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אין שאַפּ, אָדער די סװעט־שאַפּ

Moris Roznfeld [Morris Rosenfeld] / מאָריס ראָזנפֿעלד
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Version française – À L'ATELIER DE COUTURE – Marco Valdo M.I. ...
THE SWEATSHOP (FRAGMENT)

The machines are so wildly noisy in the shop
That I often forget who I am.
I get lost in the frightful tumult —
My self is destroyed, I become a machine.
I work and work and work endlessly —
I create and create and create
Why? For whom? I don’t know and I don’t ask.
What business has a machine thinking?

I have no feelings, no thoughts, no understanding.
The bitter, bloody work suppresses
The noblest, most beautiful, best, richest,
Deepest, and highest things that life possesses.
Seconds, minutes, and hours go by — the days and nights sail past quickly.
I run the machine as if I wanted to overtake them —
I race mindlessly, endlessly.

The clock in the shop never rests —
It shows everything, strikes constantly, wakes us constantly.
Someone once explained it to me:
“In its showing and waking lies understanding.”
But I seem to remember something, as if from a dream:
The clock awakens life and understanding in me,
And something else — I forget what. Don’t ask!
I don’t know, I don’t know! I’m a machine!

At times, when I hear the clock,
I understand its showing and its language quite differently;
It seems to me that the pendulum urges me:
“Work, work, work a lot!”
I hear in its tones only the boss’s anger, his dark look.
The clock, it seems to me, drives me,
Gnashes its teeth, calls me “machine,” and yells at me: “Go!”

But when the wild tumult dies down
And the boss goes away for his lunch hour,
Dawn begins to break in my mind
And things tug at my heart.
Then I feel my wound,
And bitter, burning tears
Soak my meager lunch, my bread.
I feel choked up and I can’t eat any more — I can’t!
Oh, frightful toil! Oh, bitter poverty!

The human being that is sleeping within me
begins to awake —
the slave that is awake in me
seems to fall asleep.
Now the right hour has struck!
An end to loneliness — let there be an end to it!
But suddenly the whistle, the “boss,” sounds an alarm!
I lose my mind, I forget who I am.
There’s tumult and struggling — my self is lost.
I don’t know, I don’t care — I am a machine!

À L'ATELIER DE COUTURE

Ici à l'atelier, règne le chahut infernal des machines
Souvent, dans ce vacarme, j'oublie qui je suis ;
Dans ce bruit terrifiant, je me perds et je suis
Comme vide : je deviens une machine.
Travail, travail, travail, sans s'arrêter.
On produit, on fabrique, on fabrique, on produit à l'infini :
Je ne sais pas, je ne demande pas pourquoi ? Et pour qui ?
Une machine, peut-elle jamais penser ? …

Ici, il n'y a aucun sentiment, ni raison, ni pensée,
Le travail dur et brutal anéantit
Tout : le fin, le bien, le bon, le sensé,
Tout ce qui donne ses dimensions à la vie.
Les secondes, les minutes, les heures, les journées
Volent comme voiles au vent, les jours et les nuits ;
Et moi, je pédale à ma machine pour les dépasser,
Je les poursuis comme un fou, comme un forcené.

L'horloge à l'atelier jamais ne s'arrête,
Elle scande tout, tic-tac – tic-tac, et tout toujours réveille;
Ce qu'elle veut dire, quelqu'un autrefois me l'a dit,
Scander et tenir éveillés : c'est un motif précis.
Je me rappelle quelque chose, comme un rêve :
L'horloge réveillait sens et vie en moi
Et encore autre chose – mais j'ai oublié quoi, ne me le demandez pas !
Je ne sais pas, je ne sais pas, je suis une machine ! …

Et parfois, quand j'écoute l'horloge
Elle me parle, et moi, je comprends ce qu'elle dit ;
Son tic-tac à devenir fou, ce tic-tac maudit
Pousse à travailler, trimer, peiner davantage.
Dans ce tic-tac, j'entends la voix âpre du patron,
Comme lui, droit dans les yeux, elle me regarde ;
L'horloge me pousse, j'en ai des frissons
Elle crie « Couds ! » et m'appelle « Machine ! ».

Seulement quand cesse cet effroyable vacarme
Et que le boss part pour la pause déjeuner,
Alors dans ma tête l'aube se lève ,
Et en moi, je me sens encore plus blessé.
Et je pleure d'amères et brûlantes larmes
Elles mouillent mon dîner – ma croûte de pain,
Elles me suffoquent… je n'arrive pas à manger, impossible !
Quelle terrible peine, quel horrible destin !

À midi, l'atelier ressemble
À un champ après la bataille
Autour de moi, je vois les morts à terre
Et sur sol, le sang versé se lamente
Une trêve, et soudain sonne la sirène,
Les morts ressuscitent et la bataille recommence :
Les cadavres se battent pour des étrangers,
Ils luttent, meurent et se noient dans l'obscurité.

Je contemple ce massacre avec une rage amère,
Avec horreur, avec douleur, j'aspire à la vengeance ;
Mais voilà que j'entends l'horloge dire
« Assez cet esclavage, ça doit finir ! »
Elle réveille mes sens et ma raison,
Et me montre comme le temps maintenant fuit ;
Je resterai malheureux tant que je me tairai,
Je serai perdu au monde, si je reste ce que je suis

L'homme qui dort en moi commence à se réveiller
Et l'esclave en moi commence à s'endormir ;
Maintenant, le bon moment est arrivé !
Suffit avec la misère, ça doit finir !
Mais, tout à coup, le sifflet : alerte, le patron !
J'oublie ma résolution ; à nouveau, je turbine.
Vacarme, combat ; et puis, je touche le fond.
Je ne sais pas, peu importe. Je suis une machine.


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