A totas partz vei mescl' ab avarésa
Gerra, per q'ieu vueilh far un serventés,
Qar ab gerra non s'eschai cobeésa,
E qar li croi Ric on malvestatz es
Son avar gerreian tot día
E negus ren no donaría
Pero cascuns volgra, con que-s pogés,
L'autrui conqerre, ab que ren no i mesés.
Cascus enten en aver gran richesa
L'uns de l'autre, tan enfruns segles es,
Mas en honor, en pretz ni en proesa
No fan forsa li croi Ric mal apres.
Mas cascus casar si volría
De l'autrui, mas ren no i metría.
E qan moron, perdon rendas e ces
E riqesas e tot zo q'an conqes.
Dieus! qan mal es els crois Rics terra mesa,
Qe ill veston gen e manjon a despes,
E qan parentz qe-ill aion pren vilesa,
L'uns per l'autre no metrían poges
Mais mantenen qi-ls en cresía
Plag aunit o trega en penría.
Aital conseilh donan tot a pales
Li Ric malvatz q'istan en Gapenses.
Lo segles es tot camjatz en malesa,
Que-l Rics malvatz avars vel c'onratz es
E-l pros Paupres envelitz per pauresa;
E-l crois Voutitz ten poder totas ves,
E-l leal, larg ses maïstria,
Tenon per fol qar no-s desvía,
E per savis usuriers e borges
Cels qi volon cobrar qatre per tres.
Si tortz fos dretz ni enjans lealesa,
Ni tolres dars ni largz peccatz merces,
Ni amta honors ni cobeitatz largesa,
Als crois Malvatz fora-l segles ben pres;
Qu'en els a tant de vilanía,
D'ergueilh, de mal, de felonía,
De totz mals aips qe, si mals fosa bes,
Part totz agran il croi Ric pretz conqes.
En Gapences am ginosía.
Fa hom dos seinhors en un día
E li ginos desfizan totas ves
Qant an fag mal apres dos jors o tres.
Gerra, per q'ieu vueilh far un serventés,
Qar ab gerra non s'eschai cobeésa,
E qar li croi Ric on malvestatz es
Son avar gerreian tot día
E negus ren no donaría
Pero cascuns volgra, con que-s pogés,
L'autrui conqerre, ab que ren no i mesés.
Cascus enten en aver gran richesa
L'uns de l'autre, tan enfruns segles es,
Mas en honor, en pretz ni en proesa
No fan forsa li croi Ric mal apres.
Mas cascus casar si volría
De l'autrui, mas ren no i metría.
E qan moron, perdon rendas e ces
E riqesas e tot zo q'an conqes.
Dieus! qan mal es els crois Rics terra mesa,
Qe ill veston gen e manjon a despes,
E qan parentz qe-ill aion pren vilesa,
L'uns per l'autre no metrían poges
Mais mantenen qi-ls en cresía
Plag aunit o trega en penría.
Aital conseilh donan tot a pales
Li Ric malvatz q'istan en Gapenses.
Lo segles es tot camjatz en malesa,
Que-l Rics malvatz avars vel c'onratz es
E-l pros Paupres envelitz per pauresa;
E-l crois Voutitz ten poder totas ves,
E-l leal, larg ses maïstria,
Tenon per fol qar no-s desvía,
E per savis usuriers e borges
Cels qi volon cobrar qatre per tres.
Si tortz fos dretz ni enjans lealesa,
Ni tolres dars ni largz peccatz merces,
Ni amta honors ni cobeitatz largesa,
Als crois Malvatz fora-l segles ben pres;
Qu'en els a tant de vilanía,
D'ergueilh, de mal, de felonía,
De totz mals aips qe, si mals fosa bes,
Part totz agran il croi Ric pretz conqes.
En Gapences am ginosía.
Fa hom dos seinhors en un día
E li ginos desfizan totas ves
Qant an fag mal apres dos jors o tres.
inviata da Bartleby - 13/4/2012 - 10:56
Lingua: Francese
Traduzione francese dal sito dedicato a Pèire Cardenal
JE VOIS PARTOUT L'AVARICE À LA GUERRE MÊLÉE
Je vois partout l'avarice à la guerre mêlée,
c'est pourquoi je veux faire ce nouveau sirventès,
parce qu'il me semble que guerre et convoitise ne s'accordent pas.
Les mauvais Riches tout imprégnés de méchanceté
sont toujours des batailleurs avares
et pas un d'entre eux ne donnerait quelque chose.
Chacun de ceux-là voudrait pourtant- si possible -
conquérir le bien d'autrui, si cela ne lui coûtait rien.
Chacun compte obtenir grande richesse
aux dépens de son prochain, si insatiable est cette époque,
Mais pour ce qui est de l'honneur, de la valeur et de la prouesse,
ce n'est guère le souci de ces vilains Riches mal appris.
Bien au contraire chacun voudrait s'approprier
le bien d'autrui, mais sans rien dépenser.
Et quand ils meurent, ils perdent rentes et cens
et richesses et tout ce qu'ils ont conquis.
Dieu! comme la terre est injustement soumise aux vilains Riches,
car ils s'habillent avec élégance et mangent à grands frais,
et quand un de leur parent subit quelque malheur ,
l'un pour l'autre ils ne dépenseraient pas le moindre denier,
mais sur-le-champ qui les en croirait
accepterait un arrangement déshonorant ou une trêve.
C'est tel conseil que donnent ouvertement
les mauvais Riches du Gapençais.
Ce siècle s' est totalement dégradé,
car le mauvais et avare Riche je le vois honoré
alors que le preux Pauvre est avili par sa pauvreté.
L' Inconstant abject détient toujours le pouvoir
et le Loyal, à la générosité sans égale, passe pour fou
parce qu'il ne s'écarte pas du bon chemin,
et on tient pour prêteurs sages et bourgeois
ceux qui veulent recouvrer quatre pour trois.
Si Tort était Droit et Tromperie Loyauté,
Enlever Donner et grave péché chose méritoire,
Si Honte était Honneur et Convoitise Largesse,
les ignobles Mauvais règneraient à bon droit sur le monde ;
car en eux il y a tant de vilenie,
d'orgueil, de mal, de félonie,
enfin de toutes mauvaises qualités que, si le mal était le bien,
les vilains Riches auraient acquis du prix au-delà de tous.
En Gapençais avec perfidie
on fait deux seigneurs en un jour;
les fourbes désavouent toutefois
tout le mal qu'ils ont fait après deux ou trois jours.
Je vois partout l'avarice à la guerre mêlée,
c'est pourquoi je veux faire ce nouveau sirventès,
parce qu'il me semble que guerre et convoitise ne s'accordent pas.
Les mauvais Riches tout imprégnés de méchanceté
sont toujours des batailleurs avares
et pas un d'entre eux ne donnerait quelque chose.
Chacun de ceux-là voudrait pourtant- si possible -
conquérir le bien d'autrui, si cela ne lui coûtait rien.
Chacun compte obtenir grande richesse
aux dépens de son prochain, si insatiable est cette époque,
Mais pour ce qui est de l'honneur, de la valeur et de la prouesse,
ce n'est guère le souci de ces vilains Riches mal appris.
Bien au contraire chacun voudrait s'approprier
le bien d'autrui, mais sans rien dépenser.
Et quand ils meurent, ils perdent rentes et cens
et richesses et tout ce qu'ils ont conquis.
Dieu! comme la terre est injustement soumise aux vilains Riches,
car ils s'habillent avec élégance et mangent à grands frais,
et quand un de leur parent subit quelque malheur ,
l'un pour l'autre ils ne dépenseraient pas le moindre denier,
mais sur-le-champ qui les en croirait
accepterait un arrangement déshonorant ou une trêve.
C'est tel conseil que donnent ouvertement
les mauvais Riches du Gapençais.
Ce siècle s' est totalement dégradé,
car le mauvais et avare Riche je le vois honoré
alors que le preux Pauvre est avili par sa pauvreté.
L' Inconstant abject détient toujours le pouvoir
et le Loyal, à la générosité sans égale, passe pour fou
parce qu'il ne s'écarte pas du bon chemin,
et on tient pour prêteurs sages et bourgeois
ceux qui veulent recouvrer quatre pour trois.
Si Tort était Droit et Tromperie Loyauté,
Enlever Donner et grave péché chose méritoire,
Si Honte était Honneur et Convoitise Largesse,
les ignobles Mauvais règneraient à bon droit sur le monde ;
car en eux il y a tant de vilenie,
d'orgueil, de mal, de félonie,
enfin de toutes mauvaises qualités que, si le mal était le bien,
les vilains Riches auraient acquis du prix au-delà de tous.
En Gapençais avec perfidie
on fait deux seigneurs en un jour;
les fourbes désavouent toutefois
tout le mal qu'ils ont fait après deux ou trois jours.
inviata da Bartleby - 13/4/2012 - 10:57
Lingua: Francese
Version française - DE TOUS CÔTÉS, MÊLÉE À L'AVARICE – Marco Valdo M.I. – 2012
d'une chanson provençale du XIII ième siècle – A totas partz vei mescl' ab avarésa - Pèire Cardenal – vers 1235.
d'une chanson provençale du XIII ième siècle – A totas partz vei mescl' ab avarésa - Pèire Cardenal – vers 1235.
Un “sirventès”, une chanson de dénonciation, une canzone engagée du grand troubadour ou trouvère occitan Pèire Cardenal, né à la fin du XII ième siècle en Auvergne et qui vécut aux cours des seigneurs de Toulouse et du Roi Jacques d’Aragon.
Il synthétisa son programme artistique dans ces vers :
« Tostemps vir cuidar en sabér
E camgi so cug per so sai,
E lais mentir per dire vér, […] »
« J'ai toujours cherché à substituer la connaissance aux croyances
Et je remplace « je crois » par « je sais »
Et je renonce au mensonge pour la vérité... ».
Il est signalé par certains érudits – mais sans certitude documentaire – comme étant l'auteur de la partie anonyme de la « Canso de la Crosada », le poème qui décrit les dix premières années ( 1208-1218) de la terrible croisade déclenchée par le pape Innocent III contre les Cathares et les Albigeois.
On ignore aujourd'hui l'épisode qui inspira à Pèire Cardenal ce « sirventès » contre les riches avides et belliqueux du Gapençais (c'est-à-dire Gap dans les Hautes-Alpes ), mais cette invective peut être considérée à bon droit comme une version antérieure de La Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres, composée par notre trouvère moderne Marco Valdo M.I. (que je salue).
Et comme comme pour l'invective civile de Marco Valdo M.I., ce « sirventès » occitan aussi n'a pas de musique, mais nous savons que pour tous les trouvères et troubadours un vers sans musique est comme un moulin sans vent et et c'est avec conscience de ce fait qu'il faut lire ces invectives d'hier et d'aujourd'hui. [Bartleby]
Et bien, Marco Valdo M.I., mon ami, voilà une chanson encore qui t'est, en quelque sorte – dédiée... et je pense à juste titre... car elle est de la même veine que La Guerre de Cent Mille Ans, comme le fait justement remarquer Bartleby. Elle l'est d'autant plus que l'on peut référer l'ensemble à la fraternité des Pauvres de Lyon, dont un des représentants les plus connus est Pierre Valdo et que ce dernier vécut jusqu'en 1210 environ et parcourait les Hautes Alpes, lieu de refuge des persécutés par l'Église et les armées des riches... Comme bien tu le devines, je les ai accompagnés souvent dans ces montagnes et jusqu'en Bohême...
Précisément, et c'est même, très curieux de voir combien ce « serventès » (Cervantès?) est proche des prédications de Valdo... par le temps et par le contenu. Comme tu le verras ci-dessous, je me suis offert une traduction de mon fait et sans nier qu'elle s'inspire fortement de celle qu'on trouve déjà sur le site de Pèire Cardenal et sur les CCG, elle s'en distingue quelque peu... Par exemple, lors de la traduction de « croi ric »... Le traducteur provençal dit « les mauvais riches » et, j'indique tout simplement « les riches »... Les « mauvais riches » me paraît une expression redondante... Du fait que la richesse est le résultat (toujours) d'un processus d'accumulation qui se fait (toujours) au détriment des autres.... C'est la question que je pose souivent : Combien de pauvres faut-il pour faire « un » riche ? Cela dit, cette chanson est d'une surprenante actualité dès qu'on la prend pour ce qu'elle est devenue : une parabole.
En somme, dit Lucien l'âne, elle fait ce que nous nous efforçons de faire.... Elle tisse le suaire de ce vieux monde malade de ses riches et de ses richesses, cupide, avide, exploiteur et cacochyme (heureusement!).
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Il synthétisa son programme artistique dans ces vers :
« Tostemps vir cuidar en sabér
E camgi so cug per so sai,
E lais mentir per dire vér, […] »
« J'ai toujours cherché à substituer la connaissance aux croyances
Et je remplace « je crois » par « je sais »
Et je renonce au mensonge pour la vérité... ».
Il est signalé par certains érudits – mais sans certitude documentaire – comme étant l'auteur de la partie anonyme de la « Canso de la Crosada », le poème qui décrit les dix premières années ( 1208-1218) de la terrible croisade déclenchée par le pape Innocent III contre les Cathares et les Albigeois.
On ignore aujourd'hui l'épisode qui inspira à Pèire Cardenal ce « sirventès » contre les riches avides et belliqueux du Gapençais (c'est-à-dire Gap dans les Hautes-Alpes ), mais cette invective peut être considérée à bon droit comme une version antérieure de La Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres, composée par notre trouvère moderne Marco Valdo M.I. (que je salue).
Et comme comme pour l'invective civile de Marco Valdo M.I., ce « sirventès » occitan aussi n'a pas de musique, mais nous savons que pour tous les trouvères et troubadours un vers sans musique est comme un moulin sans vent et et c'est avec conscience de ce fait qu'il faut lire ces invectives d'hier et d'aujourd'hui. [Bartleby]
Et bien, Marco Valdo M.I., mon ami, voilà une chanson encore qui t'est, en quelque sorte – dédiée... et je pense à juste titre... car elle est de la même veine que La Guerre de Cent Mille Ans, comme le fait justement remarquer Bartleby. Elle l'est d'autant plus que l'on peut référer l'ensemble à la fraternité des Pauvres de Lyon, dont un des représentants les plus connus est Pierre Valdo et que ce dernier vécut jusqu'en 1210 environ et parcourait les Hautes Alpes, lieu de refuge des persécutés par l'Église et les armées des riches... Comme bien tu le devines, je les ai accompagnés souvent dans ces montagnes et jusqu'en Bohême...
Précisément, et c'est même, très curieux de voir combien ce « serventès » (Cervantès?) est proche des prédications de Valdo... par le temps et par le contenu. Comme tu le verras ci-dessous, je me suis offert une traduction de mon fait et sans nier qu'elle s'inspire fortement de celle qu'on trouve déjà sur le site de Pèire Cardenal et sur les CCG, elle s'en distingue quelque peu... Par exemple, lors de la traduction de « croi ric »... Le traducteur provençal dit « les mauvais riches » et, j'indique tout simplement « les riches »... Les « mauvais riches » me paraît une expression redondante... Du fait que la richesse est le résultat (toujours) d'un processus d'accumulation qui se fait (toujours) au détriment des autres.... C'est la question que je pose souivent : Combien de pauvres faut-il pour faire « un » riche ? Cela dit, cette chanson est d'une surprenante actualité dès qu'on la prend pour ce qu'elle est devenue : une parabole.
En somme, dit Lucien l'âne, elle fait ce que nous nous efforçons de faire.... Elle tisse le suaire de ce vieux monde malade de ses riches et de ses richesses, cupide, avide, exploiteur et cacochyme (heureusement!).
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
DE TOUS CÔTÉS, MÊLÉE À L'AVARICE
De tous côtés je vois se mêler l’avarice
À la guerre, ce pourquoi je veux faire un « serventès »
Car on ne peut séparer guerre et convoitise.
Je vois partout l'avarice à la guerre mêlée,
Les Riches tout imprégnés de méchanceté
sont toujours des guerroyeurs avares
et pas un d'entre eux ne donnerait quelque chose.
Cependant, chacun voudrait – si possible –
Conquérir le bien d'autrui, sans rien dépenser.
Chacun entend tirer grande richesse
De l'autre, tant ce siècle est insatiable,
Mais en honneur, en prix ni en prouesse,
Les Riches malappris ne se distinguent.
Chacun d'eux voudrait prendre le bien
D’autrui, mais sans rien y mettre.
Quand ils meurent, ils perdent rentes et cens
Et richesses et tout ce qu'ils ont conquis.
Dieu! comme la terre est injustement malmenée par les Riches,
Qui se vêtent bien et mangent à satiété,
Et quand un parent attrape un malheur,
L'un ne mettrait pas une thune pour l'autre,
Mais sur-le-champ à les en croire
Il devrait accepter une trêve ou un arrangement déshonorant.
Tel est le conseil que donnent ouvertement
Les Riches mauvais du Gapençais.
Le siècle est tout perverti,
Depuis que le Riche mauvais et avare est considéré,
Le Pauvre brave avili par la pauvreté.
Le Traître mauvais tient tout le pouvoir
Et le Loyal, à la générosité sans égale,
On le tient pour fou car il ne dévie pas,
Et pour sages usuriers et bourgeois
Ceux qui veulent recouvrer quatre pour trois.
Si ce qui est tord était droit et traître loyal,
Prendre donner et grave péché mérite,
Honte honneur et convoitise largesse,
Les pires mauvais tiendraient le siècle ;
Tant en eux il y a de vilenie,
D'orgueil, de mal, de félonie,
Enfin de tous maux, si le mal était le bien,
Les Riches seraient appréciés le plus de tous.
En Gapençais avec perfidie
On fait deux seigneurs en un jour;
Les fourbes défont toutefois
Ce qu'ils ont mal fait après deux ou trois jours.
De tous côtés je vois se mêler l’avarice
À la guerre, ce pourquoi je veux faire un « serventès »
Car on ne peut séparer guerre et convoitise.
Je vois partout l'avarice à la guerre mêlée,
Les Riches tout imprégnés de méchanceté
sont toujours des guerroyeurs avares
et pas un d'entre eux ne donnerait quelque chose.
Cependant, chacun voudrait – si possible –
Conquérir le bien d'autrui, sans rien dépenser.
Chacun entend tirer grande richesse
De l'autre, tant ce siècle est insatiable,
Mais en honneur, en prix ni en prouesse,
Les Riches malappris ne se distinguent.
Chacun d'eux voudrait prendre le bien
D’autrui, mais sans rien y mettre.
Quand ils meurent, ils perdent rentes et cens
Et richesses et tout ce qu'ils ont conquis.
Dieu! comme la terre est injustement malmenée par les Riches,
Qui se vêtent bien et mangent à satiété,
Et quand un parent attrape un malheur,
L'un ne mettrait pas une thune pour l'autre,
Mais sur-le-champ à les en croire
Il devrait accepter une trêve ou un arrangement déshonorant.
Tel est le conseil que donnent ouvertement
Les Riches mauvais du Gapençais.
Le siècle est tout perverti,
Depuis que le Riche mauvais et avare est considéré,
Le Pauvre brave avili par la pauvreté.
Le Traître mauvais tient tout le pouvoir
Et le Loyal, à la générosité sans égale,
On le tient pour fou car il ne dévie pas,
Et pour sages usuriers et bourgeois
Ceux qui veulent recouvrer quatre pour trois.
Si ce qui est tord était droit et traître loyal,
Prendre donner et grave péché mérite,
Honte honneur et convoitise largesse,
Les pires mauvais tiendraient le siècle ;
Tant en eux il y a de vilenie,
D'orgueil, de mal, de félonie,
Enfin de tous maux, si le mal était le bien,
Les Riches seraient appréciés le plus de tous.
En Gapençais avec perfidie
On fait deux seigneurs en un jour;
Les fourbes défont toutefois
Ce qu'ils ont mal fait après deux ou trois jours.
inviata da Marco Valdo M.I. - 12/6/2012 - 14:41
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Testo trovato sul sito dedicato a Pèire Cardenal
Un “sirventès”, una canzone di denuncia, una canzone “engagé” del grande trovatore occitano Pèire Cardenal, nato alla fine del XII secolo nell’Auvergne e vissuto tra le corti dei signori di Tolosa e del re Giacomo d’Aragona.
Sintetizzò il suo programma artistico in questi versi:
E camgi so cug per so sai,
E lais mentir per dire vér, […]”
“Ho sempre cercato di sostituire la conoscenza alle credenze
e cambio ‘io credo’ con ‘io so’
e rinuncio alla menzogna per la verità, […]
E’ indicato da alcuni studiosi – ma senza che ve ne sia certezza documentale – pure come l’autore della parte anonima della “Canso de la Crosada”, il poema che descrive i primi dieci anni (dal 1208 al 1218) della terribile crociata scatenata da papa Innocenzo III contro i càtari o albigesi.
Si ignora oggi l’episodio che ispirò a Pèire Cardenal questo “sirventès” contro i ricchi signori avidi e bellicosi di Gapençais (cioè Gap, nelle Hautes-Alpes), ma l’invettiva può essere considerata a buon diritto l’antesignana duecentesca della La Guerre de Cent mille ans che i ricchi fanno ai poveri composta dal nostro moderno trovatore Marco Valdo M.I. (che saluto).
E come per l’invettiva civile di Marco Valdo M.I., anche di questo “sirventès” occitano non ci è giunta la musica, ma sappiamo che per tutti i trovatori un verso senza musica è come un mulino senza vento ed è con questa consapevolezza che bisogna leggere queste invettive di ieri e di oggi.