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Complainte des petits déménagements parisiens (Le Petit Terme)

Jehan Rictus
Lingua: Francese



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[1900]
Versi di Gabriel Randon de Saint-Amand, in arte Jehan-Rictus (1867-1933), poeta in “langue populaire”, anarchico (almeno fino alla vigilia della Grande Guerra).
Poesia pubblicata inizialmente nella breve raccolta “Doléances (Nouveaux Soliloques)”. In seguito – con tutte le poesie sparse non incluse in “Les Soliloques du Pauvre” – nella raccolta intitolata “.. le Coeur populaire” pubblicata nel 1914, di fatto l’ultima produzione letteraria di Jehan-Rictus, il quale ricomparve brevemente all’inizio degli anni 30 ma morì già nel 1933.

.. le Coeur populaire

Interpretata da Claude Antonini nel suo disco “Claude Antonini chante et dit Jehan-Rictus” del 1993.

Claude Antonini chante et dit Jehan-Rictus

Descrizione in toni quasi “proto-futuristici” (nel senso della corrente letteraria ed artistica ancora da venire) di uno sgombero per morosità di una famiglia popolare che, nonostante tutti gli sforzi, non è riuscita a pagare il trimestre (il “petit terme” di cui al sottotitolo) al proprietario dell’alloggio.
In cima alle masserizie accatastate alla rinfusa su di un carro, le lampade per la festa della Rivoluzione e i quadri con le facce dei presidenti Thiers (il repressore della Comune), Grévy (che si dimise travolto dagli scandali) e Carnot (fatto fuori dall’anarchico italiano Sante Caserio), tutti con la loro Legione d’Onore in bella mostra: “Badadang boum ! d’zing ! Badadang ! É il Popolo Sovrano che va a farsi fottere!”
Badadang boum ! Badadang d’zing !

Janvier, Avril, Juillet, Octobre.....
Quoi c’est que c’ chambard dans Paris,
de Montmertre à l’av’nue du Maine
et d’ Ménilmuche à Montsouris ?

C’est rien, Messieurs, demeurez fermes ;
c’est dans Pantruche el’ jour du Terme :
c’est l’ grand aria, le r’mue-ménage
de Populo qui déménage ;
c’est l’ « Peup’-Souv’rain » qui fout son camp.

Badadang boum ! d’zing ! Badadang !

V’là la chose ; on a essayé
d’amasser l’argent du loyer :
pour ça, on a trimé, veillé
jours et nuits un trimestre entier.....

Le moment v’nu... on n’a pas pu
on a eu beau s’ priver, s’ rogner
su’ l’ quotidien, su’ l’ nécessaire,
ça r’gard’ pas c’ pauv’ Popiétaire
qui lui n’ demand’ qu’à êt’ payé.....

Preusent, y faut décaniller
avec c’ qu’on a pu échapper
au brocanteur, au requin d’ terre...

Gn’y a pas, y faut call’ter aut’ part,
pour ben sûr, dans un aut’ quartier
et d’un aut’ gourbi délétère
redéplanquer trois mois plus tard,

Badadang boum ! Badadang d’zing !

Et aign’ donc ! L’ Cravailleur débine :
— « Allons bon ! que s’ dit la vermine
(punaises, poux, puc’s, araignées
qui n’aim’nt pas ben êt’ dérangés) :

— « Ces salauds-là sont enragés,
z’ont dû encor s’ fair’ fout’ congé ;
les v’là qui vont r’déménager,
attention aux fuxions d’ poitrine ! »

Badadang boum ! D’zing badadang !

Et v’là la bagnole à brancards
ousque l’ gratt’-papier, l’ovréier
ont empilé leur p’tit bazar,
composé d’infirm’s, d’estropiés
qui ont vu pas mal d’escaïers,
de collidors et d’ gueul’s d’huissiers.

Badadang boum ! Badadang d’zing !

Voici la tabl’, la pauv’ tit’ table
autour d’ qui on s’est envoyé
tant de ratatouill’s délectables,
tant d’ faux-filets... d’ vache enragée.

On l’a mis’ les quat’ patt’s en l’air,
comme eun’ jument pris’ de coliques
décédée su’ la voie publique !

Badadang d’zing ! Badadang boum !

Sucez ! V’là la machine à coudre
(achetée à tempérament
qui vous détruit l’ tempérament)

car, elle a cousu le suaire
invisible et brodé de pleurs
ousque l’on a enseveli
jeuness’, vaillance, santé, couleurs ;
à preuv’ qu’on en est tout pâli,
la poire en miroir-à-douleurs
et qu’on s’ défile en poitrinaire.

Badadang boum ! D’zing badadang !

V’là c’te pauv’ vieill’ gonzess’ d’ormoire
tout’ détraquée, toute esbloquée ;
alle a tant vu filer d’ sa panse
les petits magots dérisoires
qu’alle en garde un air « ça-m’-fait-... suer »
et « Honni soit qui mal y pense ! »

Badadang boum ! Badadang d’zing !

Et enfin l’ mat’las ousqu’on pionce,
quand qu’on rentre esquinté ou saoul ;
le pauv’ mat’las, qui fut p’t-êt’ bien
jadis mis su’ les barricades
et cardé par les biscaïens
au temps des guerr’s entr’ citoyens ;

le pauv’ mat’las, le pauv’ poussier
d’où le p’tit Dardant s’est tiré
y a ben longtemps, y a bell’ lurette,
les boïaux sortis à coups d’ pied
et les miroitants au beurr’ noir :

le pauv’ mat’las ousqu’on s’ marie
pour pondr’ des môm’s à tour de cul,
qu’on n’ saura pas comment nourrir ;

le pauv’ mat’las à grands carreaux
ousque l’on chiale, ousque l’on crie,
quand qu’on est malade ou blessé ;
et souvent ousqu’on en finit,
quand qu’on a ben crevé sa vie
et qu’on n’est pas tourné rentier...

Badadang boum ! D’zing badadang !

V’là les z’outils, v’là la vaisselle,
les grapeaux roulés, les lampions
pour fêter la Révolution ! !

Et couronnant l’ château branlant
par des cord’s et par des sifelles,
voilà des chromos « artistiques »,
la tronche aux divers Preuzidents
qu’ont « honoré la République ».

Y a les principaux, Thiers, Grévy,
défunt Carnot, défunt Tanneur ;
tous, sanglés d’ Ia Légion d’Honneur,
présid’nt ces tristes déballages
avec l’air calme qu’ont les Morts :
(faut dir’ qu’ quand y z’étaient vivants
y rouspétaient pas davantage).

On part : — « Filons ! » dit la borgeoise
qui trimball’ la cage aux bécams.
Et Populo s’ met les courroies
ben humblement, ben tristement...

Jésus déménagea sa Croix !

Populo s’ déguise en carcan
et il emporte par les rues
ses punaises qui se tienn’nt coi,
ses Dieux, ses Maîtres et ses Rois...
et... la marmaille pousse au cul !

Badadang boum ! D’zing ! Badadang !

Ben, n’en v’là d’eune « Allégorie »,
n’en v’là d’un « Triomphe » éclatant
pour embêter celui d’ Charonne !
Ça pourrait faire un beau pendant,
on mettrait d’ssous ce boniment :

« PEUPLE SOUVERAIN DÉMÉNAGEANT
AVEC LES BIENS DE SA COURONNE, »
Et mézig ajout’rait — : « Cambronne ! »

Badadang boum ! D’zing ! Badadang !

inviata da Bernart Bartleby - 15/6/2015 - 15:00




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