Sous le Pont Mirabeau coule la Seine
Paul Celan y ronge sa gêne
Elle l'étreint de tant de peine
Cesse la vie sonne l'heur
Les jours s'en vont à male heure
Ses mains, ses mains lentes et douces s'effacent
Tandis que sous le pont le temps trépasse
Son étrange regard de l'onde se lasse
Cesse la vie sonne l'heur
Les jours s'en vont à male heure
Le noir passé comme cette eau courante
Le noir passé encor l'épouvante
Et la désespérance est violente
Cesse la vie sonne l'heur
Les jours s'en vont à male heure
Les jours, les mois, les années s’enchaînent
Les temps passés et les amours s'éteignent
Sous le Pont Mirabeau Celan se traîne
Cesse la vie sonne l'heur
Les jours s'en vont à male heur
Paul Celan y ronge sa gêne
Elle l'étreint de tant de peine
Cesse la vie sonne l'heur
Les jours s'en vont à male heure
Ses mains, ses mains lentes et douces s'effacent
Tandis que sous le pont le temps trépasse
Son étrange regard de l'onde se lasse
Cesse la vie sonne l'heur
Les jours s'en vont à male heure
Le noir passé comme cette eau courante
Le noir passé encor l'épouvante
Et la désespérance est violente
Cesse la vie sonne l'heur
Les jours s'en vont à male heure
Les jours, les mois, les années s’enchaînent
Les temps passés et les amours s'éteignent
Sous le Pont Mirabeau Celan se traîne
Cesse la vie sonne l'heur
Les jours s'en vont à male heur
inviata da Marco Valdo M.I. - 24/6/2014 - 22:32
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Comme promis, dédiée à Janina, qu'on mit en terre aujourd'hui.
Comme tu le sais, je suis en train de traduire la chanson de Michele Gazich, Il latte nero dell'alba – LE LAIT NOIR DE L'AUBE, où la fin s'enfonce mystérieuse dans un fleuve :
E mi accoglie
E mi stringe
E spegne il mio dolore »
« Mais le fleuve cette nuit est un grand coeur noir
Et m'accueille
Et me serre
Et éteint ma douleur »,
chanson qui en fait se remémore la mort de Paul Celan, poète roumain de culture juive, passé par les camps qui finit par se jeter dans la Seine, du haut du pont Mirabeau, bien des années plus tard en 1970. Le même Celan que dans l’histoire d'Allemagne de 1967 - Le Papillon égaré. Sachant cela, sachant d'où Celan s'était jeté dans le néant, il m'était impossible de ne pas faire l'écho à Apollinaire et à son Pont Mirabeau qui devaient vaguer ce soir-là dans la tête de Celan. Et sans doute ainsi, Apollinaire fut son dernier compagnon. Et l'Apollinaire me revenant lui aussi en tête, dans la belle chanson qu'en fit Léo Ferré, à moi aussi, il m'est venu une chanson... où je raconte les derniers instants de Celan sur le Pont Mirabeau. Pour cela, j'ai repris le texte du poète trépané et j'en ai fait une « parodie », une sorte de variante.
Comme le Pont Mirabeau n'était pas encore repris dans les Chansons contre la Guerre, dit Lucien Lane en secouant doucement la tête, il me paraît indispensable de l'y insérer. Il me paraît que cet oubli ne peut durer plus longuement. Et puis, on ne comprendrait pas vraiment où se situe ce que tu appelles avec raison la parodie. Avec raison et en bonne compagnie, car Voltaire définissait comme suit la parodie : «couplet, strophe composés pour être chantés sur un air connu» et c'est bien ainsi que je l'entends. Elle peut être ou non satirique, moqueuse comme le veut un usage plus répandu.
Alors, le voici :
Guillaume Apollinaire, Alcools (1912)
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Voici deux versions chantées par Léo Ferré à des années d'intervalle.
Maintenant, fais-moi entendre ta chanson et continuons notre tâche, tissons le linceul de ce vieux monde mélancolique, désespérant, éteint, noir et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane