Lettre à des amis perdus
René Guy CadouOriginale | Dedicato a Bernart da un vagone dondolante, forse come quello... |
LETTRE À DES AMIS PERDUS Vous étiez là, je vous tenais Comme un miroir entre mes mains La vague et le soleil de juin Ont englouti votre visage [Ont englouti votre visage Ont englouti votre visage] Chaque jour, je vous ai écrit Je vous ai fait porter mes pages Par des ramiers, par des enfants Mais aucun d'eux n'est revenu Je continue à vous écrire [Je continue à vous écrire] Tout le mois d'août s'est bien passé Malgré les obus et les roses Et j'ai traduit diverses choses En langue bleue que vous savez [En langue bleue que vous savez En langue bleue que vous savez] Maintenant j'ai peur de l'automne Et des soirées d'hiver sans vous Viendrez-vous pas au rendez-vous Que cet ami perdu vous donne En son pays du temps des loups ? [En son pays du temps des loups ?] Venez donc car je vous appelle Avec tous les mots d'autrefois Sous mon épaule, il fait bien froid Et j'ai des trous noirs dans les ailes [Et j'ai des trous noirs dans les ailes Et j'ai des trous noirs dans les ailes] [Vous étiez là, je vous tenais Comme un miroir entre mes mains La vague et le soleil de juin Ont englouti votre visage Ont englouti votre visage Ont englouti votre visage] | LETTERA A DEGLI AMICI PERDUTI Eravate là, io vi tenevo come uno specchio fra le mani l’onda e il sole di giugno hanno inghiottito il vostro viso Ogni giorno io vi ho scritto vi ho fatto portare le mie pagine dai piccioni, dai bambini ma nessuno di loro è mai tornato, così continuo a scrivervi. Il mese di agosto è passato nonostante le granate e le rose e ho tradotto diverse cose nella “lingua blu”* che conoscete. Ora ho paura dell’autunno e delle sere d’inverno senza voi non verrete all’appuntamento che questo amico perso vi dà nel suo paese dal “tempo da lupi”? Venite dai, io vi chiamo con tutte le parole di un tempo, fa freddo sulle mie spalle e ho dei buchi neri nelle ali. |
* La cosidetta "Langue bleue" o "Boulak" è una lingua creata e divulgata a proprie spese da Léon Bollack (1859 – 1925) nel 1899. |