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État de siège

Garrett List
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الترجمة الإيطالية / Traduzione italiana / Traduction italienne / Ita...
ÉTAT DE SIÈGE

Ici, aux pentes des collines, face au crépuscule et au canon du temps
Près des jardins aux ombres brisées,
Nous faisons ce que font les prisonniers,
Ce que font les chômeurs :
Nous cultivons l’espoir.
* * *
Un pays qui s’apprête à l’aube. Nous devenons moins intelligents
Car nous épions l’heure de la victoire :
Pas de nuit dans notre nuit illuminée par le pilonnage.
Nos ennemis veillent et nos ennemis allument pour nous la lumière
Dans l’obscurité des caves.
* * *
Ici, nul « moi ».
Ici, Adam se souvient de la poussière de son argile.
* * *
Au bord de la mort, il dit :
Il ne me reste plus de trace à perdre :
Libre je suis tout près de ma liberté. Mon futur est dans ma main.
Bientôt je pénètrerai ma vie,
Je naîtrai libre, sans parents,
Et je choisirai pour mon nom des lettres d’azur...
* * *
Ici, aux montées de la fumée, sur les marches de la maison,
Pas de temps pour le temps.
Nous faisons comme ceux qui s’élèvent vers Dieu :
Nous oublions la douleur.
* * *
Rien ici n’a d’écho homérique.
Les mythes frappent à nos portes, au besoin.
Rien n’a d’écho homérique. Ici, un général
Fouille à la recherche d’un Etat endormi
Sous les ruines d’une Troie à venir.
* * *
Vous qui vous dressez sur les seuils, entrez,
Buvez avec nous le café arabe
Vous ressentiriez que vous êtes hommes comme nous
Vous qui vous dressez sur les seuils des maisons
Sortez de nos matins,
Nous serons rassurés d’être
Des hommes comme vous !
* * *
Quand disparaissent les avions, s’envolent les colombes
Blanches blanches, elles lavent la joue du ciel
Avec des ailes libres, elles reprennent l’éclat et la possession
De l’éther et du jeu. Plus haut, plus haut s’envolent
Les colombes, blanches blanches. Ah si le ciel
Etait réel [m’a dit un homme passant entre deux bombes]
* * *
Les cyprès, derrière les soldats, des minarets protégeant
Le ciel de l’affaissement. Derrière la haie de fer
Des soldats pissent — sous la garde d’un char -
Et le jour automnal achève sa promenade d’or dans
Une rue vaste telle une église après la messe dominicale...
* * *
[A un tueur] Si tu avais contemplé le visage de la victime
Et réfléchi, tu te serais souvenu de ta mère dans la chambre
A gaz, tu te serais libéré de la raison du fusil
Et tu aurais changé d’avis : ce n’est pas ainsi qu’on retrouve une identité.
* * *
Le brouillard est ténèbres, ténèbres denses blanches
Epluchées par l’orange et la femme pleine de promesses.
* * *
Le siège est attente
Attente sur une échelle inclinée au milieu de la tempête.
* * *
Seuls, nous sommes seuls jusqu’à la lie
S’il n’y avait les visites des arcs en ciel.
* * *
Nous avons des frères derrière cette étendue.
Des frères bons. Ils nous aiment. Ils nous regardent et pleurent.
Puis ils se disent en secret :
« Ah ! si ce siège était déclaré... » Ils ne terminent pas leur phrase :
« Ne nous laissez pas seuls, ne nous laissez pas. »
* * *
Nos pertes : entre deux et huit martyrs chaque jour.
Et dix blessés.
Et vingt maisons.
Et cinquante oliviers...
S’y ajoute la faille structurelle qui
Atteindra le poème, la pièce de théâtre et la toile inachevée.
* * *
Une femme a dit au nuage : comme mon bien-aimé
Car mes vêtements sont trempés de son sang.
* * *
Si tu n’es pluie, mon amour
Sois arbre
Rassasié de fertilité, sois arbre
Si tu n’es arbre mon amour
Sois pierre
Saturée d’humidité, sois pierre
Si tu n’es pierre mon amour
Sois lune
Dans le songe de l’aimée, sois lune
[Ainsi parla une femme
à son fils lors de son enterrement]
* * *
Ô veilleurs ! N’êtes-vous pas lassés
De guetter la lumière dans notre sel
Et de l’incandescence de la rose dans notre blessure
N’êtes-vous pas lassés Ô veilleurs ?
* * *
Un peu de cet infini absolu bleu
Suffirait
A alléger le fardeau de ce temps-ci
Et à nettoyer la fange de ce lieu
* * *
A l’âme de descendre de sa monture
Et de marcher sur ses pieds de soie
A mes côtés, mais dans la main, tels deux amis
De longue date, qui se partagent le pain ancien
Et le verre de vin antique
Que nous traversions ensemble cette route
Ensuite nos jours emprunteront des directions différentes :
Moi, au-delà de la nature, quant à elle,
Elle choisira de s’accroupir sur un rocher élevé.
* * *
Nous nous sommes assis loin de nos destinées comme des oiseaux
Qui meublent leurs nids dans les creux des statues,
Ou dans les cheminées, ou dans les tentes qui
Furent dressées sur le chemin du prince vers la chasse.
* * *
Sur mes décombres pousse verte l’ombre,
Et le loup somnole sur la peau de ma chèvre
Il rêve comme moi, comme l’ange
Que la vie est ici... non là-bas.
* * *
Dans l’état de siège, le temps devient espace
Pétrifié dans son éternité
Dans l’état de siège, l’espace devient temps
Qui a manqué son hier et son lendemain.
* * *
Ce martyr m’encercle chaque fois que je vis un nouveau jour
Et m’interroge : Où étais-tu ? Ramène aux dictionnaires
Toutes les paroles que tu m’as offertes
Et soulage les dormeurs du bourdonnement de l’écho.
* * *
Le martyr m’éclaire : je n’ai pas cherché au-delà de l’étendue
Les vierges de l’immortalité car j’aime la vie
Sur terre, parmi les pins et les figuiers,
Mais je ne peux y accéder, aussi y ai-je visé
Avec l’ultime chose qui m’appartienne : le sang dans le corps de l’azur.
* * *
Le martyr m’avertit : Ne crois pas leurs youyous
Crois-moi père quand il observe ma photo en pleurant
Comment as-tu échangé nos rôles, mon fils et m’as-tu précédé.
Moi d’abord, moi le premier !
* * *
Le martyr m’encercle : je n’ai changé que ma place et mes meubles frustes.
J’ai posé une gazelle sur mon lit,
Et un croissant lunaire sur mon doigt,
Pour apaiser ma peine.
* * *
Le siège durera afin de nous convaincre de choisir un asservissement qui ne nuit
pas, en toute liberté !!
* * *
Résister signifie : s’assurer de la santé
Du cœur et des testicules, et de ton mal tenace :
Le mal de l’espoir.
* * *
Et dans ce qui reste de l’aube, je marche vers mon extérieur
Et dans ce qui reste de la nuit, j’entends le bruit des pas en mon intention.
* * *
Salut à qui partage avec moi l’attention à
L’ivresse de la lumière, la lumière du papillon, dans
La noirceur de ce tunnel.
* * *
Salut à qui partage avec moi mon verre
Dans l’épaisseur d’une nuit débordant les deux places :
Salut à mon spectre.
* * *
Pour moi mes amis apprêtent toujours une fête
D’adieu, une sépulture apaisante à l’ombre de chênes
Une épitaphe en marbre du temps
Et toujours je les devance lors des funérailles :
Qui est mort...qui ?
* * *
L’écriture, un chiot qui mord le néant
L’écriture blesse sans trace de sang.
* * *
Nos tasses de café. Les oiseaux les arbres verts
A l’ombre bleue, le soleil gambade d’un mur
A l’autre telle une gazelle
L’eau dans les nuages à la forme illimitée dans ce qu’il nous reste
* * *
Du ciel. Et d’autres choses aux souvenirs suspendus
Révèlent que ce matin est puissant splendide,
Et que nous sommes les invités de l’éternité.
Qui, sui pendii delle colline, dinanzi al crepuscolo e alla legge del tempo
Vicino ai giardini dalle ombre spezzate,
Facciamo come fanno i prigionieri,
Facciamo come fanno i disoccupati:
Coltiviamo la speranza.

Un paese che si prepara all’alba. Diventiamo meno intelligenti
Perché spiamo l’ora della vittoria:
Non c’è notte nella nostra notte illuminata
Da una pioggia di bombe.
I nostri nemici vegliano,
I nostri nemici accendono per noi la luce
Nell’oscurità dei sotterranei.

Qui, nessun “io”.
Qui, Adamo si ricorda che la sua argilla è fatta di polvere.

In punto di morte, dice:
Non posso più smarrire il sentiero:
Libero sono a un passo dalla mia libertà.
Il mio futuro è nella mia mano.
Ben presto penetrerò nella mia vita,
Nascerò libero, senza madre né padre,
E mi sceglierò un nome di lettere d’azzurro…

Qui, fra spirali di fumo, sui gradini di casa,
Non c’è tempo per il tempo.
Come chi s’innalza verso Dio,
Dimentichiamo il dolore.

Nulla qui riecheggia Omero.
I miti bussano alla nostra porta, se vogliono.
Nulla riecheggia Omero. Qui, un generale
Scava alla ricerca di uno stato addormentato
Sotto le rovine di una Troia che verrà.

Voi, ritti in piedi sulla soglia, entrate,
Bevete con noi il caffè arabo.
Sentirete che siete uomini come noi.
Voi, ritti in piedi sulla soglia delle case,
Uscite dalla nostra alba.
Ci sentiremo sicuri di essere
Uomini come voi!

Quando gli aerei scompaiono, spiccano il volo le colombe
Bianchissime, lavano la gota del cielo
Con ali libere, riprendono il bagliore e il possesso
Dell’etere e del gioco. In alto, ancora più in alto volano via
Le colombe bianchissime. Ah, se il cielo
Fosse vero… (mi ha detto un uomo correndo fra due bombe).

I cipressi, dietro i soldati, minareti che s’innalzano
Per non far crollare il cielo. Dietro la siepe di ferro
Pisciano i soldati – al riparo di un tank –
E la giornata autunnale conclude la sua traiettoria dorata
In una strada vasta come una chiesa dopo la messa domenicale…

(A un assassino) Se avessi contemplato il volto della vittima
E riflettuto, ti saresti ricordato di tua madre nella camera
A gas, avresti buttato via le ragioni del fucile
E avresti cambiato idea: non è così che si ritrova un’identità.

La nebbia è oscurità, densa oscurità bianca
La sbucciano l'arancia e la donna piena di promesse.

L’assedio è attesa,
Attesa su una scala inclinata Dove più infuria l’uragano.

Soli, siamo soli a bere l’amaro calice,
Se non fosse per le visite dell’arcobaleno.

Abbiamo dei fratelli dietro quella spianata,
Fratelli buoni, che ci amano. Ci guardano e piangono.
Poi si dicono in segreto:
“Ah! Se quest’assedio venisse dichiarato…” Lasciano la frase incompiuta:
“Non lasciateci soli, non abbandonateci”.

Le nostre perdite: da due a otto martiri, giorno dopo giorno.
E dieci feriti.
E venti case.
E cinquanta ulivi…
Aggiungeteci la perdita intrinseca
Che sarà il poema, l’opera teatrale, la tela incompiuta.

Una donna ha detto alla nube: copri il mio amato
Perché ho le vesti grondanti del suo sangue.

Se non sei pioggia, amor mio
Sii albero
Colmo di fertilità, sii albero
Se non sei albero, amor mio
Sii pietra
Satura d’umidità, sii pietra
Se non sei pietra, amor mio
Sii luna
Nel sogno dell’amata, sii luna
(Così una donna
che dava sepoltura al figlio)

O ronde della notte! Non siete stanche
Di spiare la luce nel nostro sale
E l’incandescenza della rosa nella nostra ferita,
Non siete stanche, ronde della notte?

Un lembo di questo infinito assoluto azzurro
Basterebbe
Ad alleviare il fardello di questo tempo
E a spazzare via la melma di questo luogo.

Che l’anima scenda dalla sua cavalcatura
E cammini con passi di seta
Al mio fianco, mano nella mano, come due amici
Di vecchia data che condividono il pane secco
E un bicchiere di vino della vecchia vigna,
Per poter attraversare insieme questa strada.
Poi i nostri giorni seguiranno sentieri diversi:
Io al di là della natura, e lei,
Lei preferirà inerpicarsi su un’altra vetta.

Siamo lontani dal nostro destino come gli uccelli
Che fanno il nido negli anfratti delle statue,
O nella cappa del camino, o nelle tende
Dove riposava il principe andando a caccia.

Sulle mie macerie spunta verde l’ombra,
E il lupo sonnecchia sulla pelle della mia capra.
Sogna come me, come l’angelo,
Che la vita sia qui… non laggiù.

Quando si è assediati, il tempo diventa spazio
Pietrificato nella sua eternità
Quando si è assediati, lo spazio diventa tempo
Che ha fallito il suo ieri e il suo domani.

Questo martire mi assedia ogni volta che vedo spuntare un nuovo giorno
E mi chiede: Dov’eri? Annota sui dizionari
Tutte le parole che mi hai offerto
E libera i dormienti dal ronzio dell’eco.

Il martire mi spiega: Non ho cercato al di là della spianata
Le vergini dell’immortalità, perché amo la vita
Sulla terra, fra i pini e gli alberi di fico,
Ma era inaccessibile, così ho preso la mira
Con l’ultima cosa che mi appartiene: il sangue nel corpo dell’azzurro.

Il martire mi avverte: Non credere alle loro storie
Credi a me, padre, quando osservi la mia foto e chiedi piangendo:
Come hai potuto scambiare le nostre vite, figlio mio,
Perché mi hai preceduto? C’ero io, c’ero prima io!

Il martire non mi da tregua: mi sono solo spostato con i miei mobili consunti.
Ho posato una gazzella sul mio letto,
E una falce di luna sul mio dito,
Per alleviare la mia pena.

L’assedio continuerà, per convincerci a scegliere una schiavitù che non fa male,
In piena libertà!

Resistere significa: accertarsi della forza
Del cuore e dei testicoli, e del tuo male tenace:
Il male della speranza.

In quel che resta dell’alba, cammino verso il mio involucro esterno
In quel che resta della notte, ascolto il rumore dei passi rimbombare al mio interno.

Saluto chi come me insegue
L’ebbrezza della luce, lo splendore della farfalla,
Nell’oscurità di questo tunnel.

Saluto chi beve con me dal mio bicchiere
Nelle tenebre di una notte che entrambi ci avvolge:
Saluto il mio spettro.

Per me i miei amici preparano sempre una festa
Da Dio, una sepoltura serena all’ombra delle querce
Un epitaffio inciso nel marmo del tempo
E sempre ai funerali li precedo correndo:
Chi è morto… chi?

La scrittura, un cucciolo che morde il nulla
La scrittura ferisce senza lasciar tracce di sangue.

Le nostre tazze di caffè. Gli uccelli, gli alberi verdi
Nell’ombra azzurrina, il sole che scivola di muro
In muro con balzi di gazzella
L’acqua delle nubi dalla forma illimitata – tutto quel che ci resta.

Il cielo. E altre cose dai ricordi sospesi
Rivelano che questo mattino è potente splendore,
E che noi siamo i convitati dell’eternità.


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