La nature, ma mère, un jour m'est apparue.
J'ai cru les hommes fous de ne l'avoir pas crue :
« Mon fils, m'a-t-elle dit, je veux que ta chanson
Porte à chaque opprimé l'espoir de sa rançon.
Quand je les enfantai, les hommes étaient frères :
Ils avaient le bonheur. Ils ont fait les misères!
Le pauvre n'a plus droit à ce qui fut son bien,
Et le riche, ayant tout, ne sait comprendre rien. »
« Voici l'or du soleil et voici l'or des plaines :
Voici l'argent des lys et la neige des laines.
Voici le vert des bois, voici l'azur du ciel ;
Voici les fruits de chair, voici les fleurs de miel.
Tous avaient tout cela. Tout cela n'était guère !
Et tout cela n'est plus qu'un long sujet de guerre.
Le pauvre n'a plus droit à ce qui fut son bien.
Et le riche, ayant tout, ne sait comprendre rien.
« Chaque goutte de lait qui pend à mes mamelle?
Fit les hommes jumeaux et les femmes jumelles.
Chaque goutte de sang qui sort de mon cœur fort
Ne coulait dans leurs cœurs que pour le noble effort .
Et voici que le meurtre au meurtre coïncide,
Et l'homme est devenu le seul être homicide.
Le pauvre n'a plus droit à ce qui fut son bien,
Et le riche, ayant tout, ne sait comprendre rien.
« Écoute : Nul ne doit périr pour qu'un prospère :
Car nul n'a pu sans crime exproprier son frère.
Nul ne doit abuser de ce qui vient de moi :
Car nul n'est à lui seul le gardien de ma loi.
Nul n'a droit à l'excès quand le peu manque à l'autre,
Nul ne peut dire «mien» quand il faut dire «nôtre».
Le pauvre n'a plus droit à ce qui fut son bien.
Et le riche, ayant tout, ne sait comprendre rien. »
J'ai cru les hommes fous de ne l'avoir pas crue :
« Mon fils, m'a-t-elle dit, je veux que ta chanson
Porte à chaque opprimé l'espoir de sa rançon.
Quand je les enfantai, les hommes étaient frères :
Ils avaient le bonheur. Ils ont fait les misères!
Le pauvre n'a plus droit à ce qui fut son bien,
Et le riche, ayant tout, ne sait comprendre rien. »
« Voici l'or du soleil et voici l'or des plaines :
Voici l'argent des lys et la neige des laines.
Voici le vert des bois, voici l'azur du ciel ;
Voici les fruits de chair, voici les fleurs de miel.
Tous avaient tout cela. Tout cela n'était guère !
Et tout cela n'est plus qu'un long sujet de guerre.
Le pauvre n'a plus droit à ce qui fut son bien.
Et le riche, ayant tout, ne sait comprendre rien.
« Chaque goutte de lait qui pend à mes mamelle?
Fit les hommes jumeaux et les femmes jumelles.
Chaque goutte de sang qui sort de mon cœur fort
Ne coulait dans leurs cœurs que pour le noble effort .
Et voici que le meurtre au meurtre coïncide,
Et l'homme est devenu le seul être homicide.
Le pauvre n'a plus droit à ce qui fut son bien,
Et le riche, ayant tout, ne sait comprendre rien.
« Écoute : Nul ne doit périr pour qu'un prospère :
Car nul n'a pu sans crime exproprier son frère.
Nul ne doit abuser de ce qui vient de moi :
Car nul n'est à lui seul le gardien de ma loi.
Nul n'a droit à l'excès quand le peu manque à l'autre,
Nul ne peut dire «mien» quand il faut dire «nôtre».
Le pauvre n'a plus droit à ce qui fut son bien.
Et le riche, ayant tout, ne sait comprendre rien. »
inviata da Bernart Bartleby - 24/5/2017 - 09:40
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Musica di Marcel Legay (1851-1915), chansonnier
Nella loro famosa raccolta del 1896 intitolata “Chansons rouges”, illustrata dall'artista anarchico svizzero francese Théophile-Alexandre Steinlen
Canzone dedicata a Octave Mirbeau (1848-1917), scrittore, pamphlettista e critico d'arte sovversivo e libertario.