J'étais allé jusqu'au printemps
En suivant dans l'air un poisson…
Que suivre à présent ?
Une forme, une bosse, un limaçon,
Une fleur empoisonnée, une image de télévision,
Une métamorphose de poisson,
Une esquisse de poisson ou un caméléon
Qu'étouffe le filet.
Une saveur suave de poisson
Comme dans les poulets anglais,
Donne pour vérité le museau de poisson.
Tel est le préjugé obtus de la parole imposée
Par la fontaine aux couleurs changeantes.
Le sens de la vie fuit aux bords de la journée.
L' acceptation des habitudes rassurantes,
Les mots perdus sur le mur
Et le mensonge perdurent.
Tant de temps ici à pourrir.
La seule façon peut-être d'en sortir
Serait de devenir oiseau
Et de s'envoler bien haut,
Tout là haut dans les nues.
Cependant, ma vue est floue et tordue
Mon cœur ne bat pas droit
Il écrase mon cou et serre mon bras
Porte et aorte en dedans tremblent
Comme dans la plaine blanche, les trembles
Épouvantés et biscornus,
Sous le vent du Nord, penchent leurs corps nus
Quand l'horizon n'a plus de route ni de porte
Quand la bise tout au loin emporte
Quand se pétrifie le temps
Et que le gel s'enroule comme un serpent,
Entre les flocons tourne le moulin à penser
Et cogne ma tête aux barreaux de l'hiver.
Les heures ici coulent comme les pierres
Qui descendent en cascade des rochers.
Alors, j'imagine les couleurs et les sons
J'entends déjà les musiques et les chants
Et en suivant dans l'air un poisson
Je m'en vais vers le printemps.
En suivant dans l'air un poisson…
Que suivre à présent ?
Une forme, une bosse, un limaçon,
Une fleur empoisonnée, une image de télévision,
Une métamorphose de poisson,
Une esquisse de poisson ou un caméléon
Qu'étouffe le filet.
Une saveur suave de poisson
Comme dans les poulets anglais,
Donne pour vérité le museau de poisson.
Tel est le préjugé obtus de la parole imposée
Par la fontaine aux couleurs changeantes.
Le sens de la vie fuit aux bords de la journée.
L' acceptation des habitudes rassurantes,
Les mots perdus sur le mur
Et le mensonge perdurent.
Tant de temps ici à pourrir.
La seule façon peut-être d'en sortir
Serait de devenir oiseau
Et de s'envoler bien haut,
Tout là haut dans les nues.
Cependant, ma vue est floue et tordue
Mon cœur ne bat pas droit
Il écrase mon cou et serre mon bras
Porte et aorte en dedans tremblent
Comme dans la plaine blanche, les trembles
Épouvantés et biscornus,
Sous le vent du Nord, penchent leurs corps nus
Quand l'horizon n'a plus de route ni de porte
Quand la bise tout au loin emporte
Quand se pétrifie le temps
Et que le gel s'enroule comme un serpent,
Entre les flocons tourne le moulin à penser
Et cogne ma tête aux barreaux de l'hiver.
Les heures ici coulent comme les pierres
Qui descendent en cascade des rochers.
Alors, j'imagine les couleurs et les sons
J'entends déjà les musiques et les chants
Et en suivant dans l'air un poisson
Je m'en vais vers le printemps.
inviata da Marco Valdo M.I. - 17/10/2009 - 22:03
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Canzone léviane – En suivant dans l'air un poisson – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 58
En suivant dans l'air un poisson est la cinquante-huitième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.
Comment peut-on suivre un poisson dans l'air ?, dit Lucien l'âne aux yeux de velours et au sourire à peine esquissé. Et pour aller jusqu'au printemps, en plus ? En voilà une étrange histoire...
C'est, en effet, une étrange expression, mais elle est très belle et elle me plaît beaucoup, répond Marco Valdo M.I.. Le reste du texte de la canzone est truffé d'images qu'on devine mouvantes et colorées. Mais vois-tu, Lucien mon ami, je te dis mon ami car j'aime t'appeler ainsi, j'aime aussi qu'on sache que j'ai comme ami Lucien l'âne. Voilà. Et malgré son air d'être ailleurs, elle est terrible cette canzone et elle emmêle plusieurs thèmes : et tout d'abord, cette réfutation de notre monde tout entier gangrené par l'image de télévision : une fleur empoisonnée qui étouffe. Et le retour brutal sur la condition du prisonnier-blessé-guerrier... qui pourrit doucement – comme les autres prisonniers... - dans sa cellule et qui présente tous les signes d'ennuis cardiaques. C'est sa traversée de l'hiver et la folie le guette et le désir l'empoigne de sortir et de l'hiver et de la condition de prisonnier en suivant dans l'air un poisson. Bien entendu, c'est sa manière de résister à la pression, c'est un paysage onirique et un voyage intérieur, un peu comme un sous-marin qui, pour se protéger, se met en plongée profonde. Et toujours, cette revendication de la pensée qui l'assure de son existence et de sa résistance. Pour lui aussi, la règle de survie est : Ora e sempre : Resistenza !
Le temps passé là doit être des plus pénibles, dit Lucien l'âne au pelage noir et ras, comme le plus dur des hivers et même les heures sont dures à avaler : « Les heures ici coulent comme les pierres... ». Mais il a parfaitement raison, finalement, de suivre en l'air le poisson qui le mène au printemps. Je le suivrai aussi.
Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane