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Des chiffres et des gens

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese



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Des chiffres et des gens

Canzone française – Des chiffres et des gens – Marco Valdo M.I.



Avec un titre pareil, c'est assurément une canzone chiffrée. C'est d'ailleurs étrange une canzone qui fait de la statistique. Dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, qu'est-ce que cela signifie ? Serais-tu atteint de la détestable manie des chiffres ?

Rassure-toi, Lucien Lucien l'âne mon ami, il n'en est rien. Mais tu sais, notre monde croule sous les chiffres et si tu dis, par exemple, que dans le monde, il y a des gens qui meurent de faim, on va te demander combien et on va te demander si tes chiffres sont statistiquement fiables. Dire qu'un grand nombre de personnes n'ont pas de médicaments, ont faim, n'ont pas l'eau potable, pas de logements décents, même pas un abri, pas d'électricité, pas d'égout... ne suffit pas... On veut des chiffres... Eh bien, en voilà.

Oui, des chiffres, admettons des chiffres, dit Lucien l'âne un peu interloqué et relevant ses oreilles en points d'interrogation. Mais quels chiffres, d'où viennent-ils ?

Ah, très bien Lucien. Très bien Lucien l'âne mon ami. J'aime beaucoup ta question. Je vais te le dire d'où viennent ces chiffres, mais d'abord, je dois t'expliquer que les humains ont quand même un peu organisé leur savoir et un peu organisé leurs relations; je dis un peu, non par un tic de langage, mais bien car je pense qu'ils auraient pu et devraient faire bien mieux. Ainsi, il existe une organisation bien imparfaite – De Gaulle l'appelait le machin; il n'avait pas tout-à-fait tort à bien des égards. Cette organisation, ce machin, ce sont les Nations Unies. Oui, je sais, déjà rien que l'idée de nation te fait pousser les crins sur la tête, comme à moi d'ailleurs, mais enfin cette organisation existe et elle a créé pour son fonctionnement – en principe, elle est censée agir sur toute la planète – des agences, qui sont ses bras techniques, ses organes politiques. Parmi ces agences, l'une s'occupe de la faim : c'est la FAO, une autre des enfants, l'Unicef, une autre de la culture, c'est l'Unesco, de la santé, c'est l'OMS, etc. Ces agences publient des chiffres, des statistiques, chacune pour son domaine. Et ce sont les chiffres de ces agences que j'ai repris ci-dessus.

Oui, je vois, dit Lucien l'âne en clignant des yeux. Mais cette litanie qui revient tout au long de la canzone : environ, environ... Que signifie-t-elle ?

Oh, Lucien mon ami l'âne, tout simplement ceci que ces chiffres sont approximatifs, à la grosse louche. En somme, c'est vu en gros. On n'est pas à un million près dans ce genre de calcul. Et puis, ils évoluent dans le temps et sont donc par nature imprécis, mais tendanciellement exacts. Ils indiquent globalement une réalité, comme on dit maintenant dans certains milieux, incontournable.

Cela dit, le résultat final est effrayant. Comment peut-on laisser faire ainsi ? À quoi rime l'humanité ?, demande Lucien l'âne

C'est bien la question que posent ces agences et ces chiffres. Vois-tu, Lucien l'âne au grand cœur, ces organisations sont quand même soumises aux États, lesquels sont soumis aux puissants et aux riches... Donc, il est difficile pour elles de dire explicitement ce que montrent et démontrent les chiffres qu'elles publient. Elles ne peuvent rien dire et surtout pas ceci, c'est qu'il y a en somme deux espèces dans l'humaine nation, dont l'une parasite l'autre : les riches et les pauvres. Et clairement, ce sont les riches qui phagocytent les pauvres. C'est ce que dit la canzone.

Mais enfin, dit Lucien l'âne indigné, tous ces enfants qui meurent en bas âge, tous ces gens mal nourris, sans logement... Comment peut-on tolérer pareille indignité ? Comment peut-on faire çà et laisser faire çà ? C'est proprement injustifiable...

Et bien, Lucien l'âne mon ami, détrompe-toi. Ce « laisser faire », c'est précisément le fondement-même de la justification des riches, c'est le cœur du libéralisme. Ils prétendent – sous le couvert d'une soi-disant science économique – que c'est la meilleure solution. Pour eux, assurément. Mais pour les autres, l'immense majorité des autres, c'est désastreux, c'est carrément assassin. Et il se trouve que certains, l'auteur de la canzone, par exemple, non seulement le disent, le dénoncent, mais appellent à la révolte contre les riches et les puissants, qu'il convient de faire disparaître; ils appellent à la révolte comme le faisaient déjà les Canuts.

Ah oui, les Canuts, ceux qui tissaient le linceul de ce vieux monde indigne et cacochyme.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Une partie dans les airs, une partie sur les mers,
Une partie sous les mers, une partie sous la terre.
Six milliards huit cent millions environ
D'êtres humains, bipèdes omnivores sur cette terre
Un milliard et un peu plus, environ
D'entre nous souffrent de malnutrition
Une partie les mêmes, une partie d'autres – adultes et enfants
Deux milliards environ
N'ont pas de médicaments, n'auront jamais de médicaments
Huit cent quatre-vingts quatre millions d'entre nous environ
Situation très inconfortable
N'ont pas d'eau potable
Les mêmes et d'autres, ont un autre souci
Neuf cent vingt-quatre millions environ
N'ont pas de logements, pas d'abris
Plus encore n'ont pas d'électricité, pas de courant
Que feriez-vous sans courant ?
Un milliard six cent millions
Disons, pour être certains, environ.
Puis, voici les sans égouts nageant dans la boue
La boue, la crasse et on ne dit pas tout
Deux milliards et cinq cent millions environ
Manque de profs, manque d'écoles, manque de fonds
Bien qu'on ne soit pas des bêtes
Il reste, environ, dis-je, environ, environ
Sept cent quatre millions d'adultes analphabètes
Et la pauvreté, voyez-vous çà, de toute façon,
Tue préférentiellement les enfants en dessous de cinq ans
En tout, dix huit millions environ, environ
Et dans ce qui reste des enfants comptés jusque dix sept ans,
Deux cent dix huit millions environ, environ
Sont esclaves, prostitués ou soldats
Domestiques, bêtes de somme et souvent, déjà papas
La Guerre de Cent mille Ans fait beaucoup de dégâts
Le quart, le quart, environ, environ
De toute la population du monde, de toute la population
Un milliard six cent millions, c'est une approximation
Se partagent moins de un pour cent environ
De toutes les richesses, de toutes les productions
Dans le camp des pauvres, ce sont les plus pauvres
Pauvres, pauvres, toujours plus pauvres.
Un dixième, un dixième, environ, environ
Six cent cinquante millions, seulement six cent cinquante millions
Le dixième, le dixième, environ, environ
De toute la population du monde, de toute la population
Se partagent plus de septante pour cent environ
De toutes les richesses, de toutes les productions
Dans le camp des riches, ce sont les plus riches
Riches, riches, toujours plus riches.
Une partie dans les airs, une partie sur les mers,
Une partie sous les mers, une partie sous la terre.
Pour combien de temps encore devront
Six milliards huit cent millions environ
D'êtres humains, bipèdes omnivores sur cette terre
Devront-ils subir cette mortelle indignité
Sans broncher, sans broncher
La Guerre de Cent mille Ans fait rage
Nous, Canuts, Canuts, venus du fond des âges
Nous tissons le linceul du vieux monde
Et l'on entend déjà la révolte qui gronde...

inviata da Marco Valdo M.I. - 26/5/2010 - 22:13




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