Les mariniers me voient vieillir
Je vois vieillir les mariniers
On joue au jeu des imbéciles
Où l'immobile est le plus vieux
Dans mon métier même en été
Faut voyager les yeux fermés
Ce n'est pas rien d'être éclusier
Les mariniers savent ma trogne
Ils me plaisantent et ils ont tort
Moitié sorcier moitié ivrogne
Je jette un sort à tout ce qui chante
Dans mon métier c'est en automne
Qu'on cueille les pommes et les noyés
Ce n'est pas rien d'être éclusier
Dans son panier un enfant louche
Pour voir la mouche qui est sur son nez
Maman ronronne le temps soupire
Le chou transpire le feu ronchonne
Dans mon métier c'est en hiver
Qu'on pense au père qui s'est noyé
Ce n'est pas rien d'être éclusier
Vers le printemps les marinières
Me font des manières de leur chaland
J'aimerais leurs jeux sans cette guerre
Qui m'a un peu trop abîmé
Dans mon métier c'est au printemps
Qu'on prend le temps de se noyer.
Je vois vieillir les mariniers
On joue au jeu des imbéciles
Où l'immobile est le plus vieux
Dans mon métier même en été
Faut voyager les yeux fermés
Ce n'est pas rien d'être éclusier
Les mariniers savent ma trogne
Ils me plaisantent et ils ont tort
Moitié sorcier moitié ivrogne
Je jette un sort à tout ce qui chante
Dans mon métier c'est en automne
Qu'on cueille les pommes et les noyés
Ce n'est pas rien d'être éclusier
Dans son panier un enfant louche
Pour voir la mouche qui est sur son nez
Maman ronronne le temps soupire
Le chou transpire le feu ronchonne
Dans mon métier c'est en hiver
Qu'on pense au père qui s'est noyé
Ce n'est pas rien d'être éclusier
Vers le printemps les marinières
Me font des manières de leur chaland
J'aimerais leurs jeux sans cette guerre
Qui m'a un peu trop abîmé
Dans mon métier c'est au printemps
Qu'on prend le temps de se noyer.
inviata da Marco Valdo M.I. - 30/6/2012 - 21:35
Lingua: Italiano
Versione italiana di Flavio Poltronieri
IL GUARDIANO DELLE CHIUSE
I marinai mi vedono invecchiare
Io vedo invecchiare i marinai
Giochiamo al gioco degli imbecilli
Dove chi stà immobile è il più vecchio
Nel mio mestiere anche in estate
Bisogna viaggiare ad occhi chiusi
Non è uno scherzo essere guardiano delle chiuse
I marinai conoscono il mio grugno
Mi prendono in giro e hanno torto
Mezzo stregone, mezzo ubriaco
Getto il malocchio a chiunque canti
Nel mio mestiere è in autunno
Che si colgono le mele e gli annegati
Non è uno scherzo essere guardiano delle chiuse
Nel suo cesto un bambino strabuzza gli occhi
Per guardare la mosca che gli stà sul naso
La mamma fa le fusa, il tempo sospira
La verza traspira, il fuoco borbotta
Nel mio mestiere è in inverno
Che pensi a tuo padre che si è annegato
Non è uno scherzo essere guardiano delle chiuse
Verso primavera, le marinarette
Mi fanno delle mosse dalle loro chiatte
Mi piacerebbero i loro giochi, senza questa guerra
Che mi ha un po' troppo rovinato
Nel mio mestiere è in primavera
Che ti prendi il tempo di annegarti
I marinai mi vedono invecchiare
Io vedo invecchiare i marinai
Giochiamo al gioco degli imbecilli
Dove chi stà immobile è il più vecchio
Nel mio mestiere anche in estate
Bisogna viaggiare ad occhi chiusi
Non è uno scherzo essere guardiano delle chiuse
I marinai conoscono il mio grugno
Mi prendono in giro e hanno torto
Mezzo stregone, mezzo ubriaco
Getto il malocchio a chiunque canti
Nel mio mestiere è in autunno
Che si colgono le mele e gli annegati
Non è uno scherzo essere guardiano delle chiuse
Nel suo cesto un bambino strabuzza gli occhi
Per guardare la mosca che gli stà sul naso
La mamma fa le fusa, il tempo sospira
La verza traspira, il fuoco borbotta
Nel mio mestiere è in inverno
Che pensi a tuo padre che si è annegato
Non è uno scherzo essere guardiano delle chiuse
Verso primavera, le marinarette
Mi fanno delle mosse dalle loro chiatte
Mi piacerebbero i loro giochi, senza questa guerra
Che mi ha un po' troppo rovinato
Nel mio mestiere è in primavera
Che ti prendi il tempo di annegarti
inviata da Flavio Poltronieri - 25/11/2013 - 22:03
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Chanson française - L'Éclusier - Jacques Brel - 1968
Pour mettre un éclusier dans les Chansons contre la Guerre, rien de tel que l'histoire de l'Éclusier de Dixmude... Un homme qui en sauva des milliers d'autres d'un massacre en cours... et peut-être même, un de mes aïeux... Qui sait ? Bien sûr, comme d'habitude, les historiens coupent les poils en quatre et disent que ceci, que cela, que l'éclusier peut-être, que l'éclusier peut-être pas... Mais dans le fond, on s'en fout. De toute façon, ce brave homme y était et en ouvrant l'ancienne écluse au passage de la mer à la marée haute du 21 octobre 1914 (et en prenant la précaution de la refermer pour la marée basse), il bloqua sans tirer un coup de canon et pour quatre ans l'avancée allemande... Du moins, à cet endroit... Il avait fait, en une nuit, de l'Yser et des polders une immense zone marécageuse... Trente kilomètres de long sur cinq kilomètres le large.... Que malgré ce barrage pacifique, la folie se perpétua... Le brave n'y était pour rien...
Je crois que ton histoire est un peu romancée...
Et alors, elle est belle non... Et même si elle n'est pas entièrement vraie – les historiens eux-mêmes ne s'y retrouvent pas tant il y a de gens pour réclamer la paternité de l'idée... Mais tout le monde est d'accord sur le fait que c'est bien l'éclusier qui a manœuvré l'écluse...
À mon sens, c'est un exploit d'une ampleur millénaire..., dit Lucien l'âne, qui en a vu des exploits depuis le temps où il parcourt le monde.
C'est ainsi que mon aïeul a pu jouer aux échecs dans sa tranchée au bord de l'eau... Il n'avait pas vingt ans. Avec ça, il a gagné un demi-siècle d’existence... C'est pas si mal... De toute façon, la chanson de Brel n'en parle pas... Mais d'une certaine manière, il évoque un éclusier et la guerre... et l'invalide qu'il en reste.
« J'aimerais leurs jeux sans cette guerre
Qui m'a un peu trop abîmé »
Je le vois bien, dit Lucien l'âne en rougissant. L'éclusier de Brel, même si ce n'est pas celui de Dixmude, doit penser comme Prévert, « Quelle connerie, la guerre ! ». Raison de plus pour nous de poursuivre notre inlassable tâche de tisser le linceul de ce vieux monde guerrier, mutileur, dispendieux, gaspilleur, imbécile et cacochyme. (Heureusement!)
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane