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La légende de la nonne

Georges Brassens
Lingua: Francese


Georges Brassens

Lista delle versioni e commenti


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brasschat
[1956]
Testo: Poesia di Victor Hugo
Paroles: Poème de Victor Hugo
Album: Je me suis fait tout petit

La Légende de la Nonne
Chanson française – Georges Brassens – 1956

Donc, voilà, j'avais promis à Ventu, Bernart et aux autres amis de leur offrir – en extra ou pas, cette Légende de la Nonne... Je disais ainsi  (j'en profite pour corriger mes petites fautes de frappe...):

Quelle magnifique traduction de notre ami Ventu !
Que nous aurait-il fallu de plus ?
Il y a ajouté un commentaire de haute volée
Comment dire notre joie inégalée
Je m'en vais lui tresser des lauriers
Car un âne ne pourrait l'embrasser
Et lui offrir en premier à lui
Puis à Bernart et à tous les amis
La Légende de la Nonne
Et cette vengeanc divine qui tonne
Que Tonton Georges, le bon homme
Reprit du Père Hugo, en somme.

Cordial

Lucien Lane

La voici donc, cette chanson qui – une fois qu'on l'a entendue, jamais ne vous quitte plus. Elle est en quelque sorte empreinte d'une magie de sorcière et s'installe pour toujours dans l'oreille et l'esprit. Et moi qui fut, in illo tempore, initié aux plus grands mystères de l'Orient, c'était à Éleusis, entouré des fumées sacrées et engourdi des élixirs dont on m'avait abreuvé, j'en sais un bout en ce qui concerne le sacré, les magies et les sorcières. Pour ce qui est des sorcières, j'en tombe immanquablement amoureux et bien sûr qu'il y a là une bonne part de mon amour déraisonné pour Padilla.

Ne t'en inquiète pas trop, âne Lucien mon ami, laisse-toi bercer par le rêve d'Eros.

« Va, les tendres soucis, les langueurs, les ivresses,
La volupté des pleurs, l’âcreté des caresses,
Ces flèches de son arc, ces feux de ses autels,
Ces mille maux si doux, enfant, sont immortels ! » (Éleusis)


Cependant, Lucien l'âne mon ami, je commence à me poser certaine question..., dit Marco Valdo M.I. avec un certain coin de sourire dans l’œil, un éclair … N'était-ce pas toi, ce brigand...

Malheureusement, Marco Valdo M.I. mon ami, malheureusement, non ! Rigoureusement, non ! Et crois bien que je le regrette et que je le regretterai toujours... Ce n'est pas moi le brigand... Oh, comme j'aurais aimé l'être et tant pis, être foudroyé dans le baiser de Padilla... Mais le Bon Dieu n'a pas voulu que je la connaisse... Que dire si ce n'est qu'en mon cœur, Padilla vit encore et quand je pense à elle, c'est un peu comme Tonton Georges pense à Fernande...

Mais enfin, Lucien l'âne mon ami... T'as beau être beau, t'as beau être un âne...
 La Légende de la Nonne
Je sais, je sais... Je ne devrais pas le dire... Mais qui peut savoir ce qu'en penserait Padilla... Pour en revenir à la canzone et à cette étrange coutume des « extras des CCG », il me paraît que celle-ci mérite de figurer de plein droit dans les Chansons contre la Guerre, car c'en est une. Je m'explique. Dans la Guerre de Cent Mille Ans, qui comme tu le sais, est la Guerre des Guerres, celle qui les contient toutes et sous toutes leurs formes, la guerre religieuse, comprends bien ceci, Marco Valdo M.I. mon ami : la guerre que les religions font aux hommes, aux femmes afin d'assurer la soumission de tout un chacun au pouvoir – qui est toujours celui des riches et des puissants ou de ceux qui y aspirent ou la soumission à sa figure mythique qu'est Dieu (en ce compris toutes les simagrées que cette soumission suppose – perinde ac cadaver), cette guerre des religions contre les hommes (On vit, on mange, on boit, on baise et puis on meurt, vous ne trouvez pas que c'est charmant et que ça suffit à notre bonheur...) et bien évidemment, contre les femmes, cette guerre de la religion est partie intégrante et fondatrice de la Guerre. Et dès lors, cette foudre qui s'en vient frapper Padilla en son rendez-vous d'amour est foudre de guerre. C'est aussi foudre d'un vieux jaloux, envieux de cette trop belle fille et de son amant:

« Comme si, quand on n'est pas laide
On avait droit d'épouser Dieu »


Nom de Zeus, ils sont tous les mêmes..., dit Marco Valdo en riant.

Ainsi, on ne peut raisonnablement venir à bout de la Guerre sans éradiquer les religions... Enfin, c'est ce que j'en pense, moi, Lucien l'âne amoureux de Padilla.

Tu n'es pas le seul à penser ainsi... Nous sommes au moins deux...

Et voici encore une raison pour tisser le linceul de ce vieux monde religieux, bigot, tordu, méchant, jaloux et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

J'allais oublier de leur offrir également le poème originel du Père Hugo, tel que publié pour la première fois en avril 1828. Ils pourront ainsi voir comment Brassens l'a transformé en chanson.
Venez, vous dont l'œil étincelle
Pour entendre une histoire encor
Approchez: je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor
Elle était d'Alanje, où s'entassent
Les collines et les halliers
Enfants, voici des bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers

Il est des filles à Grenade
Il en est à  Séville aussi
Qui, pour la moindre sérénade
A l'amour demandent merci
Il en est que parfois embrassent
Le soir, de hardis cavaliers
Enfants, voici des bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers

Ce n'est pas sur ce ton frivole
Qu'il faut parler de Padilla
Car jamais prunelle espagnole
D'un feu plus chaste ne brilla
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers
Enfants, voici des bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers

Elle prit le voile à  Tolède
Au grand soupir des gens du lieu
Comme si, quand on n'est pas laide
On avait droit d'épouser Dieu
Peu s'en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers
Enfants, voici des bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers

Or, la belle à  peine cloîtrée
Amour en son cœur s'installa
Un fier brigand de la contrée
Vint alors et dit : "Me voilà !"
Quelquefois les brigands surpassent
En audace les chevaliers
Enfants, voici des bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers

Il était laid : les traits austères
La main plus rude que le gant
Mais l'amour a bien des mystères
Et la nonne aima le brigand
On voit des biches qui remplacent
Leurs beaux cerfs par des sangliers
Enfants, voici des bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers

La nonne osa, dit la chronique
Au brigand par l'enfer conduit
Aux pieds de Sainte Véronique
Donner un rendez-vous la nuit
A l'heure où les corbeaux croassent
Volant dans l'ombre par milliers
Enfants, voici des bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers

Or quand, dans la nef descendue
La nonne appela le bandit
Au lieu de la voix attendue
C'est la foudre qui répondit
Dieu voulu que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés
Enfants, voici des bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers

Cette histoire de la novice
Saint Ildefonse, abbé, voulut
Qu'afin de préserver du vice
Les vierges qui font leur salut
Les prieurs la racontassent
Dans tous les couvents réguliers
Enfants, voici des bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers

inviata da Lucien Lane - 18/5/2013 - 14:58




Lingua: Italiano

Versione italiana di Fausto Amodei
LA LEGGENDA DELLA SUORA

Venite voi gente curiosa
per una nuova storia ancor:
questa è la storia avventurosa
di Doña Padilla del Flor.
La sua terra che vide i mori
nutre cinghiali in libertà.
Attenti che passano i tori:
chi veste in rosso, via di qua!

Ci son ragazze qui a Granada
ed a Siviglia anche ce n'è
che ascoltano ogni serenata
quasi a cantarla fosse un re!
Quindi si intrecciano gli amori
di sera in tutta la città!
Attenti che passano i tori:
chi veste in rosso, via di qua!

Nessuna infamia e nessun dolo
mai su Padilla trapelò
perchè in nessun occhio spagnolo
fuoco più casto mai brillò.
Sotto gli alberi e in mezzo ai fiori
nessuno l'ebbe in potestà.
Attenti che passano i tori:
chi veste in rosso, via di qua!

Lei prese i voti e questa fine
destò il rimpianto pure mio,
quasi che solo alle bruttine
fosse concesso sposar Dio.
Furono pianti e gran dolori
tra maschi di qualunque età.
Attenti che passano i tori:
chi veste in rosso, via di qua!

Fattasi monaca da un mese
l'amore giunse là per là
quando un bandito del paese
venne e le disse "Eccomi qua!".
I banditi son rubacuori
più di certuna nobiltà
Attenti che passano i tori:
chi veste in rosso, via di qua!

Non era bello, questo è vero,
era volgare, anzi che no,
ma l'amore, si sa, è un mistero
e la suora il bandito amò.
C'è chi concede i suoi favori
a ceffi privi di beltà.
Attenti che passano i tori:
chi veste in rosso, via di qua!

A quel bandito che, si dice,
fosse legato a Belzebù
ai piedi di Santa Beatrice
la suora diede un rendez-vous
All'or che i corvi vengon fuori
gracchiando nell'oscurità.
Attenti che passano i tori:
chi veste in rosso, via di qua!

Or quando entrata nella chiesa
la suora il bandito chiamò,
al posto della voce attesa
un grande fulmine scoppiò
Dio volle con questi bagliori
colpire a morte l'empietà.
Attenti che passano i tori:
chi veste in rosso, via di qua!

Questa leggenda che ho narrato
sant'Idelfonso decretò
per preservare dal peccato
chi la sua vita a Dio votò
La raccontassero i priori
in conventi e comunità.
Attenti che passano i tori:
chi veste in rosso, via di qua!

18/5/2013 - 21:36




Lingua: Italiano

Versione italiana di Gianni Murru
LA LEGGENDA DELLA MONACA

Venite, voi il cui occhio sfavilla,
per ascoltare una storia ancor,
avvicinatevi: vi dirò illa
di doña Padilla del Flor.
Lei era d'Alanje, dove s'intassano
le colline con i boschetti. —
Bambini, ecco dei tori che passano,
nascondete i vostri rossi giubbetti!

Ci son ragazze a Granada,
ce ne sono a Siviglia altrettanto,
che, per la minima serenada,
dell'amore si fanno vanto;
ce ne sono che a volte collassano,
la sera, gli audaci cadetti. —
Bambini, ecco dei tori che passano,
nascondete i vostri rossi giubbetti!

Non è su un tono da campagnola
che si deve parlar di Padilla
perché da sempre pupilla spagnola
d'un fuoco più casto non brilla;
lei fuggiva quelli che cacciano
le ragazze sotto gli abeti. —
Bambini, ecco dei tori che passano,
nascondete i vostri rossi giubbetti!

Lei prese il velo a Toledo,
con gran sospiro della gente laggiù,
come se, se non s'è bene in arredo,
s'avesse diritto a sposare Gesù.
Poco è mancato che lacrimavano
i soldati e gli scolaretti. —
Bambini, ecco dei tori che passano,
nascondete i vostri rossi giubbetti!

Ora, la bella appena internata,
Amor del suo cuore prese possesso.
Un fiero brigante della borgata
venne e le disse: Eccomi adesso!
Talvolta i briganti oltrepassano
in audacia i cavalier provetti. —
Bambini, ecco dei tori che passano,
nascondete i vostri rossi giubbetti!

Egli era brutto, i tratti austeri,
le mani più rudi dei guanti;
ma l'amore ha molti misteri,
e la suora amò l'un de' briganti.
Ci son cerbiatte che rimpiazzano
i loro bei cervi coi cinghialetti. —
Bambini, ecco dei tori che passano,
nascondete i vostri rossi giubbetti!

La monaca osò, dice la cronica,
al brigante dall'inferno condotto,
ai piedi di Santa Veronica
fissare un incontro la sera alle otto,
nell'ora in cui i corvi schiamazzano,
volando nell'ombra a stormetti. —
Bambini, ecco dei tori che passano,
nascondete i vostri rossi giubbetti!

Or quando, nella navata discesa,
la monaca chiama la canaglia,
in luogo della voce attesa,
è la folgore che si scaglia.
Dio vuole che i suoi colpi battano
sugli amanti da Satana stretti. —
Bambini, ecco dei tori che passano,
nascondete i vostri rossi giubbetti!

Questo racconto della novizia,
sant'Ildefonso abate ha voluto
che per preservare dal vizio
le vergini che fanno il loro saluto,
le priore lo confessano
in tutti i conventi ortodossi.
Bambini, ecco dei tori che passano
nascondete i vostri giubbetti rossi!

inviata da gianni murru - 27/2/2015 - 22:03




Lingua: Francese

La poesia completa di Victor Hugo

Odes et Ballades, Ollendorf, 1912, 24 (p. 352-358).
LA LÉGENDE DE LA NONNE.

Acobose vuestro bien,
Y vuestros males no acaban.
Reproches al rey Rodrigo.


Venez, vous dont l’œil étincelle,
Pour entendre une histoire encor,
Approchez : je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor.
Elle était d’Alanje, où s’entassent
Les collines et les halliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Il est des filles à Grenade,
Il en est à Séville aussi,
Qui, pour la moindre sérénade,
À l’amour demandent merci ;
Il en est que d’abord embrassent,
Le soir, les hardis cavaliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Ce n’est pas sur ce ton frivole
Qu’il faut parler de Padilla,

Car jamais prunelle espagnole
D’un feu plus chaste ne brilla ;
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Rien ne touchait ce cœur farouche,
Ni doux soins, ni propos joyeux ;
Pour un mot d’une belle bouche,
Pour un signe de deux beaux yeux,
On sait qu’il n’est rien que ne fassent
Les seigneurs et les bacheliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Elle prit le voile à Tolède,
Au grand soupir des gens du lieu,
Comme si, quand on n’est pas laide,
On avait droit d’épouser Dieu.
Peu s’en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Mais elle disait : « Loin du monde,
Vivre et prier pour les méchants !
Quel bonheur ! quelle paix profonde
Dans la prière et dans les chants !
Là, si les démons nous menacent,
Les anges sont nos boucliers ! » —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Or, la belle à peine cloîtrée,
Amour dans son cœur s’installa.
Un fier brigand de la contrée

Vint alors et dit : Me voilà !
Quelquefois les brigands surpassent
En audace les chevaliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Il était laid ; des traits austères,
La main plus rude que le gant ;
Mais l’amour a bien des mystères,
Et la nonne aima le brigand.
On voit des biches qui remplacent
Leurs beaux cerfs par des sangliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Pour franchir la sainte limite,
Pour approcher du saint couvent,
Souvent le brigand d’un ermite
Prenait le cilice, et souvent
La cotte de maille où s’enchâssent
Les croix noires des templiers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

La nonne osa, dit la chronique,
Au brigand par l’enfer conduit,
Aux pieds de sainte Véronique
Donner un rendez-vous la nuit,
À l’heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l’ombre par milliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Padilla voulait, anathème !
Oubliant sa vie en un jour,
Se livrer, dans l’église même,
Sainte à l’enfer, vierge à l’amour,

Jusqu’à l’heure pâle où s’effacent
Les cierges sur les chandeliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Or quand, dans la nef descendue,
La nonne appela le bandit,
Au lieu de la voix attendue,
C’est la foudre qui répondit.
Dieu voulut que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Aujourd’hui, des fureurs divines
Le pâtre enflammant ses récits,
Vous montre au penchant des ravines
Quelques tronçons de murs noircis,
Deux clochers que les ans crevassent,
Dont l’abri tuerait ses béliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Quand la nuit, du cloître gothique
Brunissant les portails béants,
Change à l’horizon fantastique
Les deux clochers en deux géants ;
À l’heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l’ombre par milliers… —
Enfants, voici des bœufs qui passent.
Cachez vos rouges tabliers !

Une nonne, avec une lampe,
Sort d’une cellule à minuit ;
Le long des murs le spectre rampe,
Un autre fantôme le suit ;
Des chaînes sur leurs pieds s’amassent,

De lourds carcans sont leurs colliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

La lampe vient, s’éclipse, brille,
Sous les arceaux court se cacher,
Puis tremble derrière une grille,
Puis scintille au bout d’un clocher ;
Et ses rayons dans l’ombre tracent
Des fantômes multipliés. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Les deux spectres qu’un feu dévore,
Tramant leur suaire en lambeaux,
Se cherchent pour s’unir encore,
En trébuchant sur des tombeaux ;
Leurs pas aveugles s’embarrassent
Dans les marches des escaliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Mais ce sont des escaliers fées.
Qui sous eux s’embrouillent toujours ;
L’un est aux caves étouffées,
Quand l’autre marche au front des tours ;
Sous leurs pieds, sans fin se déplacent
Les étages et les paliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Élevant leurs voix sépulcrales,
Se cherchant les bras étendus,
Ils vont… Les magiques spirales
Mêlent leurs pas toujours perdus ;
Ils s’épuisent et se harassent
En détours, sans cesse oubliés. —

Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

La pluie alors, à larges gouttes,
Bat les vitraux frêles et froids ;
Le vent siffle aux brèches des voûtes ;
Une plainte sort des beffrois ;
On entend des soupirs qui glacent,
Des rires d’esprits familiers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Une voix faible, une voix haute,
Disent : « Quand finiront les jours ?
Ah ! nous souffrons par notre faute ;
Mais l’éternité, c’est toujours !
Là, les mains des heures se lassent
À retourner les sabliers… » —
Enfants, voici des bœufs qui passent.
Cachez vos rouges tabliers !

L’enfer, hélas ! ne peut s’éteindre.
Toutes les nuits, dans ce manoir,
Se cherchent sans jamais s’atteindre
Une ombre blanche, un spectre noir,
Jusqu’à l’heure pâle où s’effacent
Les cierges sur les chandeliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Si, tremblant à ces bruits étranges,
Quelque nocturne voyageur
En se signant demande aux anges
Sur qui sévit le Dieu vengeur,
Des serpents de feu qui s’enlacent
Tracent deux noms sur les piliers. —

Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Cette histoire de la novice,
Saint Ildefonse, abbé, voulut
Qu’afin de préserver du vice
Les vierges qui font leur salut,
Les prieures la racontassent
Dans tous les couvents réguliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

4/4/2019 - 20:32




Lingua: Italiano

Versione italiana di Nino Muzzi (della poesia completa)
LA LEGGENDA DELLA MONACA

Acobose vuestro bien,
Y vuestros males no acaban.
Reproches al rey Rodrigo.


Venite, voi, dall’occhio che brilla,
ad ascoltare una storia ancor,
accostatevi: vi dirò quella
di Doña Padilla del Flor.
Era di Alanje dove si ammassano
colline e cespugli floreali, -
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Esiston ragazze a Granata,
esistono pure a Siviglia,
che alla minima serenata,
l’amore per schiave le piglia;
ce ne son che di sera si lasciano,
baciare da arditi cavalieri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Ma è un frivolo tono questo
che non si deve usar per Padilla,
perché mai di un fuoco sì casto
brillò una spagnola pupilla;
lei fuggiva da quelli che cacciano
ragazze fra i pioppi nei viali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Niente toccava quel ruvido cuore,
né dolci cure, né frasi allettanti;
per bella bocca di poche parole,
per un accenno di occhi attraenti,
si sa, non c’è cosa non facciano
i notabili e gli scolari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Prese il velo a Toledo Padilla,
per la gente fu tutt’un dolore,
come se, per una che è bella,
sia un diritto sposare il Signore.
E per poco poi non piangevano
sia i soldati che gli scolari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Lei diceva: “Lontana dal mondo,
pregar e vivere per i malviventi!
Che gioia! Che gaudio profondo
nella preghiera, avvolta nei canti!
Là, se i demoni vi minacciano,
sono gli angeli scudi ideali!” -
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Or la bella, appena inchiostrata,
nel suo cuore l’amor s’installò.
Un fier brigante della contrada
venne allora e si presentò!
Certe volte i briganti sorpassano
in audacia i cavalieri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Lui era brutto, i tratti austeri,
la mano più rude del guanto;
ma l’amore ha tanti misteri
e la monaca amò il brigante.
Si vedon cerve che rimpiazzano
i loro bei cervi con dei cinghiali.-
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Per varcare il limite santo,
di eremita spesso il brigante,
accostandosi a quel convento,
prendeva il cilicio e sovente
la cotta di maglie in cui stanno
le nere croci dei templari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

La monaca osò, per la cronaca,
al messo d’inferno, il brigante,
dare ai piedi di Santa Veronica
un appuntamento galante,
nell’ora in cui i corvi schiamazzano,
agitando nel buio mille ali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Padilla voleva, anatema!
scordando una vita in un giorno,
darsi nella chiesa medesima,
casta all’amore, santa all’inferno,
fino all’ora scialba in cui languono
i ceri sopra i candelabri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Ora nella navata è discesa,
la monaca, e chiama il brigante,
al posto della voce attesa,
una folgore scende tuonante.
Dio vuole che i suoi colpi cadano
su amanti di Satana sodali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Oggigiorno, in un’estasi divina
s’infiamma il pastore nel racconto,
vi mostra di fianco alla rovina
qualche brandello di muro spento,
due campanili che gli anni crepacciano,
il cui riparo ucciderebbe i suoi animali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Quando la notte, del chiostro gotico
annerendo i portali beanti,
trasforma all’orizzonte fantastico
i campanili in due giganti;
nell’ora in cui i corvi schiamazzano,
agitando nel buio mille ali… –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

con la lampada in mano, una suora
esce di cella a mezzanotte,
striscia lo spettro lungo le mura,
dietro a lei un fantasma si mette;
sui loro piedi catene si ammassano,
pesanti gogne hanno per collari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Il lume avanza, sparisce, brilla,
va sotto le volte, resta invisibile,
poi tremola dietro a una griglia,
poi scintilla in cima a un campanile;
e i suoi raggi nell’ombra tracciano
immagini multispettrali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

I due spettri che un fuoco divora,
trascinando i sudari a brandelli,
si cercano per unirsi ancora,
traballando su degli avelli;
i loro ciechi passi s’intrecciano
sopra i gradini delle scale. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quel rosso grembiale!

Ma si tratta di scale incantate,
sotto i piedi s’intrecciano ognora;
l’uno sta in cantine soffocate,
quando l’altra sulla torre dimora;
sotto i piedi in continuo si spostano
i pianerottoli e i pianali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Levando le voci sepolcrali,
con le braccia tese si cercano,
e vanno…Le magiche spirali
sempre perduti passi mischiano;
loro si estenuano e si sfiniscono
in sempre scordate spirali. -
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

La pioggia allora, a rade gocce,
batte sui vetri fragili e freddi;
fora il vento agli archi le brecce,
esce un pianto dai battifredi;
si sentono sospiri che raggelano,
risa di spiriti familiari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Una flebile voce, una grave
dicono: “Quando tutto finirà?
È colpa nostra! soffrir si deve:
ma non ha termine l’eternità!
Là, stanche mani di ore rigirano
clessidre sempre eguali…” -
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

L’inferno, ahimè! non può mai spengersi.
Ogni notte, in questo maniero,
si cercano senza mai raggiungersi
l’ombra bianca e lo spettro nero,
finché all’ora scialba si smorzano
i ceri sopra i candelabri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Se, tremante per i suoni che ode,
qualche notturno viaggiatore
segnandosi agli angeli chiede
su chi infierisca Dio vendicatore,
dei serpenti di fuoco si slanciano
a tracciar due nomi sui pilastri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete i grembiali vostri!

Questa cronaca della novizia
volle Sant’Ildefonso, abate,
al fin di preservare la grazia
alle vergini in convento velate,
che le priore la raccontassero
in tutti i conventi regolari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

inviata da Nino Muzzi - 4/4/2019 - 18:36




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