Sur les plages du côté de Stettin,
En cachoube Sztetëno, à présent Szczecin
Inge, in natura et figura
Échauffait notre bande de jeunes gars
Adolf montait vers son zénith
Inge régnait sur nos émois
Avant elle, on avait connu Tulla
Petite chose fragile aux doigts de fée presbyte
Pour elle, Madone et tournevis au cou
Serré dans ses deux mains, coup sur coup
Du haut du bastingage du Rybitwa,
Joachim Mahlke tira deux fois
Inge, la toute belle
Fée de notre jeunesse hitlérienne.
Vingt ans après, c'est toujours elle
Un peu ridée, moins walkyrienne
Inge, in natura et figura, et ses jeunes filles
En jupe sombre et chemisier blanc
Jusqu'au dernier jour du combat allemand
Ont secouru les réfugiés de Poméranie
Quand il a fallu fuir tout ça
Les uns sont partis par ici
Les autres ont navigué par là
On a donc eu deux pays
Dans l'un régnait le parti
L'avenir tendait vers l'idéal
L'autre se nourrissait de capital.
On y rêvait des États-Unis.
Inge, la toute belle
Fée de notre jeunesse hitlérienne.
Vingt ans après, c'est toujours elle
Un peu ridée, moins walkyrienne
Dans les actualités du temps présent
Mahlke n'apparaît pas sur l'écran
Ce sont toujours d'autres qui fument son tabac
Le clown est parti pour l'au-delà
À la Foire du Livre de Leipzig
Deux sortes d'Allemands
À de subtiles colloques linguistiques
Dans un rapprochement interallemand
Refondent l'orthographe de demain
Épaulés de Suisses et d'Autrichiens.
Notre Inge , très professionnelle, in natura et figura,
Énonce : la réforme sera radicale ou ne sera pas.
Inge, la toute belle
Fée de notre jeunesse hitlérienne.
Vingt ans après, c'est toujours elle
Un peu ridée, moins walkyrienne
En cachoube Sztetëno, à présent Szczecin
Inge, in natura et figura
Échauffait notre bande de jeunes gars
Adolf montait vers son zénith
Inge régnait sur nos émois
Avant elle, on avait connu Tulla
Petite chose fragile aux doigts de fée presbyte
Pour elle, Madone et tournevis au cou
Serré dans ses deux mains, coup sur coup
Du haut du bastingage du Rybitwa,
Joachim Mahlke tira deux fois
Inge, la toute belle
Fée de notre jeunesse hitlérienne.
Vingt ans après, c'est toujours elle
Un peu ridée, moins walkyrienne
Inge, in natura et figura, et ses jeunes filles
En jupe sombre et chemisier blanc
Jusqu'au dernier jour du combat allemand
Ont secouru les réfugiés de Poméranie
Quand il a fallu fuir tout ça
Les uns sont partis par ici
Les autres ont navigué par là
On a donc eu deux pays
Dans l'un régnait le parti
L'avenir tendait vers l'idéal
L'autre se nourrissait de capital.
On y rêvait des États-Unis.
Inge, la toute belle
Fée de notre jeunesse hitlérienne.
Vingt ans après, c'est toujours elle
Un peu ridée, moins walkyrienne
Dans les actualités du temps présent
Mahlke n'apparaît pas sur l'écran
Ce sont toujours d'autres qui fument son tabac
Le clown est parti pour l'au-delà
À la Foire du Livre de Leipzig
Deux sortes d'Allemands
À de subtiles colloques linguistiques
Dans un rapprochement interallemand
Refondent l'orthographe de demain
Épaulés de Suisses et d'Autrichiens.
Notre Inge , très professionnelle, in natura et figura,
Énonce : la réforme sera radicale ou ne sera pas.
Inge, la toute belle
Fée de notre jeunesse hitlérienne.
Vingt ans après, c'est toujours elle
Un peu ridée, moins walkyrienne
inviata da Marco Valdo M.I. - 10/10/2011 - 16:33
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Canzone française – Inge, in natura et figura – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 48
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Mil neuf cent quarante-neuf, c'est l'année de la Foire du livre de Leipzig... Du moins pour notre Histoire d'Allemagne. Faut dire quand même que cette Foire du Livre a une histoire considérable, car c'est à Leipzig qu'on imprima le premier livre, c'est à Leipzig qu'on imprima le premier journal, à Leipzig que l'industrialisation du livre se développa en premier et toujours à Leipzig que fut créée la Bibliothèque nationale allemande... Faut dire aussi que le nom-même de la ville est dérivé du sorabe, langue parlée (encore à présent) en Lusace. Je te parle du sorabe, car tu verras dans la chanson du jour qu'il y est question de complexités linguistiques... Les villes – comme les gens – changent de nom au fil du temps et des dominations. Les langues résistent tant qu'elles ont des locuteurs. Par ailleurs, et ceci implique cela, on va même jusqu'à chasser des populations entières, afin sans doute de « purifier » tel ou tel territoire. Mais ce n'est pas propre à l'Allemagne... La chose se passe ici, où nous sommes, maintenant... Donc, fin de la parenthèse, notre Histoire d'Allemagne se passe à l'intérieur-même de la Foire du Livre de Leipzig où notre interlocuteur retrouve une vieille connaissance, un souvenir vivant de sa jeunesse... La belle Inge, une dame plein d'allant, énergique et très en prise sur l'évolution du pays. Toujours à la pointe, toujours dans le vent... Cheftaine dans les Jeunesses Hitlériennes, toujours bien placée dans l'État des Ouvriers et des Paysans, c'est-à-dire la République Démocratique Allemande. Elle fut très proche – en vérité, sur un tas de vieux vêtements – de notre narrateur... Vingt ans auparavant.
Oh la la, dit Lucien l'âne en riant, vingt ans après... On va assister à des retrouvailles amoureuses, des souvenirs croisés...
Sans doute, c'est un peu ça, mais ils ne feront pas revivre ça, mais bien, une séquence héroïque d'un autre de leurs contemporains, un de ceux qui vivaient là-bas du côté de Dantzig au temps de leur jeunesse à tous, au temps des Jeunesses Hitlériennes, auxquelles les jeunes ne pouvaient échapper. Ce personnage n'est en rien le narrateur et le narrateur le narre ailleurs dans une histoire de chat et de souris. C'est ainsi que Tulla Pokriefke et Joachim Mahlke traversent notre petite histoire et s'en retournent aussitôt vers leur jeu favori. Ici, ensemble, ils pratiqueront le geste auguste du semeur, duquel, souviens-toi Hugo, oui, le Victor, disait : «
...
Va, vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main, et recommence,
Et je médite, obscur témoin,
Pendant que, déployant ses voiles,
L'ombre, où se mêle une rumeur,
Semble élargir jusqu'aux étoiles
Le geste auguste du semeur. »,...mais à la manière d'Onan.
Ça démarre fort, dit Lucien l'âne encore plus hilare.
Plus encore que tu ne le penses, dit Marco Valdo M.I.. Car notre narrateur lui est bien à Leipzig avec elle, mais il vient tout droit d'un nouveau pays, d'une autre Allemagne, d'un état jumeau, appelé République Fédérale d'Allemagne... Qui mangera l'autre, qui écrasera l'autre ? Je parle de ces jeunes États à peine sortis des limbes. En remontant de l'enfer.
Nous connaissons la réponse à cette interrogation rhétorique, dit Lucien l'âne en relevant le front. On sait tous quelle est la situation actuelle...
Mais, dit Marco Valdo M.I., de ces jumeaux et de leur destin gémellaire, on aura l'occasion de reparler... Ici, ils viennent à peine de naître. Il y a cependant là – en germes – dans cette communauté de langue, certain rapprochement futur. Côté aspirations, cependant, ce n'est résolu qu'en surface, très superficiellement, que pour les couches élevées de la population... Pourtant, un jour, il faudra bien en revenir à l'« idéal », même si pour l'instant, tous ces gens sont roulés dans le capital.
J'entends bien, dit Lucien l'âne en agitant ses oreilles. D'ailleurs, Inge est bien prémonitoire : « La réforme sera radicale ou ne sera pas »... De fait, il faut changer ce monde. Il faut lui rendre un peu d'avenir, un peu d'idéal. On ne peut quand même pas condamner l'espèce toute entière à vivre dans l'ennui et le désespoir. Pour ce faire, Marco Valdo M.I., mon ami, de notre commune obstination, tissons le linceul de ce vieux monde déchiré, éteint, mercantile et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.