule sur un pré au bord d’une route, sans doute à l’avant de l’usine. Une pause de trois-quart d’heure et hop, on reprend le boulot. Si on prend en compte les trois déjeuners (Titien, Manet, Gaber), on obtient une sorte de synthèse historique de la pause de midi, selon les époques et selon l’origine sociale des participants.

En fait, dit Lucien l’âne, si on examine bien ces trois déjeuners, la version « ouvrière » est plus pudique.

Du moins en apparence, dit Marco Valdo M.I., car je te ferai remarquer que c’est seulement, car ils n’ont pas le temps – une pause de trois-quarts d’heure ; sinon pour ce qui est de l’intention, elle est bien là et avec une certaine insistance ; la réalisation est simplement renvoyée à la maison. Après le boulot, la libido. Primo, boulot, dopo, libido, dodo, car demain matin, cinq heures, debout et au boulot de nouveau. Quand on sait ce qu’en pensait Wilhelm Reich, c’est tout un dévoilement d’un pan de La Guerre de Cent mille ans que les riches font aux pauvres afin d’assurer leurs privilèges, d’affirmer leur domination, d’exploiter le temps et la vie des autres.

Halte, dit Lucien l’âne, halte, car il faut bien nous limiter. Pour conclure à partir de ce qui vient de se dire, je te propose une petite réflexion : dans tous les âges, le piquenique est fort apprécié. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde laborieux, minuté, corseté et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
À MIDI


À midi, le hurlement de la sirène s’élance
Et chaque jour, elle est là qui l’attend lui.
Dans un instant, tous seront sortis,
Trois quarts d’heure et on recommence.
Une radio tonitrue pas loin,
Quelqu’un appelle un gamin ;
Il y a un peu de soleil, la rue est vide.
Pour un moment, tout s’arrête.

« Tu es là depuis longtemps ? »
« Non, je suis à peine arrivée. »
« Tu es si belle. »
« Arrête ! Je suis juste bronzée ! »
« Qu’as-tu apporté ? »
« On ne sait ce que j’ai apporté !
« Tu as faim, installons-nous plus loin. »

Chaque jour, à midi, la sirène retentit
Et elle s’assied à côté de lui.
Il l’attire et la serre dans ses bras.,
Il ouvre le sac et regarde ce qu’il y a.
Ils mangent assis sur le pré
Ce qu’elle lui a préparé.
Dans le ciel, un avion par-dessus les toits
Laisse une trace et s’en va.

« Comme tu me plais, tu sais ce qui me vient à l’esprit ? »
« Mais reste tranquille, il y a des gens, ne le vois-tu pas ? »
« Mais ils s’en foutent de nous, tu n’as pas compris ? »
« Je t’attends à la maison, reviens dès que tu pourras. »

Encore un instant, un baiser de plus et il s’en ira.
Et la sirène encore sonnera.
Certains jouent au football
En avalant la dernière bouchée.
Sur le pré, brimbale une page de journal
Que le vent a emportée.

inviata da Marco Valdo M.I. - 6/12/2019 - 21:15




Pagina principale CCG

Segnalate eventuali errori nei testi o nei commenti a antiwarsongs@gmail.com




hosted by inventati.org