Lingua   

Hans im Glück

Erika Mann
Lingua: Tedesco


Lista delle versioni e commenti


Ti può interessare anche...

Le Maître et Martha
(Marco Valdo M.I.)
Lone Shanakyle
(Thomas Madigan)
Frau X
(Erika Mann)


[1934]
Versi di Erika e del fratello Klaus Mann
Musica di Magnus Henning (1904-1995), compositore e pianista bavarese
Nello spettacolo di Kabarett intitolato “Die Pfeffermühle”, “Il Macinapepe”, ideato dai due fratelli Mann, con la collaborazione di Walter Mehring e Wolfgang Koeppen, e interpretato dalla stessa Erika, dall’amante di lei Therese Giehse e da altri attori e danzatori (Lotte Goslar, Sybille Schloß, Cilli Wang e Igor Pahlen.)



Per questa canzone del “Macinapepe” Erika Mann prese a prestito il titolo di una fiaba dei fratelli Grimm (da noi “La fortuna di Gianni”, lo stupido che finisce per barattare un’enorme lingotto d’oro con un mucchio di pietre, eppure trova nel non avere più nulla la felicità e la libertà) e ne fece una riflessione sullo sradicamento progressivo e velocissimo che molti artisti, scrittori ed intellettuali tedeschi, ebrei e non, subirono con l’affermarsi del nazismo. Prima la perdita del lavoro, poi l’inserimento nelle liste di proscrizione, quindi l’esilio e infine la revoca della cittadinanza, la confisca di tutti i beni e la distruzione delle loro opere “degenerate”. Comunque una bella fortuna, come le pietre del povero Gianni, se si pensa a quanti invece finirono i loro giorni nelle prigioni segrete della Gestapo e nei campi di concentramento traboccanti di prigionieri fin dalla fine di febbraio del 1933…
Soll ich was von mir berichten?
Ja, – ich bin der Hans im Glück;
Ich weiß mehrere Geschichten,
Doch sie liegen weit zurück.

Als ich noch ein kleiner Knabe
Namens Hans gewesen bin,
Hatt’ ich schon als gute Gabe
Einen stets zufried’nen Sinn.

Meine Eltern hatten Felder
Und sie waren wohl bestallt;
Doch die guten goldnen Gelder
Wurden nicht im Kasten alt.

Plötzlich gingen sie zur Neige
Und ich rief, was grämt ihr euch?!
Wartet mal, was ich euch zeige, –
Armut macht das Leben reich!

Wie sich das trifft,
Nein, wie sich das schickt, –
Ich war meiner Lebtag noch nie so beglückt.
Das leidige Geld ist nun endlich dahin, –
Was ich für ein Hans im Glück immer bin!

Arbeit war gar schnell gefunden,
Ich verdiene Brot und Bier;
Täglich tat ich es zehn Stunden,
Das war reichlich, glaubt es mir.

Als dann die Regierung tagte,
Nahm man mir die Arbeit fort;
Ich war froh, weil ich mir sagte:
Es war furchtbar mühsam dort.

Wie sich das trifft,
Nein, wie sich das schickt!
Ich war meiner Lebtag noch nie so beglückt.
Die leidige Arbeit ist endlich dahin, –
Was ich für ein Hans im Glück immer bin!

Frei war ich wie Wind und Regen,
Konnte drin spazieren gehn.
Ei, was war das für ein Segen,
Und wie war die Welt so schön!

Und ich schrieb im Überschwange
Irgendwo auf einen Stein:
Na, jetzt dauert’s nicht mehr lange, –
Der Minister ist ein Schwein.

Als dann die Regierung tagte,
Mußt′ ich schleunigst außer Land′s,
Weil ein Freund von mir mir sagte:
Du stehst auf der Liste, Hans.

Und so lief ich in die Ferne
Schritt vor Schritt und Bein vor Bein;
Ach, ich laufe schrecklich gerne,
Und es soll bekömmlich sein.

Wie sich das trifft,
Nein, wie sich das schickt!
Ich war meiner Lebtag noch nie so beglückt!
Die leidige Heimat ist endlich dahin, –
Was ich für ein Hans im Glück immer bin!

Meinen Hut und meine Weste
Die verlor ich irgendwo;
Es war jedenfalls das Beste
Und auch das Bequemste so.

Meine Schuhe sind zerrissen,
Nächstens darf ich barfuß gehn;
das ist angenehm zu wissen,–
Auf den Wiesen geht sich’s schön.

Als dann die Regierung tagte,
Um mein Glück noch zu vollenden,
Konfisziert′ man meinen Paß;
Ich geb′ gern ihn aus den Händen
Und besaß noch immer was:

Beispielweise Bürgerrechte,
Und man nahm sie bald zu sich;
Ob ich sie behalten möchte,
Danach fragte keiner mich.

Wie sich das trifft,
Nein, wie sich das schickt!
Ich war meiner Lebtag noch nie so beglückt.
Die leidigen Rechte sind endlich dahin, –
Was ich für ein Hans im Glück immer bin!

Frei bin ich von aller Schwere.
leicht bin ich und ohne Zwang;
Habe nichts als meine Ehre,
Und um die ist mir nichts bang.

Schließlich kommt es dann ans Sterben,
Und der Tod ruft freundlich – Hans! –
Ein’ge dich mit deinen Erben!
Doch ich blinzle in den Glanz;

Ohne Testament und Mühe
Darf ich gleich hinübergehn, –
Eines Tags in grauer Frühe
Kann man mich entschwinden sehn.

Wie sich das trifft,
Nein, wie sich das schickt!
Ich war meiner Tage noch nie so beglückt.
Die leidige Leben ist endlich dahin, –
Was ich für ein Hans im Glück immer bin!

inviata da Bernart Bartleby - 8/9/2016 - 16:07


Forse tutte le canzoni attribuite ad Erika Mann andrebbero inserite nel percorso "Esili ed esiliati"... Non per nulla il suo fu definito "Exilkabarett".

Bernart Bartleby - 8/9/2016 - 16:09



Lingua: Francese

Version française – HANS LA CHANCE – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson allemande – Hans im Glück – Erika Mann – 1934
Poème d’Erika et Klaus Mann
Musique de Magnus Henning (1904-1995), compositeur et pianiste bavarois
Dans le spectacle de cabaret intitulé « Die Pfeffermühle », « le Moulin à poivre », imaginé par Erika et Klaus Mann, avec la collaboration de Walter Mehring et de Wolfgang Koeppen, et interprété par la même Erika, son amie Therese Giehse et d’autres acteurs et de danseurs (Lotte Goslar, Sybille Schloß, Cilli Wang et Igor Pahlen.)

Hans im Glück


Pour cette chanson du « Moulin à poivre », Erika Mann emprunta le titre d’un conte des frères Grimm (chez nous « Jean la Chance », l’idiot qui finit par troquer un énorme lingot d’or contre un tas de pierres, et trouve dans le fait de n’avoir plus rien le bonheur et la liberté) et en fit une réflexion sur le déracinement progressif et très rapide que beaucoup d’artistes, écrivains et intellectuels allemands, Juifs ou non, subirent avec l’arrivée du nazisme. D’abord la perte du travail, ensuite l’introduction dans les listes de proscription, donc l’exil et enfin le retrait de la citoyenneté, la confiscation de tous leurs biens et la destruction de leurs œuvres « dégénérées ». Dans tous les cas, une vraie chance, comme les pierres du pauvre Hans, si on pense à ceux qui finirent leurs jours dans les prisons secrètes de la Gestapo et dans les camps de concentration débordant de prisonniers depuis la fin février 1933…

DIALOGUE MAÏEUTIQUE


Donc, Lucien l’âne mon ami, comme il est exposé dans la notice d’introduction italienne (avant notre dialogue), il s’agit d’un conte des frères Grimm (première moitié des années 1800). Mais relativement à cette histoire, je vais te poser une question : sais-tu, ce qu’est le KHM 83 ?

Beuh, dit Lucien l’âne en dressant ses oreilles et sa queue à la verticale, là, tu pensais me berner, mais, Marco Valdo M.I. mon ami, étant moi-même issu d’un conte ou d’une sorte de conte, tu dois bien imaginer que je ne me laisserais pas avoir par une pareille question. Je m’explique : comme ces érudits allemands de frères Grimm, n’ont cessé leur vie durant de produire des contes, de sorte qu’à la fin, il y en avait plus de 200 ; c’était une quantité telle qu’on a désigné chacun de ces contes par un numéro de code pour s’y retrouver. Quant au conte auquel la chanson renvoie – le KHM 83, je peux même – et je pense que cela te sera utile – te le résumer.

Résumé par Lucien l’âne du conte « Hans im Glück »

C’est l’histoire d’un gars, prétendument idiot, mais comme on le verra, il ne l’est pas du tout, qu’on dit chanceux, ce qu’il n’est pas du tout ; en fait, il ne l’est pas plus qu’un autre : il peut juste suivre son destin. Donc, voici. Au début de l’histoire, Hans reçoit – après sept ans de travail, un lingot d’or en paiement de ses services. Ce lingot, cette fortune, il va l’échanger contre un cheval, puis le cheval contre une vache, la vache contre un cochon, le cochon contre une oie, l’oie contre une pierre à aiguiser et in fine, il jette la pierre. Tous les gens avec qui il fait affaire, tout ce beau monde le convainc qu’il gagne au change. On verra qu’ils n’ont pas tort – mais à leur insu. Ayant jeté la pierre, Hans se retrouve tout léger et débarrassé de ces biens encombrants, et rentre tranquillement chez lui – parfaitement satisfait de son sort, très heureux.

En effet, Lucien l’âne, c’est bien ça, tu as résumé ce conte et tu m’as rendu un fier service. Je ne dois plus le raconter. C’est toujours ça de fait.

J’en suis heureux, dit Lucien l’âne en riant. En échange, j’aimerais que tu me dises ce que tu penses de ce conte et de Hans et puis, que tu fasses pareil pour le Hans de la version d’Erika Mann.

En premier pour ce conte, ce que j’aurais à en dire en premier, c’est qu’il devait être à l’origine une chanson, une de ces chansons paysannes où l’on fait s’enchaîner des énumérations de biens précieux pour les paysans, comme dans la chanson du « Fermier dans son pré » (elle-même d’origine allemande), qui dit :

Le fermier dans son pré,
Le fermier dans son pré,
Ohé, ohé, ohé,
Le fermier dans son pré.

Le fermier prend sa femme,
La femme prend son enfant,
L’enfant prend sa nourrice,
La nourrice prend son chat,
Le chat prend sa souris,
La souris prend son rat,
Le rat prend son fromage,

Le fromage est battu (tout cru ! – ce qui plaît beaucoup aux enfants).

ou celle de la Fermière qui allait au marché :

Il était une fermière
Qui allait au marché ;
Elle portait sur sa tête
Trois pommes dans un panier ;
Les pommes faisaient Rouli Roula,
Les pommes faisaient Rouli Roula.

Halte !

Trois pas en avant,
Trois pas en arrière ;
Deux pas sur le côté
Deux pas de l’autre côté.

Il était une fermière...
et on recommence da capo – du début, autant de fois qu’on voudra ou qu’on pourra, jusqu’à plus soif.
Il existe évidemment d’autres comptines du genre. Elles sont le résultat d’une sorte de sagesse populaire, transmise de génération en génération par les chansons et les contes qu’on récite aux enfants. C’était d’ailleurs l’ambition des sérieux frères Grimm de rassembler de tels contes, considérés comme des éléments fondateurs de la culture, en l’occurrence, allemande. C’était un temps où la « nation allemande » se cherchait.
Maintenant, en ce qui concerne Hans, dit le chanceux, je pense qu’il y a généralement une erreur d’interprétation, comme je l’ai dit plus haut. Hans n’a pas un destin extraordinaire et ce n’est certes pas la chance qui le rendra satisfait et heureux. En réalité, c’est son intelligence qui va l’amener à se conduire avec sagesse. C’est d’ailleurs l’objectif du conte de montrer cela qu’en se débarrassant du poids des choses, Hans trouve la liberté et mieux que tout, en est fort heureux. Car tu le remarqueras, le fait de tout perdre, d’être débarrassé de tous ses biens ne devient une bonne chose qu’à partir du moment où on a l’intelligence de considérer les choses et les événements d’une manière particulière, de voir le monde d’un autre œil, de regarder son propre destin comme bénéfique. Cette capacité de renversement, cette révolution quotidienne (même si elle a des limites) permet de vivre en meilleur accord avec soi-même et avec les circonstances (même hostiles) de sa propre existence, sans sacrifier aux dieux du moment, ni aux autres d’ailleurs, ni a aucun.

Ce qui, somme toute, dit Lucien l’âne, est l’essentiel.

En effet. Quant à la chanson d’Erika Mann, elle applique ces principes aux circonstances que vivent les Allemands de son époque, c’est-à-dire sous le Reich de Mille Ans, qui n’en dura que douze, comme on sait. Pour ce faire, elle installe Hans la Chance dans le paysage historique et lui fait faire un parcours similaire à celui du Hans du conte ancien ; similaire par sa structure, mais fort différents par les situations auxquelles Hans est confronté.
Cela dit, cette chanson terrible est aussi une sorte de vade-mecum de l’exilé (dans le meilleur des cas) ou de l’opposant (condamné au silence, à la clandestinité, aux camps) auquel en finale, il faudra accepter avec équanimité la mort (assassinat ou suicide) considérée comme l’issue la plus probable et pour beaucoup d’entre eux, comme la meilleure possible. Pour ce qui est des détails de l’histoire selon Erika Mann, je les laisse découvrir…

Tu as raison, Marco Valdo M.I. mon ami, il est toujours mieux de laisser la chanson s’exprimer et raconter son histoire à sa manière sans aller jusqu’à la peigner jusqu’au dernier cheveu. Lors donc, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde avide, avaricieux, peu avenant, assassin et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
HANS LA CHANCE

Ah que vous dirais-je de moi ?
Ah oui, je suis Hans la Chance,
Je connais pas mal d’histoires
Qui remontent loin déjà.

Quand j’étais petit garçon
Connu sous le nom de Hans
J’avais reçu le don
D’être content avec constance.

Mes parents avaient des champs
Et ils vivaient fort bien,
Mais le bon argent
Glissait hors de leurs mains.

Soudain, ce fut la ruine
Et je dis, qu’est-ce qui vous chagrine ?
Attendez un peu, que je vous explique
Comment la pauvreté rend la vie plus riche.

Comme ça se trouve,
Comme ça se met,
Ai-je été si heureux de ma vie ? jamais !
Ce maudit argent n’a maintenant plus d’importance,
Car je suis toujours Hans la Chance.

J’ai trouvé du travail très vite,
Je gagnais mon pain et ma bière ;
Tous les jours pendant dix heures,
C’était beaucoup, il faut me croire.

Quand le gouvernement le décida,
Alors, on m’enleva mon boulot ;
J’étais heureux, car je me suis dit aussitôt :
C’était bien trop pénible tout ça.

Comme ça se trouve,
Comme ça se met,
Ai-je été si heureux de ma vie ? jamais !
Ce maudit travail n’a maintenant plus d’importance,
Car je suis toujours Hans la Chance.

Comme le vent et la pluie, j’étais libre
D’un coup, d’aller me promener.
On n’aurait pas pu mieux souhaiter,
Et la Terre est si belle !

Et j’ai écrit dans l’effervescence
Quelque part sur une pierre :
Ho la, ça ne peut continuer encore, –
Ce ministre est un porc.

Quand le gouvernement le décida,
Je dus quitter sans délai le pays.
Et un ami m’a dit :
Hans, tu es sur la liste de l’État

Et ainsi, j’ai fui dans le monde
Pas après pas, étape par étape;
Ah, je cours très volontiers,
Et il me faut digérer.

Comme ça se trouve,
Comme ça se met,
Je n’ai été si heureux de ma vie, jamais !
Ce maudit pays n’a maintenant plus d’importance
Car je suis toujours Hans la Chance.

J’ai perdu quelque part ;
Mon chapeau et ma veste
En tout cas, c’est mieux, car
C’est plus pratique le peu qui reste.

Mes souliers sont foutus,
Dorénavant, j’irai pieds nus ;
Ce sera une agréable découverte, –
De courir ainsi sur l’herbe verte.

Quand le gouvernement le décida,
Pour parfaire ma chance,
On confisqua mon passeport ;
Volontiers, je le leur donne
Et je possède encore :

Il me reste encore des droits,
Et bientôt on les emporta;
Si je voulais les garder,
On ne me l’a pas demandé.

Comme ça se trouve,
Comme ça se met,
Je n’ai été si heureux de ma vie, jamais !
Ce maudit droit n’a maintenant plus d’importance
Car je suis toujours Hans la Chance.

Je suis libre, plus rien ne me pèse
Je vis sans contrainte et à mon aise ;
À part mon honneur, il ne me reste rien
Et pour lui, je ne crains rien.

Alors la mort vint enfin
Et – Hans dit gentiment à sa fin –
Presse-toi, ne fais pas de manières,
Car mes yeux perdent la lumière.

Sans mauvais gré et sans peine,
Je suis prêt à y aller ;–
Un jour à l’aube grise,
On me verra m’éloigner.

Comme ça se met,
Je n’ai été si heureux de ma vie, jamais !
Cette maudite vie n’a maintenant plus d’importance
Car je suis toujours Hans la Chance.

inviata da Marco Valdo M.I. - 12/9/2016 - 20:04




Pagina principale CCG

Segnalate eventuali errori nei testi o nei commenti a antiwarsongs@gmail.com




hosted by inventati.org