Pasážová revolta
Karel KrylOriginale | Version française - NOTRE RÉVOLTE – Marco Valdo M.I. – 2009 ... |
PASÁŽOVÁ REVOLTA | NOTRE RÉVOLTE |
Nosíme z módy kopretiny čímž okrádáme stáda a vůl - kdys jméno obětiny je titul kamaráda Na obou nohách vietnamku a jako komfort hlavu Na klopě placku jak psí známku Znak příslušnosti k davu | Fidèles aux diktats de la mode Nous portions à la boutonnière les pâquerettes Que nous volions aux troupeaux; Le bœuf, qu'auparavant, on sacrifiait aux dieux Est devenu le symbole de l'amitié. Nous arborions aux pieds nos “vietnamkes” Et notre tête comme un luxe. Sur notre pull, nous portions les insignes Comme des plaques de chiens : Notre signe d'appartenance à la foule. |
I naše generace má svoje prominenty Program je rezignace a facky argumenty Potlesk je k umlčení a pískot na pochvalu a místo přesvědčení jen pití píva Z žalu | Même notre génération A ses privilégiés. La résignation est notre programme Les gifles leurs arguments. Nous applaudissons en silence Et nous sifflons les louanges Et au lieu de la foi Nous buvons la bière, par désespoir ! |
Pod zadkem stránku Dikobrazu vzýváme Zlaté tele Sedáme v koutcích u obrazů Čekáme Spasitele Civíme lačně na měďáky My - Gottwaldovi vnuci A nadáváme na měšťáky tvoříce - Revoluci | Une feuille du "Dikobraz" sous les fesses, Nous invoquions le veau d'or. Nous nous asseyons dans les coins, En attendant le Sauveur. Nous regardons avides la monnaie, Nous, les petits- enfants de Gottwald ! Et nous nous foutions des bourgeois, Nous, les créateurs de la Révolution ! |
I naše generace má svoje kajícníky a fízly z honorace a skromný úředníky a tvory bez svědomí a plazy bez páteře a život v bezvědomí a lásku K nedůvěře | Même notre génération A ses pénitents Et ses espions de la haute société Et ses modestes petits employés Et ses créatures inconscientes Et ses reptiles sans épine dorsale Et sa vie dans l'ignorance Et son amour pour la méfiance. |
Už nejsme, nejsme to co kdysi Už známe ohnout záda Umíme dělat kompromisy a zradit kamaráda A vděčni dnešní Realitě líbáme cizí ruce A jednou zajdem na úbytě z té smutné revoluce | Désormais; nous ne sommes plus, nous ne sommes plus Ceux d'autrefois, Désormais nous savons comment on courbe les échines Et comment on s'abaisse à des compromis Et comment on trahit son ami. Et reconnaissant à la réalité d'aujourd'hui Nous baisons les mains étrangères ! Et un beau jour, nous crèverons tous À cause de cette triste révolte. |
I v naší generaci už máme pamětníky a vlastní emigraci a vlastní mučedníky A s hubou rozmlácenou dnes zůstali jsme němí Ne - nejsme na kolenou Ryjeme držkou v zemi! | Même notre génération A ses témoins A son émigration A ses martyrs Et avec la bouche ravagée Aujourd'hui, nous restons muets. Non, nous ne sommes pas à genoux... Nous picorons avec notre museau dans la boue. |
Dans le texte, Karel Kryl par le du "bœuf" (Le bœuf, qu'auparavant, on sacrifiait aux dieux); il s'agit d'une allusion au fait que dans une partie de la jeunesse de Prague, on s'appelait amicalement "bœuf". Quant aux "vietnamkes", il s'agit de pantoufles japonaises de caoutchouc, qui dans certains pays socialistes étaient, en ce temps-là, rares et à la mode. Enfin, le "Dikobraz" (Le Porc Épic) était un journal satirique tchèque (de satire essentiellement politique).