Language   

Mi' padre [Mio padre è morto a 18 anni partigiano]

Gigi Proietti
Back to the song page with all the versions


Questo è un testo bellissimo.
MON PÈRE EST MORT A 18 ANS PARTISANMI’ PADRE
Mon père est mort partisan,
à dix-huit ans, fusillé dans le Nord, on ne sait même pas où ;
je ne l'ai jamais vu, je sais juste comme il était
par ce que ma mère m'en disait :
il jouait à la Roma primavera.
È morto partigiano, a diciott’anni,
fucilato ner nord, manco so dove;
perciò nun l’ho mai visto: so com’era
da quello che mi’ madre me diceva:
giocava nella Roma primavera.
Mais l'autre nuit, tandis que je dormais
C'était il y a deux ou trois nuits.
Il est venu me réveiller à l'improviste
et je l'ai vu, comme si c'était vrai;
sur son visage, il y avait un grand sourire
qui s'épandait en lumière comme un cierge.
Mo l’antra notte, mentre che dormivo,
sarà stato… ma due o tre notti fa,
m’è parso de svejàmme all’improvviso
e de vedéllo, come fusse vero;
sulla faccia c’aveva un gran soriso,
che spannéva ‘na luce come un cero.
C'est fou, comme tu dors – m'a-t-il crié,
c'était vraiment lui, j'en suis sûr,
celui-là même de la photographie que ma mère
avait sur la commode, derrière une branche
de palmier toute sèche, bénie,
un jeune homme, en camisole qui rit
avec un mouchoir rouge au cou.
- Ammazza, come dormi - m’ha strillato,
era [sì] proprio lui, ne so’ sicuro,
lo stesso della foto che mi’ madre
ciaveva sur comò, dietro ‘na frónna
de pàrma tutta secca, benedetta,
‘n regazzino, che ride in camiciola,
cor fazzoletto rosso sulla gola.
Comme je rêvais dans mes rêves,
Surpris, j'ai demandé : Mais qui es-tu ?
Je suis ton père, m'a-t-il dit en riant
Peut-être es-tu gêné à ton âge
de m'appeler papa.
Ma siccome sognavo i sogni miei,
pe’ la sorpresa j’ho chiesto: - Chi sei?-
- So’ tu’ padre – m’ha detto lui ridènno
- forse che te vergogni alla tua età
de chiamàmme cor nome de papà? -
Non, papa, je t'appellerai comme tu dis,
ça me fait rire de te voir au naturel,
excuse-moi si tu me trouves au lit,
Que veux-tu savoir ? Je ne peux pas me plaindre,
je ne suis pas un monsieur, trente-deux ans,
devant j'ai une vie,
ma partie n'est pas encore finie.
Tu le sais, depuis que maman s'est mariée
avec mon père, qui en fait est mon beau-père...
je crois, sept ans après ta mort...
- No, no, papà, te chiamo come hai detto,
me fa rìde vedétte ar naturale,
scùseme tanto se me trovi a letto,
che voi sape’? ‘N me posso lamenta’,
nun so’ un signore, [c’ho] trentadu’ anni,
[…] davanti c’ho ‘na vita,
ancora nun è chiusa la partita. -
Lo sai, da quanno mamma s’è sposata
co’ mi’ padre, che invece è er mi’ patrigno…
credo sett’anni dopo la tua morte… -
À ces morts, j'ai vu qu'il plissait un peu les yeux,
comme quand il y a un soleil trop fort.
Excuse-moi papa, je croyais que tu le savais.
Mais lui en riant sans en faire une affaire,
crâneur, insouciant, m'a répondu :
A ‘ste parole ho visto che strigneva
[…] un poco l’occhi,
come quanno stai ar sole troppo forte.
- Scusa papà, credevo lo sapessi -
Ma lui, ridènno senza fàcce caso,
spavàrdo, spenzierato, m’ha risposto:
mais qu'en sais-je moi de ce qui s'est passé,
je suis resté comme je vous ai laissés,
quand je jouais, jouais, jouais...
je jouais au foot et ne me fatiguais jamais,
je jouais avec ta mère et je l'embrassais,
je jouais avec ma vie et je ne voulais pas,
avec les fascistes pourtant ne n'y jouais pas,
je tirais, je tirais, je tirais...
- Ma che ne so de quello che è successo,
io so’ rimasto come v’ho lassato,
quanno giocavo, giocavo, giocavo…
giocavo a calcio e mica me stancavo,
giocavo co’ tu madre e l’abbracciavo,
giocavo co’ la vita e nun volevo,
coi fascisti però nun ce giocavo,
io [je] sparavo, sparavo, sparavo. -
Puis, il m'a touché les pieds dans le lit,
et il a fait un signe, comme pour dire : tu es grand !
Et dis-moi, dit-il, avant de m'en aller,
qu'as-tu fais de la vie
que je t'ai donnée en jouant avec la mienne...
Je voudrais savoir : ce monde tu l'as changé ?
Ce grand pays, vous l'avez transformé ?
L'homme nouveau est-il né ou n'est-il pas né ?
De quelle manière vous nous avez vengés ?
Et il riait des yeux, des cheveux,
il semblait presque qu'il le faisait exprès.
Il se foutait de moi, je compris, ce puant,
il riait et attendait ma réponse.
Poi m’ha toccato i piedi dentro ar letto
e ha fatto un cenno, come a di’ - Sei àrto! -
- E dimme - dice - prima d’anna’ via,
[…] che n’hai fatto della vita
che t’ho dato giocànno co’ la mia…
Vojo sape’, sto mónno l’hai cammiàto?
Sto gran paese l’a’te trasformato?
E l’omo novo è nato o nun è nato?
‘N quarche modo c’avete vendicato?
- e rideva co’ l’occhi, coi capelli,
sembrava quasi lo facesse apposta.
Me sfotteva, capito, quer puzzone
rideva ed aspettava la risposta.
Mais toi, que veux-tu avec toutes ces questions ?
Mais car tu es mon père, tu en profites.
Tu me dois le respect, je suis le plus grand !
Ça va maintenant tu prétends que tu a des droits
car tu es un partisan fusillé...
Mais si tu m'éveilles, je te répondrai
mais attends seulement que je retrouve mon souffle.
- Ma tu che vòi co’ tutte ‘ste domànne?
Mo perché sei mi’ padre t’approfitti.
Tu m’hai da rispetta’, io so’ più grànne!
Vabbe’ [che] adesso accampi li diritti
perché sei partigiano fucilato…
ma se me fai sveja’ io t’arispónno,
mabbasta solo che aripijo fiato.
Certes, la vie est améliorée !
Nous l'avons quand même fait des progrès.
Irrésistibles, ont-ils écrit dans les journaux.
[Ma] certo che la vita è migliorata!
Avémo pure fatto l’avanzata.
“Travorgènte” hanno scritto sui giornali. -
C'est mieux ainsi – me fait-il – on voit ce que ça a servi...
Tu vois quand ils m'ont fusillé
Je n'ai pas crié les phrases des héros
Je pensais à vous qui sur le même terrain
auriez certainement gagné la partie
même si je perdais la première mi-temps.
- Mejo così, se vede che è servito…
vedi, quanno che m’hanno fucilato
‘n ho strillato le frasi de l’eroi,
pensavo a voi che sullo stesso campo
avreste certo vinto la partita,
pure che io perdevo er primo tempo. -
Non, un moment papa, je t'explique mieux...
Ce n'est par que nous ayons déjà tout à fait gagné
dans la mesure où il y a un retour hem...
Et alors mon père, ce garçon,
qui se peignait devant le miroir
se retourna, me fixa et me demanda :
Mais en somme, à présent, le peuple commande ?
- No, un momento papà, te spiego mejo…
nun è che avémo proprio già risòrto
nella misura in cui ce sta er risvòrto … -
E allora quer regazzo de mi’ padre
che stava a pettinasse nello specchio
s’arivòrta, me fissa e me domànna:
- Ma insomma, adesso er popolo comànna?-
Là, j'ai bondi sur le lit, avec une main,
je me remontais les pantalons, avec l'autre
je cherchais à le toucher, et je ne pouvais pas.
Alors, j'ai parlé,
car il m'avait pris comme une mélancolie
et je ne voulais pas qu'il s'en aille
avant de savoir bien comment ç'avait été.
So’ zompato sur letto: e cco’ ‘na mano
m’areggevo ‘e mutànne, [e poi] co’ l’àrtra
cercavo de toccàllo, e nun potevo.
Allora […] j’ho parlato,
[come preso da] ‘na malinconia,
nun volevo che se ne annàsse via
prima de sape’ bene come è stato.
Tu es un gamin, papa, comme je t'explique,
tu ne peux pas comprendre comment change le monde.
Il y fait du temps, ce temps mange
nos rêves,; moi, tu sais ce que je fais, j'attends !
Tout ce qui vient, je l'accepte,
Nous sommes contents si la Roma gagne,
Les camarades sont si nombreux et les sourds si peu...
et il n'y a plus temps pour les jeux.
- Sei ‘n regazzo, papà, come te spiego,
nun pòi capi’ […] come càmmia er mónno.
Ce vòle tempo, er tempo se li magna
i sogni nostri, io, sai che faccio, aspetto!
Tutto quello che viene, io l’accetto,
sémo contenti se la Roma segna,
li compagni so’ tanti, i sòrdi pochi…
e nun ce sta più tempo pe’ li giochi! -
Il y en a toujours qui t'arrachent les plumes,
Mais tu ne pourras pas comprendre, papa, tu es un gamin.
Si tu étais vivant, je t'ajouterais trente ans,
il vaut mieux que tu retournes d'où tu es venu,
car ceux qui t'ont fusillé,
sont précisément ceux-là qui te font mourir tous les jours !
Laisse tomber papa, il n'y a pas d'air ici,
Nous avons grandi... Nous ne sommes plus des enfants.
Retourne jouer avec les autres garçons
qui ont fait comme toi,
nous nous sommes sérieux... et nous ne jouons plus.
- Ma […] so’ sempre quelli
[…] te strappano le penne,
ma tu nun pòi capi’, sei minorenne,
se eri vivo te dàveno trent’anni,
mejo che torni da ndo’ sei venuto,
perché quelli che t’hanno fucilato,
[…] proprio quelli lì
qui te fanno mori’ tutti li giorni!
Lassa pèrde papà, qui nun è aria,
sémo cresciuti… ‘n sémo piu’ bambini,
torna a gioca’ co’ l’artri regazzini
che hanno fatto come hai fatto tu,
noi sémo seri… e nun giocamo più.
À ce point, mon père s'est lassé,
il a haussé les épaules, un salut,
il a remis sa gloire dans son sac,
et il a tourné le dos et s'en est allé
en répétant au vent son histoire :
A ‘sto punto mi’ padre s’è stufato,
ha fatto du’ spallucce, ed un saluto,
s’è rimesso in saccoccia la sua gloria,
e vortànno le spalle se n’è annàto
ripetendo ner vento la sua storia:
Mais qu'en sais-je moi de ce qui s'est passé,
je suis resté comme je vous ai laissés,
quand je jouais, jouais, jouais...
je jouais au foot et ne me fatiguais jamais,
je jouais avec ta mère et je l'embrassais,
je jouais avec ma vie et je ne voulais pas,
avec les fascistes pourtant ne n'y jouais pas,
je tirais, je tirais, je tirais...
- Ma che ne so de quello che è successo,
io so’ rimasto come v’ho lassato,
quanno giocavo, giocavo, giocavo…
giocavo a calcio e mica me stancavo,
giocavo co’ tu’ madre e l’abbracciavo,
giocavo co’ la vita e nun volevo,
coi fascisti però nun ce giocavo…
io [je] sparavo, sparavo, sparavo.


Back to the song page with all the versions

Main Page

Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.




hosted by inventati.org