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Pour me rendre à mon bureau

Jean Boyer
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OriginalPour me rendre à mon bureau
POUR ME RENDRE À MON BUREAU

Pour me rendre à mon bureau, j'avais acheté une auto
Une jolie traction avant qui filait comme le vent.
C'était en Juillet 39, je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois d'avoir une voiture à moi.
Mais vint septembre, et je pars pour la guerre.
Huit mois plus tard, en revenant :
Réquisition de ma onze chevaux légère
"Nein verboten" provisoirement.

Pour me rendre à mon bureau alors j'achète une moto
Un joli vélomoteur faisant du quarante à l'heure.
A cheval sur mon teuf-teuf je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois de rentrer si vite chez moi.
Elle ne consommait presque pas d'essence
Mais presque pas, c'est encore trop.
Voilà qu'on me retire ma licence
J'ai dû revendre ma moto.

Pour me rendre à mon bureau alors j'achète un vélo
Un très joli tout nickelé avec une chaîne et deux clefs.
Monté sur des pneus tous neufs je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois d'avoir un vélo à moi.
J'en ai eu coup sur coup une douzaine
On me les volait périodiquement.
Comme chacun d'eux valait le prix d'une Citroën
Je fus ruiné très rapidement.

Pour me rendre à mon bureau alors j'ai pris le métro
Ça ne coûte pas très cher et il y fait chaud l'hiver.
Alma, Iéna et Marbœuf je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois de rentrer si vite chez moi.
Hélas par économie de lumière
On a fermé bien des stations.
Et puis ce fut, ce fut la ligne tout entière
Qu'on supprima sans rémission.

Pour me rendre à mon bureau j'ai mis deux bons godillots
Et j'ai fait quatre fois par jour le trajet à pied aller-retour.
Les Tuileries, le Pont Neuf je me gonflais comme un bœuf,
Fier de souffrir de mes corps pour un si joli décor.
Hélas, bientôt, je n'aurai plus de godasses,
Le cordonnier ne ressemelle plus.
Mais en homme prudent et perspicace
Pour l'avenir j'ai tout prévu.

Je vais apprendre demain à me tenir sur les mains
J'irai pas très vite bien sûr mais je n'userai plus de chaussures.
Je verrai le monde de bas en haut c'est peut-être plus rigolo.
Je n'y perdrai rien par surcroît:
Il est pas drôle à l'endroit.

POUR ME RENDRE À MON BUREAU

Pour me rendre à mon bureau,
J'avais acheté une auto,
Une jolie traction avant
Qui filait comme le vent.
C'était en Juillet 39,
Je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois
D'avoir une voiture à moi.
Mais vint septembre,
Et je pars pour la guerre.
Huit mois plus tard, en revenant :
Réquisition de ma onze chevaux légère :
"Nein verboten" provisoirement.

Pour me rendre à mon bureau,
Alors j'achète une moto,
Un joli vélomoteur
Faisant du quarante à l'heure.
À cheval sur mon teuf-teuf,
Je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois
De rentrer si vite chez moi.
Elle ne consommait presque pas d'essence ;
Mais presque pas, c'est encore trop.
Voilà qu'on me retire ma licence,
J'ai dû revendre ma moto.

Pour me rendre à mon bureau,
Alors, j'achète un vélo,
Un très joli tout nickelé
Avec une chaîne et deux clefs.
Monté sur des pneus tous neufs
Je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois
D'avoir un vélo à moi.
J'en ai eu coup sur coup une douzaine,
On me les volait périodiquement.
Comme chacun d'eux valait le prix d'une Citroën,
Je fus ruiné très rapidement.

Pour me rendre à mon bureau,
Alors, j'ai pris le métro.
Ça ne coûte pas très cher
Et il y fait chaud l'hiver.
Alma, Iéna et Marbœuf,
Je me gonflais comme un bœuf
Dans ma fierté de bourgeois
De rentrer si vite chez moi.
Hélas par économie de lumière,
On a fermé bien des stations.
Et puis ce fut, ce fut la ligne tout entière
Qu'on supprima sans rémission.

Pour me rendre à mon bureau,
J'ai mis deux bons godillots
Et j'ai fait quatre fois par jour,
Le trajet à pied aller-retour.
Les Tuileries, le Pont Neuf,
Je me gonflais comme un bœuf,
Fier de souffrir de mes cors
Pour un si joli décor.
Hélas, bientôt, je n'aurai plus de godasses,
Le cordonnier ne ressemelle plus.
Mais en homme prudent et perspicace,
Pour l'avenir, j'ai tout prévu.

Je vais apprendre demain
À me tenir sur les mains. 
Je n'irai pas très vite bien sûr,
Mais je n'userai plus de chaussures.
Je verrai le monde de bas en haut,
C'est peut-être plus rigolo.
Je n'y perdrai rien par surcroît:
Il est pas drôle à l'endroit.

Pour peu que j'aie sur le trottoir la chance
De mettre la main en plein dedans,
En plein dans la chose à laquelle je pense,
Je serai l'homme le plus content.
Ça me portera bonheur
Et ça me donnera du beurre
Pour attendre patiemment
Ma future Traction-avant.


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