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Aus dem Dunkel

Gertrud Kolmar
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Version française – DE L'OBSCURITÉ – Marco Valdo M.I. – 2015 C...

OUT OF THE DARKNESS

Out of the darkness I come, a woman,
I carry a child, but no longer know whose;
Once I knew it.
But now no man is for me anymore…
They all have trickled away like rivulets,
Gulped up by the earth.
I continue on my way.
For I want to reach the mountains before daybreak,
and the stars are beginning to fade.
Out of the darkness I come.
Through dusky alleys I wandered alone,
When, suddenly, a charging light’s talons tore the soft blackness,
The wild cat, the hind,
And doors flung open wide, disgorged ugly screams, wild howls,
beastly roar.
Drunkards wallowed…
I shook all this from the hem of my dress along the way.

I traversed the deserted marketplace.
Leaves floated in puddles, reflecting the moon.
Haggard, hungry dogs sniffed the refuse on the cobblestones.
Trampled fruit rotted away,
An old man in rags tormented wretched strings with his play
And sang with a thin, discordant, plaintive voice
Unheard.
Once, these fruits ripened in sun and dew,
Dreaming still of the fragrance and bliss of the loving bloom,
But the wailing beggar
Had long forgotten and knew nothing but hunger and thirst.

Before the castle of the mighty I halted,
And as I set foot upon the lowest step,
The flesh-red porphyry burst cracking under my sole. -
I turned
And looked up at the plain window, the late candle of the thinker,
He pondered and pondered, never finding his query’s resolve,
And to the shaded little lamp of the infirm, who still did not learn,
How he should die.
Under the arch of the bridge
Two ghastly skeletons fought over gold.
I lifted up my poverty as a grey shield before my face
And passed unimperiled.

Far off, the river speaks with its banks.

And now, I struggle along a rocky, cumbersome path.
Fallen rocks, thorny bushes wound my blind, searching hands:
A cave awaits,
Its deepest chasm a shelter for the metal-green raven who has no name.
There I shall enter,
Under the aegis of those huge, shadowing wings, I shall crouch down and rest.
Somnolent, I shall listen to my child’s mute, growing word,
And sleep, my face turned toward the East, until sunrise.
DE L'OBSCURITÉ

Femme, je viens de l'obscurité.
Je porte un enfant et je ne sais plus, de qui ;
Je l'ai su autrefois.
Mais maintenant, il n'y a plus d'homme pour moi…
Tous ont disparu derrière moi comme le ruisselet,
La terre les a bus.
Je vais encore et encore.
Car je veux être avant le jour à la montagne, et les astres
S'effacent déjà.

De l'obscurité, je viens.
J'ai marché solitaire par les ruelles sombres,
Soudain, la lumière tombant avec ses griffes
A déchiré la douce noirceur,
Comme le léopard la biche.
Au loin, une porte ouverte crache des cris laids,
De sauvages clameurs, des hurlements bestiaux.
On se roule ivre…
J'ai balayé tout ça de l'ourlet de ma robe sur le chemin.

Et je déambulais sur le marché désert.
Des feuilles nageaient dans les flaques qui reflétaient la lune.
Des chiens maigres et avides flairaient des déchets sur les pierres.
Des fruits pourrissaient écrasés,
Et un vieux en loques tourmentait encore son pauvre
instrument à cordes
Et chantait de sa voix mince, fausse et plaintive
Inaudible.
Et ces fruits avaient mûris au soleil et à la rosée,
Rêvant encore de l'odeur et de la chance de la floraison amoureuse,
Mais le mendiant geignard
Avait oublié depuis longtemps et ne connaissait plus rien d'autre que la faim
et la soif.

Devant le château du puissant, j'arrêtais,
Et puis, j'ai descendu l'escalier,
Le porphyre rouge vif a volé en éclats fissurant ma semelle. -
Je me suis tournée
Et j'ai regardé vers le haut la fenêtre dénudée, la bougie tardive
du penseur,
Celui méditait et méditait et ne trouvait jamais la solution à la question,
Et au lumignon couvert de l'infirme qui quand même
N'apprenait pas,
Comment il devrait mourir.
Sous l'arche du pont,
Deux horribles squelettes se disputaient autour de l'or.
J'ai soulevé ma pauvreté comme un bouclier gris devant mon visage
Et je suis passée sans danger.

Dans le lointain, le fleuve parle avec ses rives.

Je trébuche là sur le sentier pierreux et difficultueux.
Les éboulis, les épineux de feu blessent mes mains aveugles et tâtonnantes.
Une caverne attend.
Dans l'aven le plus profond, le corbeau vert de gris accueille celui qui
N'a pas de nom.
J'entrerai là,
Sous la protection des grandes ailes ombreuses, moi
Accroupie et immobile,
Pour écouter en maudissant la parole muette de mon
Enfant
Et dormir, le front tourné vers l'orient,
Jusqu'au lever du soleil.


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