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La Métamorphose des Escargots

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese



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La Métamorphose des Escargots


La Métamorphose des Escargots – Marco Valdo M.I. – 2010
Cycle du Cahier ligné – 94


La Métamorphose des Escargots est la nonante-quatrième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

Vois-tu, Lucien l'âne mon ami, comme souvent, la canzone d'aujourd'hui a un titre étrange, elle s'intitule : La Métamorphose des Escargots. Si elle s'était intitulée simplement La Métamorphose, on aurait pu y voir une allusion et un hommage à Franz Kafka(ce qu'elle est, d'ailleurs), jeune homme tchèque doué pour l'écriture et sans doute, un des grands novateurs de littérature du siècle dernier – à tout le moins. Par parenthèse, son nom - si, c'est là une manie de traducteur, on le traduisait en français - donnerait quelque chose de tout aussi mystérieux : François Chouca. Mais revenons à la Métamorphose des Escargots... C'est bien évidemment une métaphore; en somme, une image qui signifie autre chose en plus de ce qu'elle paraît à première vue dire et même ici, c'est là le paradoxe, l'inverse. Je m'explique : une métamorphose est le changement de forme, d'apparence d'un être de sorte qu'il paraît extérieurement – peut-être même intérieurement, mais là, on ne peut le voir – différent de lui-même, être en quelque sorte un autre. Tu me suis...

Voyons, Marco Valdo M.I. mon ami très cher, ne te souviens-tu pas de qui je suis ? Te rends-tu compte à qui tu parles ? Je ne suis pas n'importe qui moi et si tous les êtres – on peut le considérer ainsi subissent une anamorphose – moi, Lucien l'âne, je suis un métamorphosé, c'est même ce qui me caractérise et ce que je traîne depuis des milliers d'années. Au commencement, j'étais un beau jeune homme, comme on dit. Et sans ce sort de sorcière, sans cette sorcellerie... Je n'aurais jamais eu ces belles oreilles qui t'amusent tant. Ni le reste. Donc, je sais ce qu'est une métamorphose, mais encore...

Une métamorphose à l'envers. Dans l'ordre normal, on penserait que la métamorphose des escargots serait le passage des escargots d'une forme à une autre... Je ne sais pas moi, de l'état d'une sorte de ver nu ou de limace à celui d'escargot à coquille. Mais ce n'est pas cela du tout. La métamorphose à laquelle nous assistons ici est celle des hommes en escargots; des hommes libres en hommes chargés d'une coquille qui les écrase : en prisonniers ou en êtres enfermés. La coquille étant la prison elle-même, le lieu d'enfermement et ses contraintes. Le reste est le développement de cette métaphore et son aboutissement final : la destruction de l'être... C'est à quoi résiste notre ami le rêveur enfermé.

Je vois et je comprends, dit Lucien l'âne en tirant ses oreilles bien droites vers le haut comme des points d'exclamation, question de ponctuer ce qui va suivre. Mais, Marco Valdo M.I. mon ami, ne penses-tu pas que c'est aussi la métaphore de la métaphore que le destin des hommes condamnés au travail par l'avidité de quelques-uns, par leur délirant infantilisme de possession et de puissance... Une sorte de métaphore de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres en les écrasant sous les arrogances du pouvoir toujours armé, comme il se doit – sans quoi, il ne tiendrait pas longtemps.


Ainsi va leur monde, en effet, dit Marco Valdo M.I. et il faudra bien y mettre fin un jour... et le plus tôt sera le mieux.

Tu as raison, reprenons notre grand œuvre et tissons le linceul de ce vieux monde inique et cacochyme.

Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Vapeurs, brumes et rosées,
Heureux sur la terre trempée,
Escargots des routes de bave brillante,
Que la soif de liberté tourmente,
Nous glissions solennels comme des bateaux,
Nous étions rois dans ce monde de boue et d'eau,
De lichens, de racines, de sable humide et de pierres.
Passe le coquelet avec son bec de fer
Qui pique, qui pique, qui pique encore
Et qui nous picore.
Marqués au feu de la siccité,
Confinés dans ce refuge de béton et d'acier,
Nous sommes les escargots
Qui portons la prison sur notre dos.
Après des siècles de métamorphose
Nous voici, racrapotés dans cette coquille,
Enveloppés de fermetures, exilés de toute chose,
Escargots face doigts qui grappillent
Comment ne pas soupçonner
L'histoire cachée dans cette main,
Où se lisent nos lendemains
Ni l'art avec lequel nous serons "purgés",
Cuits, assaisonnés et, finalement, mangés.
Arrive le cuisinier
Avec sa toque et son tablier
Qui nous tourne et nous retourne encore
Et qui gourmand, des yeux déjà nous dévore.

inviata da Marco Valdo M.I. - 2/3/2010 - 16:13




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