Der Bär, der ein Bär bleiben wollte
Reinhard MeyVersione italiana di Francesco Mazzocchi | |
L’OURS QUI VOULAIT RESTER UN OURS Il vivait au fond des forêts, libre, tout seul et fier Son empire s'étendait de la source à la rivière Des montagnes à la plaine, par les collines moussues Par les vallons et les prairies, jusqu'à perte de vue Il connaissait toutes les cavernes et tous les buissons Qui ont des fruits, les ruches et les rendez-vous des saumons Et, vers le soir, il aimait bien, debout sur un rocher Contempler son pays, en méditant sur sa journée Et ce jour-là aussi, l'ours se mit dans cette posture Déjà un vent froid d'automne ébouriffait sa fourrure Il vit les oies sauvages en bandes suivre le soleil Il frissonnait et il baillait et il avait sommeil Il trottait par le bois vers sa caverne préférée Secouait sa couche et fermait soigneusement l'entrée "Ça sent la neige" se disait-il, tout en s'étirant S'allongea sur le foin, pour hiberner tranquillement L'ours allait avoir raison, il neigea dans la nuit même L'hiver entra dans sa forêt, et dans le matin blême Un méchant vent glacial craquait dans les branches givrées L'ours bien au chaud dans son abri dormait à poings fermés Mais avec l'hiver des hommes arrivaient dans la forêt Ils abattaient arbre par arbre, aplanaient et creusaient Et bientôt, jaillit en béton, en acier et en verre Au-dessus de la caverne, une usine de la Terre Le printemps revenu, l'ours se réveilla de bon poil Encore engourdi, avec une faim phénoménale Il sortit de sa caverne en se léchant les babines Pour se retrouver stupéfait dans la cour de l'usine Et déjà un gardien se ruait sur lui "Toi, là-bas Tu vas t' mettre au travail, oui ? Et un peu plus vite que ça !" "Pardon, disait l'ours, mais je suis un ours, vous faites erreur !" "Ta gueule ! Ça va comme ça, raconte donc ça au supérieur !" Le supérieur était un homme maussade et pédant "Je suis un ours, disait l'ours, ça devrait se voir pourtant !" "Ce que je vois est mon affaire, disait l'homme, et toi Tu n'es qu'un fainéant et un mal rasé de surcroît !" Sur ces mots, il l'emmena chez le cadre de rigueur Qui servilement fit appel au vice-directeur Qui présenta l'ours à son directeur qui décréta "Notre cher président tient à voir lui-même ce cas !" "Bravo ! disait le président, vous êtes un ours ? J'adore !" Il avait le plus grand bureau et s'ennuyait à mort Il était si puissant qu'il n'avait plus qu'à exister Jouer au yoyo et à lire des bandes dessinées "Parfait, si vous êtes un ours, allez-y, prouvez-le moi !" L'ours se grattait le ventre de confusion et d'émoi "Non, l'ours vit en cage ou au cirque, comme chacun sait Venez ! On va faire une expertise à votre sujet" La voiture présidentielle mena l'ours au zoo Où ses semblables le toisaient et jugeaient aussitôt Que quelqu'un qui vivait hors cage et qui faisait ses courses En auto avec un chauffeur, n'avait plus rien d'un ours Les ours du cirque estimèrent qu'un si mauvais danseur Qui tombait de vélo ne pouvait pas être un des leurs Pendant le trajet du retour, il répéta, déçu "Je suis un ours, un vrai, un ours !" mais il ne luttait plus Il se laissa mettre en bleu de travail et en sabots On lui dit de se raser, il se rasait le museau Il apprit à pointer sa fiche horaire en entendant Un signal de sirène, en arrivant et en partant Il se laissa mettre à une machine où il devait Pousser sur un bouton lorsqu'un voyant vert s'allumait Et s'il oubliait ça, un voyant rouge clignotait Pour indiquer que le travailleur s'était arrêté Ainsi, jour après jour, l'ours appuya sur son bouton Sans une faute, sans un mot, sans poser de questions Mais il se hâtait dans la cour dès la pause midi Pour apercevoir par la grille, un peu de son pays Devant les barbelés, les bleuets se fanaient déjà L'été vint et s'en fut, l'automne colorait les bois Il vit les oies sauvages en bandes suivre le soleil Il frissonnait et il bâillait et il avait sommeil Plus il s'efforçait de s'en empêcher, plus il bâillait Et plus il sentait le sommeil, plus l'hiver approchait Son travail lui apparut de plus en plus difficile "J'ai l'impression que ça sent la neige", murmura-t-il Et il s'endormit sur sa machine en pleine journée Il n'entendit ni siffler, ni le contre-maître hurler "Tu es fichu dehors, va chercher ta paie, fainéant !" "Fichu dehors ?" balbutia l'ours, et s'en trotta en jubilant Son trousseau sur l'épaule, il marchait sans destination Toujours tout droit, et déjà, il neigeait à gros flocons Un jour et une nuit et encore un jour, il marchait Sur le bord d'une autoroute, où la neige se tassait Pour se distraire, il comptait les voitures sur sa voie Mais on ne lui avait appris qu'à compter jusqu'à trois Et le deuxième soir il vit sortir de l'irréel A travers les flocons, des lettres en néon bleu : Motel ! Trempé et épuisé, l'ours entra à la réception L'employé le vit du coin de l'œil, en plissant le front Et se tut longuement, pour déclarer l'air sentencieux "Désolé, mais on ne loue pas aux ours, ici, Monsieur !" "Ai-je entendu le mot d'ours, disiez-vous OURS à l'instant ? Vous insinuez donc que j'en suis un par conséquent ?" "Au secours !" hurlait l'homme, mais l'ours sur cette nouvelle Sortit en courant vers le bois derrière le motel Il marchait, mais sa forêt était devenue hostile Il marchait et chaque pas lui devint plus difficile "Il me faut réfléchir, se disait l'ours, et décider Ce qu'il faut faire. Ah, si j'étais un peu moins fatigué !" Il s'assit près d'une caverne en écoutant le bruit De la tempête de neige qui chantait dans la nuit Et eut ni peur ni froid quand la neige le recouvrit Et un peu avant l'aube du troisième jour, l'ours s'endormit | L’ORSO CHE VOLEVA RIMANERE UN ORSO Viveva nei boschi e viveva libero e solo, Il suo regno andava dalle colline fino ben giù nella campagna. Dal torrente fino alla riva del suo fiume e da là Giù fino nelle valli, per quanto il suo occhio vedeva. Conosceva ogni caverna e quasi tutti i cespugli di mirtillo, Naturalmente anche i posti preferiti delle trote. E la sera amava molto stare nell’erba alta, Pensare appoggiato ad una roccia, e guardare nella campagna. Così anche quel pomeriggio l’orso stava fuori alla roccia, sentiva proprio distintamente il vento autunnale nella sua pelliccia. Nel cielo vedeva anatre selvatiche a stormi andare a sud, Sbadigliava spesso, ed era stanco, e gli veniva freddo. Trottò alla sua caverna preferita attraverso le fronde, Sotterrò ancora l’ingresso dietro di sé e disse: „Io credo C’è odore di neve“, mentre sbrigava le ultime faccende. Si sdraiò sul suo giaciglio ed iniziò il letargo invernale. Aveva pensato giusto, cominciò a nevicare ancora di notte. L’inverno entrò nel suo bosco, il suolo gelò come pietra. Un vento gelido cantava nelle notti chiare tra i rami. L’orso nel suo rifugio aveva caldo, e dormiva sodo. Ma con l’inverno vennero anche gli uomini nel bosco. Abbatterono albero su albero, misurarono, recintarono e presto Portarono gru, tubi, scavatrici, cemento armato. Già stava in piedi una fabbrica proprio sopra la caverna. Venne la primavera, e di buon umore si svegliò anche l’orso Giù nella caverna, solo che era ancora difficile alzarsi. E quando poi ubriaco di sonno salì dalla stretta uscita, Si trovò incredulo in mezzo all’atrio della fabbrica. E già arrivava sbraitando da lui un portinaio, „Via tu là, al lavoro, invece di aggirarti qui, capito“. „Scusa“, disse l’orso sconcertato, „ma io sono un orso“. „Adesso ne ho abbastanza“, gridò l’uomo, „dal capo del personale, non una parola di più!“ Il capo del personale era un uomo ammuffito, afflitto. „Io sono un orso“, disse l’orso, „e lo si vede bene.“ „Quello che vedo è affare mio“, disse l’uomo, „e tu sei uno sporco poltrone e per giunta non rasato.“ Poi lo spedì dal vicedirettore, che attivamente E molto devotamente servile chiamò il direttore. Quello parlò e intanto faceva ruotare la sua poltrona manageriale, „Il nostro signor presidente vuole vedere il pigro soggetto.“ „Così“, disse il presidente, „Lei dunque è un orso.“ Aveva l’ufficio più grande e si annoiava molto. Era così potente, che non aveva più una scrivania, non doveva più portare cravatte e leggeva solo fumetti. „Se Lei è un orso, prego, lo dimostri anche.“ L’orso imbarazzato si grattò la pancia. „No, orsi ci sono solo allo zoo e al circo e basta. Proprio lì ora faremo fare una perizia su di Lei.“ La limousine del presidente portò l’orso allo zoo, Ed i suoi conspecifici lo squadrarono contenti della sua disgrazia. E unanimemente spiegarono, chi va in auto, e chi Non vive dietro sbarre, è tutt’altro che un orso. Gli orsi ballerini nel circo sentenziarono puntualmente lo stesso, perché chi non balla e non va sulla ruota, non è pensabile come orso. Al ritorno pensava „eppure io sono un orso, lo so bene, lo so“, ma smise di difendersi. Si lasciò vestire la tuta da lavoro, e quando gli fu ordinato, si rasò, si rasò completamente il muso. Timbrò il suo cartellino come tutti gli altri uomini Ed imparò che il giorno iniziava con un segnale acustico. Si lasciò mettere ad una macchina, dove una maniglia Era da ruotare da destra a sinistra, quando fischiava una sirena. E se si mancava, si accendeva una luce rossa, Che mostrava, se lì l’uomo lavorava bene o non. Così stette giorno dopo giorno alla macchina, ruota muto La maniglia da destra a sinistra e poi di nuovo a destra. Solo nella pausa di mezzogiorno deve andare al recinto della fabbrica, E tra macchine e filo spinato guardare fuori nella campagna. I narcisi fiorirono e sfiorirono davanti al recinto. Un’estate venne e andò, l’autunno colorò di bruno i boschi. Nel cielo vide anatre selvatiche dirigersi a stormi verso sud. Sbadigliava spesso, ed era stanco, e sentiva freddo. Sbadigliava sempre più, quanto più si concentrava. Diventava sempre più stanco, quanto più s’avvicinava l’inverno. Per la veglia spesso già a mezzogiorno gli facevano male gli occhi, Stava al recinto e si diceva tra sé: „C’è odore di neve“. Il pomeriggio s’addormentò di brutto alla macchina, Non sentì la sirena, solo il capo del personale a gridare, „Ehi, tu là, fuori, sei licenziato, ecco la tua liquidazione“. „Licenziato?“, giubilò l’orso e se ne andò. Il suo fagotto sulla spalla, andò senza meta Semplicemente avanti nella neve, che già cadeva in larghi fiocchi. Così andò un giorno, una notte e ancora un giorno Sulla corsia d’emergenza dell’autostrada, dove non c’era tanta neve. Più volte contò le auto che vedeva, ma si accorse, Che sapeva contare solo fino a cinque, e così lasciò stare. E poi la seconda sera vide chiaro in distanza, Nel denso turbinio della neve lettere al neon: „Motel“. Gelato, bagnato e stanco l’orso entrò alla reception. L’uomo dietro il banco non si mosse e stette a lungo in silenzio. Trafficava sospetto, per spiegare incidentalmente: „Non abbiamo camere per vagabondi ed orsi“. „Ho sentito la parola ,orso’, Lei prima ha detto ,orso’? Vuol dire, che Lei è dell’idea, che io veramente lo sia“. L’uomo pallido come un gesso afferrò il telefono, l’orso andò veloce Alla porta, e sparì nel bosco, subito dietro il motel. Camminò faticosamente nel bosco, che ora gli pareva estraneo ed ostile. Andava, e man mano le forze lo abbandonavano. Io ora dovrei riflettere, si diceva l’orso, Che devo fare di me, se solo non fossi così stanco. Si sedette davanti ad una caverna e fissò ancora a lungo Nel vuoto, ascoltava come la tormenta cantava tra gli alberi. Non la sentiva più e si lasciò coprire tutto dalla neve, E prima del terzo mattino del suo viaggio si addormentò. |