Le gorille
Georges BrassensOriginal | La versione tedesca di Franz Josef Degenhardt |
LE GORILLE C'est à travers de larges grilles, Que les femelles du canton, Contemplaient un puissant gorille, Sans souci du qu'en-dira-t-on. Avec impudeur, ces commères Lorgnaient même un endroit précis Que, rigoureusement ma mère M'a défendu de nommer ici... Gare au gorille !... Tout à coup la prison bien close Où vivait le bel animal S'ouvre, on n'sait pourquoi. Je suppose Qu'on avait dû la fermer mal. Le singe, en sortant de sa cage Dit "C'est aujourd'hui que j'le perds !" Il parlait de son pucelage, Vous aviez deviné, j'espère ! Gare au gorille !... L'patron de la ménagerie Criait, éperdu : "Nom de nom ! C'est assommant car le gorille N'a jamais connu de guenon !" Dès que la féminine engeance Sut que le singe était puceau, Au lieu de profiter de la chance, Elle fit feu des deux fuseaux ! Gare au gorille !... Celles là même qui, naguère, Le couvaient d'un œil décidé, Fuirent, prouvant qu'elles n'avaient guère De la suite dans les idées ; D'autant plus vaine était leur crainte, Que le gorille est un luron Supérieur à l'homme dans l'étreinte, Bien des femmes vous le diront ! Gare au gorille !... Tout le monde se précipite Hors d'atteinte du singe en rut, Sauf une vielle décrépite Et un jeune juge en bois brut; Voyant que toutes se dérobent, Le quadrumane accéléra Son dandinement vers les robes De la vieille et du magistrat ! Gare au gorille !... "Bah !", soupirait la centenaire, "Qu'on puisse encore me désirer, Ce serait extraordinaire, Et, pour tout dire, inespéré !" ; Le juge pensait, impassible, "Qu'on me prenne pour une guenon, C'est complètement impossible..." La suite lui prouva que non ! Gare au gorille !... Supposez que l'un de vous puisse être, Comme le singe, obligé de Violer un juge ou une ancêtre, Lequel choisirait-il des deux ? Qu'une alternative pareille, Un de ces quatres jours, m'échoie, C'est, j'en suis convaincu, la vieille Qui sera l'objet de mon choix ! Gare au gorille !... Mais, par malheur, si le gorille Aux jeux de l'amour vaut son prix, On sait qu'en revanche il ne brille Ni par le goût, ni par l'esprit. Lors, au lieu d'opter pour la vieille, Comme l'aurait fait n'importe qui, Il saisit le juge à l'oreille Et l'entraîna dans un maquis ! Gare au gorille !... La suite serait délectable, Malheureusement, je ne peux Pas la dire, et c'est regrettable, Ça nous aurait fait rire un peu ; Car le juge, au moment suprême, Criait : "Maman !", pleurait beaucoup, Comme l'homme auquel, le jour même, Il avait fait trancher le cou. Gare au gorille !... [Nous terminerons cette histoire Par un conseil aux chats-fourrés Redoutant l’attaque notoire Qu’un d’eux subit dans des fourrés : Quand un singe fauteur d'opprob’e Hante les rues de leur quartier Ils n’ont qu’à retirer leur robe Ou mieux à changer de métier. Gare au gorille !...] [1] | VORSICHT GORILLA Ein Wanderzirkus ging pleite in der kleinen schwäbischen Stadt, wo der Richter unsere Leute aus Mutlangen verurteilt hat. Die ließen zurück einen Affen im Käfig. Der Magistrat, der ließ ihn im Stadtpark begaffen. Und da lebt‘ er auf Kosten vom Staat, dieser Gorilla. Meist stand er gereckt zwischen seinen Gestängen, finster und groß. »Ganz affengeil“, sagten die Kleinen. Die Großen lächelten bloß weil sie sahen, sein Ding war kleiner wie aus Pornofilmen bekannt . Und so achtete eigentlich keiner auf das Schild, das am Käfig stand: Vorsicht Gorilla. Dann ist es einer gewesen, womöglich ein Friedensfreund; oder er konnte nicht lesen; oder ‘n Penner, der nachts herumstreunt. Vielleicht war auch einer besoffen und gab dem Riegel ein‘ Stoß. Der Käfig stand jedenfalls offen, also der Affe war los. Vorsicht Gorilla. Gorillas sind Menschenaffen, vor allem gerade auch der war so wie ein Mensch beschaffen und liebte die Menschen sehr. Besonders im Frühjahr geriet er in Liebe zu ihnen, und dann gierte er immer wieder nach solchen mit Röcken an. Vorsicht Gorilla. Nun höre ich ein paar schreien: »Das ist eine Perversion. Ein Affe soll Affen freien.“ Aber bitte, was heißt das schon? Der hatte sein erstes Erlebnis mit der Witwe von seinem Dompteur, allerdings ohne Ergebnis, und so war es auch kein Malheur für den Gorilla. Er zockelte aus dem Gehege, aufrecht, mit wackelndem Gang, und suchte, ob er am Wege nicht so ein Menschenweib fand. In der Fußgängerzone da liefen nur wenige vor ihm weg. Die meisten lachten und riefen: Mal wieder ein Werbe-Gag, dieser Gorilla Ob er die grellbunten Kleider nicht mochte, das wissen wir nicht. Er zockelte jedenfalls weiter und kam so bis vors Gericht. Da schritt, wie immer ganz munter, im flatternden Talar unser Richter die Treppe hinunter, und das fand ganz wunderbar unser Gorilla. Er stieg die paar Stufen zum Richter, packte liebevoll dessen Talar, und der begriff wieder mal nicht, der, die wirkliche Gefahr. Sagt: Was Sie da tun, ist sträflich, eine unerlaubte Handlung, im rechtlichen Sinne verwerflich, und zwar eine Nötigung, böser Gorilla.“ Der Gorilla grunzte und holte den Richter, zerriß den Talar und tat, was er tun wollte, und als es dann so weit war, da schrie der ziemlich verwirrte Richter — so wie der G.I., als die Pershing zwo bei Heilbronn explodierte, Mama“ — und dann war es vorbei. Vorsicht Gorilla |
[1] La strofa "autocensurata" viene ripristinata qui nel testo. |