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L'âme slave

Boris Vian
Lingua: Francese


Boris Vian

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L'ÂME SLAVE

Chanson française – Boris Vian - 1954
Musique : Jimmy Walter ()

 âmes slaves

Il te souviendra que récemment, j'avais annoncé plusieurs chansons surprises où il est question de l'âme. C'en est une et non des moindres. Comme on le voit, elle s'intitule : L'Âme slave, tout un programme, mais c'est aussi une chanson de résistance face à la bêtise ambiante. Ce qui ne gâte rien : elle de Boris Vian. Par parenthèse, Boris Vian mourra à la fin des années 50, au cinéma d'un arrêt cardiaque. Il souffrait depuis l'enfance d'une insuffisance cardiaque, due, je cite : « À douze ans, à la suite d'une angine infectieuse, Boris souffre de rhumatismes articulaires aigus, qui provoquent une insuffisance aortique... » et comme tu le sais, c'est pareil pour moi… D'ailleurs, j'évite les cinémas...

Rien qu'à l'idée d'une chanson de Vian, on peut déjà être joyeux comme un boucher de la Villette Chansons de La bande à Bonnot: 02. Les joyeux bouchers. C'est en tous cas mon cas. Mais bien évidemment, je la connais et depuis longtemps. Cependant, je pense bien qu'elle mérite deux ou trois explications. Tu devrais t'y atteler.

En effet, et je vais le faire illico. Tu sais, Lucien l'âne mon ami, qu'il y eut un temps où même ici en Europe dite de l'Ouest, il ne faisait pas bon de ne pas hurler avec les loups du maccarthysme local. C'était un moment d'Europe où le simple fait d'être pacifiste, anti-nucléaire, contre l'OTAN… était très mal vu, très très mal vu. Il y avait là Toute une Histoire, comme l'illustrait Günter Grass dans un roman consacré à la réunification des deux Allemagnes – ou plutôt à la colonisation de l'ex-RDA par l'ex-RFA Birgit Treuhand, liquidator, roman-clé quand on veut comprendre la Guerre de Cent Mille Ans La Guerre de Cent mille ans que les riches font aux pauvres afin de les exploiter plus encore et à cette histoire de mur à deux côtés L'autre côté du Mur. Pour le reste ce qui a été fait aux Ossies, expérimenté sur les Ossies, est en train d'être pratiqué en Grèce et sera étendu en d'autres régions ultérieurement ; d'ailleurs, c'est déjà en cours. Donc, REGARDEZ BIEN CE QU'ILS FONT AUX GRECS, ILS VOUS LE FERONT DEMAIN !

Pour en revenir à l'ambiance des années 50 et 60, Marco Valdo M.I. mon ami, il suffit actuellement de dénoncer les extensions de l'amibe allemande, l'engluement progressif de toute l'Europe, la poursuite systématique du grand rêve d'Otto, de mettre en cause l'ottisme Oh ! Le Bel Accord ! pour passer pour un mauvais sujet, un suspect et demain, que sais-je encore ?

On verra, mais il est de ces interties… Donc, c'est bien dans une ambiance de suspicion, de racisme qu'il faut situer la création de cette chanson. Il fallait quand même que Vian fût l'objet d'une persécution rampante pour qu'il soit amené à écrire une pareille chanson, bourrée d'acide comique et de sels d'ironie, qui dénonce cette forme de racisme – comme s'il existait une âme slave, une race slave ou germaine ou caucasienne ou juive, ou, ou, ou... pourquoi pas noire ou jaune ou rouge… ? Ou comme chez Lucky Luke, celle des Gros Nez qui s'opposerait à celle des Longues Oreilles… Ou celle des cheveux roux, des blonds, des noirs, des bruns, des chauves… Bref, il ne faisait pas bon de se prénommer Boris ; ça vous cataloguait son homme en moins de deux. Quant à Vian, francisation de l'italien Viana, on avait vite fait de le croire Vianov, Vianowsky, Vianine, Vianeff… Que sais-je encore ?

Je te propose : Vianek, Vianouk, Vianka, Vianorel,… Bref, à l'époque, comme aujourd'hui, le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est raciste, on est raciste Le temps ne fait rien à l'affaire. Une étrange maladie, soit dit en passant. Maintenant, voyons la chanson et reprenons notre tâche : tissons le linceul de ce vieux monde raciste, stupide, anthropophobe et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
L'air slave,
J'ai l'air slave.
Je suis né à Ville d'Avray.
Mes parents étaient bien français.
Ma mère s'appelait Jeanne et mon père Victor,
Mais je m'appelle Igor.
Mon prénom n'évoque
Pas le Languedoc ;
Plutôt moscovite,
Il est explicite.
Quand on m'imagine,
On voit un barine
Qui s'apprête à boire
À son samovar.

L'air slave,
J'ai l'air slave.
Et ça me poursuit depuis tellement longtemps
Que je suis devenu slave malgré moi et sans
M'en apercevoir.

L'âme slave,
J'ai l'âme slave.
Je n'ai jamais été plus loin que la barrière de Pantin.
Tout ce que j'ai de russe en moi, c'est le prénom,
Mais ça suffit bien !

A force d'entendre,
Tous les gens me prendre
Pour un Russe authentique,
J'en ai tous les tics.
Je vis de zakouskis,
Je bouffe des pirojkis,
Je bois de la vodka
Au milieu des repas.

L'âme slave,
J'ai l'âme slave.
Je suis tellement influencé par mon prénom
Qu'à toutes les fenêtres de la maison,
Je viens de faire
Mettre des rideaux de fer,
Mais je les laisse ouverts...

J'ai l'âme slave...

inviata da Marco Valdo M.I. - 27/8/2015 - 12:03




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