Guerre de positions sur l'Yser et la Somme à l'Ouest
Guerre de forts et de tranchées à l'Est
Feux roulants d'artilleries formidables
Bombardements interminables,
Barrages de feu devant les infanteries
Écrasement des troupes ennemies ou amies
Les fantassins marinaient dans la boue
Enfer sur terre, les hommes mouraient dans la gadoue
L'intrépide héros des Orages d'acier
Parle d'élan chevaleresque, de moral guerrier
D'audace, de témérité, de pureté
Allons donc, Jünger, vous délirez !
Dernière conversation de tranchée à tranchée
Le 11 novembre 1918, terrible année :
« Salut les gars ! Et à la prochaine... »
« Oui, c'est ça... À la prochaine ! »
Vous avez raison, dit Remarque, plus personne n'avait peur
L'angoisse, satanée liqueur, coulait dans les cœurs comme une longue sueur
En regardant passer les étés, les hivers
Terrés dans les tranchées comme des statues de pierre
Jeunes et vieux en tête à tête
Survivaient comme des bêtes
Que pouvaient-ils encore faire, ces damnés ?
Jouer aux cartes, boire, bouffer, jurer
Rêvasser de femmes aux cuisses écartées
Et lucides, espérer finir l'année.
Entretemps, ils rampaient, ils assassinaient
Puis, épuisés, haves, blêmes, ils crevaient.
Dernière conversation de tranchée à tranchée
Le 11 novembre 1918, terrible année :
« Salut les gars ! Et à la prochaine... »
« Oui, c'est ça... À la prochaine ! »
Que savaient-ils encore faire ?
À part la guerre ?
Pelle-bêche ou baïonnette ? Comparaison
La pelle fend l'homme sans forcer
La baïonnette se coince, il faut l'arracher.
Comparaison n'est pas raison...
Les tranchées, première, deuxième, troisième ligne
Où soucieux de discipline, les cadavres s'alignent
Parapets, parados, traverses et passages
Abris enterrés, galeries à étages
Tranchées et abris, effondrés, noyés
Et par dessus, les barbelés, les barbelés, les barbelés
Dernière conversation de tranchée à tranchée
Le 11 novembre 1918, terrible année :
« Salut les gars ! Et à la prochaine... »
« Oui, c'est ça... À la prochaine ! »
Guerre de forts et de tranchées à l'Est
Feux roulants d'artilleries formidables
Bombardements interminables,
Barrages de feu devant les infanteries
Écrasement des troupes ennemies ou amies
Les fantassins marinaient dans la boue
Enfer sur terre, les hommes mouraient dans la gadoue
L'intrépide héros des Orages d'acier
Parle d'élan chevaleresque, de moral guerrier
D'audace, de témérité, de pureté
Allons donc, Jünger, vous délirez !
Dernière conversation de tranchée à tranchée
Le 11 novembre 1918, terrible année :
« Salut les gars ! Et à la prochaine... »
« Oui, c'est ça... À la prochaine ! »
Vous avez raison, dit Remarque, plus personne n'avait peur
L'angoisse, satanée liqueur, coulait dans les cœurs comme une longue sueur
En regardant passer les étés, les hivers
Terrés dans les tranchées comme des statues de pierre
Jeunes et vieux en tête à tête
Survivaient comme des bêtes
Que pouvaient-ils encore faire, ces damnés ?
Jouer aux cartes, boire, bouffer, jurer
Rêvasser de femmes aux cuisses écartées
Et lucides, espérer finir l'année.
Entretemps, ils rampaient, ils assassinaient
Puis, épuisés, haves, blêmes, ils crevaient.
Dernière conversation de tranchée à tranchée
Le 11 novembre 1918, terrible année :
« Salut les gars ! Et à la prochaine... »
« Oui, c'est ça... À la prochaine ! »
Que savaient-ils encore faire ?
À part la guerre ?
Pelle-bêche ou baïonnette ? Comparaison
La pelle fend l'homme sans forcer
La baïonnette se coince, il faut l'arracher.
Comparaison n'est pas raison...
Les tranchées, première, deuxième, troisième ligne
Où soucieux de discipline, les cadavres s'alignent
Parapets, parados, traverses et passages
Abris enterrés, galeries à étages
Tranchées et abris, effondrés, noyés
Et par dessus, les barbelés, les barbelés, les barbelés
Dernière conversation de tranchée à tranchée
Le 11 novembre 1918, terrible année :
« Salut les gars ! Et à la prochaine... »
« Oui, c'est ça... À la prochaine ! »
inviata da Marco Valdo M.I. - 2/2/2011 - 22:12
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Canzone française – À la prochaine ! – 1916 – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 15
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.
Comme tu le vois, mon ami Lucien l'âne, les Histoires d'Allemagne continuent et également cette extraordinaire rencontre entre À l'Ouest et les Orages, laquelle a lieu en terrain neutre, sur les bords du lac de Zurich, plus au cœur de la ville toutefois, à la Kronenhalle. Ces messieurs, comme dit la dame, ne s'ennuient pas. Tu auras remarqué que leurs « séances de travail » se passent toujours autour d'une (bonne) table et sont généralement, bien arrosées. Cette fois, du rouge léger, sans doute, un vin de Loire. Autres temps, autres ambiances. Mais la canzone ne parle pas de cet aspect des choses, elle retourne à l'année 1916, au plus fort de la tourmente et s'enfonce soudain dans les tranchées lesquelles étaient des lieux assez dantesques.
C'est assez lourd, j'imagine, dit Lucien l'âne... Mon souvenir de ce genre d'endroit est assez effrayant.
Et ce l'était, en effet et bien pire. On se massacrait, comme pour dire, industriellement. Au fur et à mesure du déroulement de l'absurde confrontation, les outils se perfectionnaient et l'équipement se modernisait. Tu as vu ce qu'il en était du casque... Ce fut pareil pour les fusils, les canons... De surcroît, on faisait appel à de plus en plus d'hommes pour occuper le terrain, pour remplir les trous des champs de bataille et il y en avait un peu partout en Europe, sans compter ceux plus réduits d'Afrique ou d'Asie. La mort était devenue la première industrie européenne et les investissements y étaient considérables. Telle était la réalité, laquelle n'avait que peu à voir avec les rêves d'héroïsme de certains, comme Les Orages. C'était une guerre prolétaire. C'est cela que raconte la canzone. Les hommes – du moins ceux qui arrivaient à survivre, à ne pas être trop vite éliminés ni trop mutilés, passaient des mois et des mois, des saisons, des années entières dans les tranchées.
Ce devait être bien long et terriblement ennuyeux... On ne se tuait quand même pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre, partout en même temps. Si j'ose dire, il devait bien y avoir des temps morts. Que faisaient-ils ces hommes-là pendant ces temps-là ?
C'est exact. On s'ennuyait ferme sur le front... Alors, on trouvait des passe-temps entre deux massacres. On écrivait chez soi, à sa femme, à ses enfants, à ses parents, à ses amis, à sa fiancée... Que sais-je ? On dessinait, on peignait, quand on le pouvait. Pour le reste : « Que pouvaient-ils encore faire, ces damnés ? Jouer aux cartes, boire, bouffer, jurer. Rêvasser de femmes aux cuisses écartées... ». Tiens, un de mes grands-pères, qui fut gazé, lui y jouait aux échecs. Un jeu tranquille les échecs, on peut facilement y jouer dans une tranchée, sous la pluie ou couché dans la boue. Il participa à des tournois, des championnats... Il rencontra ma grand-mère à l'hôpital... D'une certaine manière, il s'en était bien tiré. Un peu comme ces messieurs...
Mais les autres, tous ces autres-là qui finirent en charpie, ces centaines de milliers, ces millions n'eurent pas cette chance... Et puis, ta canzone finit sur un trait d'une ironie noire...
En effet, Lucien l'âne mon ami, elle finit sur une histoire dans l'histoire. C'est d'ailleurs ce dernier vers (si j'ose...) qui lui donnent son titre et son refrain à ma canzone. « À la prochaine ! »... Il sonne comme une prophétie... et comme un appel à ne jamais oublier qu'on n'est pas à l'abri d'une pareille répétition.
Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, ne dis pas ça, je suis un âne un peu superstitieux. D’ailleurs, je croise les oreilles... en guise de conjuration. Cela dit, je te rappelle également que notre manière à nous de conjurer la répétition d'un épisode semblable de la Guerre de Cent Mille Ans, que les riches font aux pauvres afin de maintenir leur pouvoir, de conserver leurs privilèges, d'assurer leur domination et d'accroître leurs richesses, c'est de tisser le linceul de ce vieux monde massacreur, militariste et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.