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Une tradition familiale

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese



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Une tradition familiale



Canzone française – Une tradition familiale – 1908 – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 8
Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.




Pas facile ces histoires d'Allemagne, on dirait, dit Lucien l'âne en regardant Marco Valdo M.I. avec une grande tendresse.


En effet, il y a là beaucoup d'attention, beaucoup de choses à découvrir, c'est un monde inconnu – ou en tous cas, peu connu de moi – que je découvre. Je me demandais à quoi rimait tout ce nouveau cycle, tout ce nouveau Giro dans le siècle passé. Que pouvait bien signifier cette introspection poétique et d'une certaine manière frénétique de notre passé simple et pourquoi avoir ainsi choisi, délibérément choisi le kaléidoscope du père Grass et dès lors, d'être en train de passer aux rayons les viscères germaniques ? Une des réponses pourrait être que le mouvement parti de Prusse, qui créa les Reichs – unifiant au passage des gens aussi différents que les-dits Prussiens et les Bavarois, sans compter les gens des vallées de Moselle et du Rhin ou des sources du Danube, avec tous ses allers-retours, ses soubresauts, ses errements monstrueux, ce mouvement séculaire serait peut-être bien celui qui se continue aujourd'hui dans l'Europe. C'est sans doute de cela qu'il est question. En somme, l'histoire ou les anecdotes d'une parturition... Ce qui est assez semblable au texte fondateur que sont les Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme ( The Life and Opinions of Tristram Shandy, Gentleman) de Laurence Sterne , dont tu sais tout ce que nous lui devons, le dit-Sterne étant lui-même un de nos ancêtres.


Mais enfin, Marco Valdo M.I. mon ami, ce ne sont après tout que des canzones qu'on te demande... Et te voilà parti aux sources du Danube et de l'Europe. Parle-moi plutôt de la canzone du jour et oublie un instant tes divagations...


Bon, alors afin que tu t'y retrouves facilement, je vais te donner le topo : l’histoire d'Allemagne du jour est racontée par un homme, né à la fin du 19ième – sans doute vers 1898 et évoque deux trajectoires familiales en quelque sorte parallèles. Celle d'une famille ouvrière, la sienne et celle d'une famille d'hommes politiques pacifistes et communistes– les Liebknecht. C'est au cours des meetings tenus par les Liebknecht des deux générations que les destins des deux familles s’entrecroiseront. On y découvre le personnage de Karl Liebknecht qui fut un des seuls députés allemands à s'opposer à la guerre... Toute une histoire. Toute un histoire où les vies des personnages se croisent en permanence et se racontent l'une l’autre et en arrière-plan, on devine la montée des périls, la venue des grands massacres guerriers. On verra aussi le jeune garçon pisser sur le dos de son père... Mais aussi, on comprend qu'il se retrouvera dans les boues de l'Artois vers 1915, où il s'écriera en lui-même – comme tant d'autres : Liebknecht avait raison.


Oui, c'est certain Liebknecht avait raison... De crier partout « Non à la guerre ! » C'est bien ce pourquoi il fut purement et simplement assassiné d'une balle dans la tête, après toutefois avoir été soigneusement torturé de même que sa camarade Rosa Luxembourg par les corps francs socialistes et nationalistes... Cette conjonction de nationalisme et de socialisme me paraît des plus inquiétantes. Il me semble que cela présage un destin effroyable...

C'est le mot... On y va tout droit à la catastrophe. Mais comme tu le sens bien, nous sommes en plein dans le vortex de formation d'une de ces tornades de la Guerre de Cent Mille ans que les riches font aux pauvres pour renforcer leurs pouvoirs, leurs dominations, pour mieux accroître encore et toujours leurs richesses... Comprendre cela hier, c'est aussi pouvoir le comprendre aujourd'hui... Tel est aussi le sens de ce gyroscope poétique.

En somme, écrire ces canzones, c'est une manière, la tienne, de tisser le linceul de ce vieux monde full of sound and fury, signifying nothing et parfaitement cacochyme.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Une tradition familiale : le fils prolonge le père
C'était comme ça chez nous au moins depuis grand-père
Et pareillement, chez les Liebknecht
D'abord, il y eut Wilhelm Liebknecht
Wilhelm Martin Philipp Christian Ludwig Liebknecht
Un rude gaillard celui-là, un ami de Marx, à Londres, en Angleterre
Il avait fondé le parti social-démocrate, le vieux Liebknecht
Et la Deuxième Internationale ouvrière
Et puis, il alla en prison à force d'être toujours contre la guerre
Il n’aimait pas Bismarck et le Chancelier ne l'aimait guère
Ouvrier aux chemins de fer et syndiqué, mon grand-père,
Emmenait aux meetings de Wilhelm, son fils, mon père,
Lequel, pareillement cheminot et socialiste, en avait gardé cette sentence
« L'annexion de l'Alsace -Lorraine apportera la guerre ! »
De là, à penser qu'il eut mieux valu la laisser à la France...
Dès neuf ans, je vis Karl à la brasserie Felsenkeller
Karl Liebknecht évidemment, le fils de Wilhelm, son père
Parler de la grève générale, discourir contre la guerre.
Gamin, je l'ai toujours vu le camarade, en l'air
De haut, perché sur les épaules de mon père.
En 1907, je lui ai pissé dessus à mon père
Au meeting de Liebknecht, je m'en souviens comme si c'était hier
De la raclée aussi qu'il m'a foutue, ce soir-là, mon père.
Pacifiste d'accord, mais très en colère.
C'est dans la tranchée d'Arras que j'ai compris qu'il avait raison
De crier dans les assemblées et au Reichstag : Non !
Non, non et non à la guerre !
Oui, il avait parfaitement raison
Karl, qu'ils assassinèrent
Avec Rosa, un peu après la guerre.

inviata da Marco Valdo M.I. - 16/1/2011 - 22:13




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