Je m'appelle Antoine Duval
Je suis un Français moyen
J'ai quarante ans
Je mesure un mètre soixante-dix
Je pèse quatre-vingts kilos
Je suis fonctionnaire
Je suis marié
J'ai deux enfants
J'habite un appartement de trois pièces
Que j'ai obtenu grâce au crédit foncier
J'ai souscrit une police d'assurance-vie
Je possède la télévision
Équipée deuxième chaîne
J'ai un compteur bleu
Et tous mes meubles portent l'estampille NF
Je n'aime que la cuisine au beurre
Je mange du pain d'épices
Quand je fais cuire des nouilles à la semoule de blé dur
Je les goûte
Je les goûte souvent
Je bois de la chicorée
Je fais régulièrement la cure orange
Je bois du jus de raisin
Je bois du jus de pomme
Je fais la pause-café
Je mange du fromage en portions
Enfin,
Je fais tout ce que la télévision nous conseille de faire
ET JE M'EMMERDE.
Je suis un Français moyen
J'ai quarante ans
Je mesure un mètre soixante-dix
Je pèse quatre-vingts kilos
Je suis fonctionnaire
Je suis marié
J'ai deux enfants
J'habite un appartement de trois pièces
Que j'ai obtenu grâce au crédit foncier
J'ai souscrit une police d'assurance-vie
Je possède la télévision
Équipée deuxième chaîne
J'ai un compteur bleu
Et tous mes meubles portent l'estampille NF
Je n'aime que la cuisine au beurre
Je mange du pain d'épices
Quand je fais cuire des nouilles à la semoule de blé dur
Je les goûte
Je les goûte souvent
Je bois de la chicorée
Je fais régulièrement la cure orange
Je bois du jus de raisin
Je bois du jus de pomme
Je fais la pause-café
Je mange du fromage en portions
Enfin,
Je fais tout ce que la télévision nous conseille de faire
ET JE M'EMMERDE.
inviata da Marco Valdo M.I. - 10/1/2012 - 22:25
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Chanson française – La Confession d'un Homme – Jean Yanne – 1964
Moi, dit Lucien l'âne, j'aimerais insérer ici précisément ou alors comme une chanson (sans musique) à part, cette « Confession d'un homme », dite aussi, Confession d'un homme du XXIième siècle, bref, un de nos contemporains. Un gars qu'on croise tous les jours dans le train, dans le métro, dans le bus, dans la rue... et j'espère pas chez toi..
Elle n'est pas chantée et vue comme elle l'est par son interprète – et par moments interprêtre..., lequel est aussi par ailleurs, chanteur, auteur, cinéaste, homme de radio, de télévision... c'est-à-dire Sa Sublimité Jean Yanne (comme aurait dit Pierre Dac), cette chanson sans musique (il existe bien des chansons sans paroles) ne pourrait être chantée. Elle perdrait de sa force. Quoi qu'il en soit, elle est assez proche parente du « Fannullone » de Fabrizio De André. Et puis, elle décrit bien le destin de l'homme moderne, dont la vie est si passionnante...
Dis-moi, Marco Valdo M.I., est-ce que tu ne te fous pas de moi, par hasard... Il a une vie de con, ce mec... Qu'est-ce qu'il a l'air de trouver la vie passionnante... Mais regarde-le, cet être civilisé, ce produit de deux mille ans de civilisation chrétienne...
Je sais, je sais... Mais il faut lui pardonner... C'est tout juste la victime anonyme, banale et exemplaire de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres à seule fin de les dominer pour mieux les exploiter, pour étendre leurs profits, multiplier leurs richesses, assurer leur pouvoir...
Moi, dit Lucien l'âne, je suis très content d'être un âne. Moi au moins, sans bénéficier de tous les avantages du « civilisé », je vis tranquille, je ne regarde jamais la télévision, je n'écoute aucune radio... Je me balade, je suis heureux et surtout, surtout, je ne m'emmerde pas.
Et bien, Lucien l'âne mon ami, laisse-moi te dire que je m'en félicite et comme tu le sais, je vis exactement comme toi et d'ailleurs, moi aussi, je peux le dire ... Dans ma vie, je ne m'emmerde pas. Jamais et pourtant, je ne fais strictement rien d'autre que de vivre et de me laisser aller au gré des heures... Une traduction par ci, une chanson par là... Un livre, quelques phrases... et les choses du jour, ces gestes quotidiens et qui meublent de bonheur les heures toujours trop peu nombreuses.
Oui, oui, dit l'âne Lucien en souriant de son piano à l'ivoire luisant... Je te vois vivre, tous les jours et tu n'as vraiment pas l'air de t'emmerder dans ta vie, toi non plus. Et puis, comme disait Léo Ferré :
On vit, on mange et puis, on meurt
Vous trouvez pas que c'est charmant
Et que ça suffit à notre bonheur
Et à tous nos emmerdements...
Y en a marre...
de ce monde sinistre, télévisuel, atteint d'iconorrhée purulente et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco valdo M.I. et Lucien Lane.