| Version française – Maurice Regnault |
FRANÇOIS VILLON | FRANÇOIS VILLON |
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François Villon était un enfant de pauvres gens | François Villon de pauvres gens était l'enfant, |
Un vent glacé balançait son berceau. | Un bon zéphyr glacé balança son berceau. |
De sa jeunesse sous la neige et le vent, | De toute sa jeunesse et par neige et par vent, |
Seul le ciel libre tout là-haut était beau . | Il n'y eut que là-haut le libre ciel de beau. |
François Villon, qu'un lit ne couvrit jamais | François Villon, qu'un drap jamais n'a recouvert, |
A conçu vite et tôt qu'un vent plus frais lui plaisait. | Sut vite et tôt le vent glacé fait pour lui plaire. |
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Les pieds en sang et le derrière irrité | Ses pieds en sang, son cul cuisant lui enseignèrent |
Lui ont appris que les pierres sont plus pointues que les rochers. | Que les rochers sont moins acérés que les pierres. |
Il a appris tôt à jeter des pierres sur les autres | La pierre, il apprit vite à la jeter aux autres |
Et à se rouler sur la peau des autres. | Et fut celui qui sur la peau d'autrui se vautre. |
Et allongé sous sa couverture : | Et quand il décida de vivre à sa manière, |
Il a trouvé tôt et facilement, que s'étendre lui plaisait. | Il sut que cette vie était bien pour lui plaire. |
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Il ne put pas picoler à la table de Dieu | Il ne put trouver place aux grands banquets divins, |
Et du ciel jamais ne descendit une bénédiction. | Jamais sur lui ne plut du ciel miséricorde. |
De son couteau, il lui fallut trouer des gens | Il lui fallut piquer au couteau les humains |
Et mettre son cou dans leur nœud coulant. | Et puis passer son cou dans le noeud de leur corde. |
C'est pour ça qu'il demanda qu'on lui lèche le cul | Aussi répondait-il qu'on le lèche au derrière, |
Quand il mangeait et cela lui plaisait. | Quand la bouffe était sienne et faite pour lui plaire. |
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La douce récompense du ciel ne l'a pas touché. | Le doux bon Dieu ne lui rendit nulle douceur, |
La police cassa tôt la fierté de son âme | Pour briser son orgueil intervint la police |
Et pourtant, c'était aussi un fils de Dieu. – | Et pourtant lui aussi était fils du Seigneur. |
Longtemps, il a fui vent et la pluie. | A travers vent et pluie il fut longtemps fuyeur |
Et à la fin, il eut un gibet comme récompense. | Et pour finir se vit offrir un bon supplice. |
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François Villon mourut en fuyant la fosse | François Villon mourut dans un buisson, par ruse, |
Avant qu'on ne l'attrape, vite, dans les buissons par ruse – | Vite avant d'être pris, vite avant qu'on l'incluse. |
Mais son âme insolente vit bien encore | Mais son âme à tout cran, sans doute vivra-t-elle |
Aussi longtemps que cette chanson qui est immortelle . | Aussi longtemps que ma chansonnette immortelle. |
Comme il étirait ses quatre membres et crevait, | Quand il creva, quand il do-na des quatre fers, |
Il trouva là un peu tard, que s'allonger lui plaisait. | Il comprit, non sans mal, que ce don même avait pour plaire. |