Intelectuales apolíticos
Otto René CastilloOriginale | Traduzione francese di Laurent Bouisset dal blog Fuego del Fuego Otto René Castillo |
INTELECTUALES APOLÍTICOS Un día, los intelectuales apolíticos de mi país serán interrogados por el hombre sencillo de nuestro pueblo. Se les preguntará sobre lo que hicieron cuando la patria se apagaba lentamente, como una hoguera dulce, pequeña y sola. No serán interrogados sobre sus trajes, ni sobre sus largas siestas después de la merienda, tampoco sobre sus estériles combates con la nada, ni sobre su ontológica manera de llegar a las monedas. No se les interrogará sobre la mitología griega, ni sobre el asco que sintieron de sí, cuando alguien, en su fondo, se disponía a morir cobardemente. Nada se les preguntará sobre sus justificaciones absurdas, crecidas a la sombra de una mentira rotunda. Ese día vendrán los hombres sencillos. Los que nunca cupieron en los libros y versos de los intelectuales apolíticos, pero que llegaban todos los días a dejarles la leche y el pan, los huevos y las tortillas, los que les cosían la ropa, los que le manejaban los carros, les cuidaban sus perros y jardines, y trabajaban para ellos, y preguntarán, “¿Qué hicisteis cuando los pobres sufrían, y se quemaba en ellos, gravemente, la ternura y la vida?” Intelectuales apolíticos de mi dulce país, no podréis responder nada. Os devorará un buitre de silencio las entrañas. Os roerá el alma vuestra propia miseria. Y callaréis, avergonzados de vosotros. | LES INTELLECTUELS APOLITIQUES Un jour, les intellectuels apolitiques de mon pays seront interrogés par les modestes citoyens de notre peuple. Ils leur demanderont ce qu'ils ont fait quand la patrie s'éteignait lentement, comme un petit feu de branches doux et solitaire. Ils ne seront pas interrogés sur leurs costards, pas non plus sur leurs longues siestes après le déjeuner, encore moins sur leurs luttes stériles contre le rien ou leur ontologique manière d'arriver aux billets. Ils ne seront pas questionnés sur la mythologie grecque, pas non plus sur le dégoût qu'ils ressentirent quand quelqu'un au fond d'eux était prêt à mourir lâchement. Rien ne leur sera demandé sur leurs justifications absurdes poussées à l'ombre d'un total mensonge. Ce jour-là, viendront les hommes modestes. Ceux qui jamais n'ont eu leur place dans les livres et les vers des intellectuels apolitiques, mais qui chaque jour leur livraient le lait, le pain, les œufs frais et les tortillas, ceux qui recousaient leurs habits, ceux qui conduisaient leurs voitures, ceux qui prenaient soin de leurs chiens et leurs jardins, oui, tous ceux-là qui travaillaient pour eux leur demanderont : « Qu'avez-vous fait quand les pauvres souffraient, et que brûlaient en eux gravement la tendresse et la vie ? » Vous, les intellectuels apolitiques de mon doux pays, vous ne pourrez rien leur répondre. Un vautour de silence vous dévorera les entrailles. Votre propre misère vous rongera l'âme. Et vous vous tairez, honteux de vous-mêmes. |