Tot aissi soi desconsellatz
Con l'aucels qu'a son par perdut
Non trop qui-m valha ni m'aiut,
Per ren mas car non soi sobratz,
Que pogues dar cuminalmén,
Adoncx sai que-m valgron parén,
Qu'es vers lo proverbis a dir:
Qui ren non a, an mortz dormir.
Que s'a caval qu'es trop carguatz,
Truop c'om a verguonha mergut.
Que ses tota temens' agut
Fan ades lur grans malvestatz.
L'uns o tol e l'autre o pren,
L'autre s'esdis, l'autre-s consen,
L'autr'estrai de la gent l'arbir,
L'autr'embla-l, l'autre-l va aunir.
Ges no-s repren qui tol asatz,
Ni a con si pensier tengut
De l'autre cassar esperdut,
Que-l fassa perden e sos tratz
Lo sieu et assi-l tire ben
Tot son aver e son renden.
No-s deu prezar mal far ni dir,
Ni mal pensar, a mon albir.
Assas es pel mont granz plentatz
De rix manjars, de tot condut
Claras aiguas s'an corregut,
De blatz e de vins s'a viutatz
Mas d'amor a gran faillimen
E de fatz d'onor, veramen,
Ez homps paures ven en azir
E decassatz, si ver vol dir.
Pero per tot sera cochatz,
Mas a manentz valon ben tut
E-ls servon defor ses descut,
Sol que-ls veian ben assezatz
E-l paures non a ges de sen
Contra-l fals fol, lo ric manen
E-l malvaz rix sab mais trazir
Que l'inossens Moyzem dir.
Pron er marritz, si no-s repren,
Qui trais ni aussis per argen
El fuoc d'enfern ira delir
E cremar, no-l valra sospir.
Con l'aucels qu'a son par perdut
Non trop qui-m valha ni m'aiut,
Per ren mas car non soi sobratz,
Que pogues dar cuminalmén,
Adoncx sai que-m valgron parén,
Qu'es vers lo proverbis a dir:
Qui ren non a, an mortz dormir.
Que s'a caval qu'es trop carguatz,
Truop c'om a verguonha mergut.
Que ses tota temens' agut
Fan ades lur grans malvestatz.
L'uns o tol e l'autre o pren,
L'autre s'esdis, l'autre-s consen,
L'autr'estrai de la gent l'arbir,
L'autr'embla-l, l'autre-l va aunir.
Ges no-s repren qui tol asatz,
Ni a con si pensier tengut
De l'autre cassar esperdut,
Que-l fassa perden e sos tratz
Lo sieu et assi-l tire ben
Tot son aver e son renden.
No-s deu prezar mal far ni dir,
Ni mal pensar, a mon albir.
Assas es pel mont granz plentatz
De rix manjars, de tot condut
Claras aiguas s'an corregut,
De blatz e de vins s'a viutatz
Mas d'amor a gran faillimen
E de fatz d'onor, veramen,
Ez homps paures ven en azir
E decassatz, si ver vol dir.
Pero per tot sera cochatz,
Mas a manentz valon ben tut
E-ls servon defor ses descut,
Sol que-ls veian ben assezatz
E-l paures non a ges de sen
Contra-l fals fol, lo ric manen
E-l malvaz rix sab mais trazir
Que l'inossens Moyzem dir.
Pron er marritz, si no-s repren,
Qui trais ni aussis per argen
El fuoc d'enfern ira delir
E cremar, no-l valra sospir.
inviata da Bartleby - 4/5/2012 - 14:22
Lingua: Francese
Traduzione francese dal sito dedicato a Pèire Cardenal
JE SUIS TOUT AUSSI DÉSEMPARÉ
Je suis tout aussi désemparé
que l'oiseau qui a perdu son compagnon,
personne pour me soutenir! personne pour me secourir!
la seule raison à cela: n'être pas assez riche,
pour pouvoir donner comme il est d'usage.
Maintenant je sais à quoi m'ont servi les parents;
car il est bien vrai le proverbe que l'on dit:
Celui qui n'a rien, que mort il aille dormir.
S'il a un cheval surchargé de butin,
je trouve qu'un homme a mérité la honte,
car c'est sans aucune crainte que ces experts
font sans cesse leurs grandes malhonnêtetés.
L'un dérobe ce que l'autre recèle,
un autre nie ce que l'autre avoue
l'autre cherche à lire au plus secret des gens
l'autre les vole et l'autre les déshonore.
Il n'est point blâmé celui qui vole beaucoup,
et a au fond de lui-même entretenu la pensée
de chasser son prochain et le rendre tant et si bien éperdu,
qu'il lui fasse perdre son bien par ses tours perfides
et ainsi lui retire vraiment
tout son avoir et son revenu.
Et, non, vraiment, je ne vois aucune raison de considérer
qu'agissant ainsi il fait du mal, en dit ou y pense...
On trouve de par le monde grande abondance
de beaux repas, de toutes provisions,
des eaux limpides qui ruissellent,
des blés et des vins à foison,
mais il y a un grand manque d'amour
et d'actions honorables, oui vraiment,
et l'homme pauvre devient objet de haine
et est persécuté, s'il veut dire la vérité.
Aussi partout il sera tourmenté,
car, aux riches, tous prêtent main-forte
et ils les servent ouvertement et sans défaillance,
pourvu qu'ils les voient bien pourvus.
Et le pauvre n'a guère de sens
en comparaison de l' effréné perfide, du puissant riche;
et le mauvais riche sait encore mieux trahir
que l'innocent dire la loi de Moïse .
Il sera grandement affligé, s'il ne se repent,
celui qui trahit et tue pour de l'argent;
au feu d'enfer il ira se consumer et brûler,
et soupirer ne lui sera d'aucune utilité.
Je suis tout aussi désemparé
que l'oiseau qui a perdu son compagnon,
personne pour me soutenir! personne pour me secourir!
la seule raison à cela: n'être pas assez riche,
pour pouvoir donner comme il est d'usage.
Maintenant je sais à quoi m'ont servi les parents;
car il est bien vrai le proverbe que l'on dit:
Celui qui n'a rien, que mort il aille dormir.
S'il a un cheval surchargé de butin,
je trouve qu'un homme a mérité la honte,
car c'est sans aucune crainte que ces experts
font sans cesse leurs grandes malhonnêtetés.
L'un dérobe ce que l'autre recèle,
un autre nie ce que l'autre avoue
l'autre cherche à lire au plus secret des gens
l'autre les vole et l'autre les déshonore.
Il n'est point blâmé celui qui vole beaucoup,
et a au fond de lui-même entretenu la pensée
de chasser son prochain et le rendre tant et si bien éperdu,
qu'il lui fasse perdre son bien par ses tours perfides
et ainsi lui retire vraiment
tout son avoir et son revenu.
Et, non, vraiment, je ne vois aucune raison de considérer
qu'agissant ainsi il fait du mal, en dit ou y pense...
On trouve de par le monde grande abondance
de beaux repas, de toutes provisions,
des eaux limpides qui ruissellent,
des blés et des vins à foison,
mais il y a un grand manque d'amour
et d'actions honorables, oui vraiment,
et l'homme pauvre devient objet de haine
et est persécuté, s'il veut dire la vérité.
Aussi partout il sera tourmenté,
car, aux riches, tous prêtent main-forte
et ils les servent ouvertement et sans défaillance,
pourvu qu'ils les voient bien pourvus.
Et le pauvre n'a guère de sens
en comparaison de l' effréné perfide, du puissant riche;
et le mauvais riche sait encore mieux trahir
que l'innocent dire la loi de Moïse .
Il sera grandement affligé, s'il ne se repent,
celui qui trahit et tue pour de l'argent;
au feu d'enfer il ira se consumer et brûler,
et soupirer ne lui sera d'aucune utilité.
inviata da Bartleby - 4/5/2012 - 14:22
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Testo trovato sul sito dedicato a Pèire Cardenal
Siamo intorno al 1270.
Il grande trovatore linguadociano, che nella sua vita ne ha viste (e cantate) di tutti i colori, è ormai molto vecchio, ultra ottantenne, forse ha perso la protezione del suo ultimo signore, è povero, “tot desconsellatz”, ma la testa funziona ancora bene e la sua parola è ancora sferzante… E allora - ancora una volta, come sempre ha fatto – lancia il suo “sirventès”, il suo personale “guai ai ricchi”, all’indirizzo dei potenti avidi, ingiusti e crudeli che “non conoscono l’amore e le azioni onorevoli, che odiano il povero e lo perseguitano se solo osa dire la verità”…
Pèire Cardenal, un uomo ed un artista coraggioso che, nell’arco di quasi un secolo, ha saputo cantare e raccontare con forza e sincerità la guerre de cent mille ans che i ricchi hanno sempre fatto, continuano a fare e sempre faranno ai poveri…