Des freins crissent
Un bruit de vitres cassées
Un seul cri
Un hurlement de femme
Sur la rue
Pleine de gens
Qui courent dans la
Même direction
Celle du cri
De la femme
Au croisement
En un moment
Tous rassemblés
Fourmilière multicolore
Qui court dans la
Même direction :
Celle du cri
De la femme
A terre luisent
Des bouts de verre
Au chahut
Succède un silence
Absolu
Après le cri
De la femme.
Un mètre
Devant la voiture
Sur le pavé
Une forme claire :
Une femme
La femme du cri.
Tête sur le trottoir
Corps sur la rue
Immobile, sur le dos
Jupe sur le ventre
Relevée
Cuisses nues,
Horriblement blanches
Quelle belle fille !
Morte
La femme d’un seul cri.
Un bruit de vitres cassées
Un seul cri
Un hurlement de femme
Sur la rue
Pleine de gens
Qui courent dans la
Même direction
Celle du cri
De la femme
Au croisement
En un moment
Tous rassemblés
Fourmilière multicolore
Qui court dans la
Même direction :
Celle du cri
De la femme
A terre luisent
Des bouts de verre
Au chahut
Succède un silence
Absolu
Après le cri
De la femme.
Un mètre
Devant la voiture
Sur le pavé
Une forme claire :
Une femme
La femme du cri.
Tête sur le trottoir
Corps sur la rue
Immobile, sur le dos
Jupe sur le ventre
Relevée
Cuisses nues,
Horriblement blanches
Quelle belle fille !
Morte
La femme d’un seul cri.
inviata da Marco Valdo M.I. - 18/8/2017 - 15:43
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Chanson française – Le Cri – Marco Valdo M.I. – 2017
Quand j’ai écrit cette chanson, c’était en 2005 ; c’était une chanson léviane, tirée de L’Orologio (La Montre, un roman de Carlo Levi) ; depuis, elle avait dormi dans mes cartons. Quoi qu’il en soit, ce que je veux en dire aujourd’hui, Lucien l’âne mon ami, c’est que je ne pensais pas, à ce moment-là, qu’elle anticipait certains événements que l’on voit de nos jours. On n’avait pas encore pris l’habitude de voir des cinglés du prophète foncer avec des camions et des automobiles dans les gens qui se promènent. Je ne l’imaginais pas, cette chanson, comme un écho aux cris des femmes dans les rues piétonnes où foncent des véhicules guidés par des débiles inspirés par le Tout-Puissant, sorte de crétins majuscules, atteints d’un grotesque délirium. C’est en découvrant les images des derniers ahurissants exploits de ces malades mentaux que je me suis rappelé cette chanson qui raconte tout simplement le cri d’une femme écrasée par une automobile.
Donc, Marco Valdo M.I. mon ami, si je comprends bien, cette canzone ne rapporte pas tel ou tel événement de l’actualité, mais plutôt fait écho à la douleur de quelqu’un qui est frappé par un véhicule et le lien est précisément cette douleur absurde.
C’est un peu ça, Lucien l’âne mon ami, en raison-même du fait qu’elle n’en parle pas directement, en raison-même du non-dit, en raison du silence qu’elle observe sur les faits-divers qu’on peut voir sur toutes les télévisions, avec tout le remue-ménage qui les entourent, la chanson renvoie au plus profond de l’affaire, à l’absurdité fondamentale de ces gestes de folie religieuse. Car sans le mépris des autres qui est enseigné par la religion, comme au fond des choses le font toutes les religions pour lesquelles il y a d’un côté, les élus ; de l’autre, les quoi ? Les riens ?
Marco Valdo M.I. mon ami, moi qui ai croisé tant de gens depuis si longtemps, moi qui me souviens d’avoir vu les croisés de la première croisade massacrer sur le chemin de Jérusalem, mais dans les villes d’Europe et en premier lieu, peut-être était-ce pour se faire la main, les Juifs, moi qui ai souvenance des massacres perpétrés par des croyants de toutes sortes de religions, ornées ou non d’un Dieu emblématique – car je te le rappelle, les religions n’ont aucun besoin d’un ou de plusieurs Dieux pour exister ; un prophète illuminé suffit (car le prophétisme est le berceau de tous les totalitarismes), moi donc, je te le dis : on n’en finira pas de si tôt avec le délire engendré par la croyance ; n’y a-t-il pas un « delirium credens » ? Ceci tient à la nature de la croyance, laquelle ne repose sur rien de réel, elle est fantasmatique et n’est en rien confrontable à la réalité ; pour elle, le réel ne compte pas et si réel, il y a, il faut l’adapter à elle, la croyance ; tout doit s’y soumettre. Ce qui est à l’évidence, absurde et cause des plus grandes folies. Mais je me suis éloigné de la chanson…
Pas du tout, Lucien l’âne mon ami, c’est ce qui est derrière cette chanson : la douleur engendrée par l’absurdité. Quant à la chanson, elle énonce dans sa sécheresse le déroulement d’un accident. Rien de plus, rien de moins.
C’est d’autant plus terrifiant, un peu comme ce tableau du peintre norvégien Edvard Munch, tableau qui porte le même titre. Un récit plus verbeux aurait sans doute dédramatisé la chose, il aurait sans doute dévié, dilué l’horreur et la douleur compassionnelle. C’est, à mon sens – outre la nécessité de rencontrer certain goût du sensationnel (le sensationnel est ce qui procure de la sensation, c’est-à-dire de l’émotion, denrée recherchée par nombre de gens), le but des récits mélodramatiques en paroles ou en images.
Quant à nous, dit Lucien l’âne, toi comme moi, on se contenterait de l’énoncé des faits et quoi qu’il en soit, nous reprenons notre tâche qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde croyant, mélodramatique, émotif, infantile et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane