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Il disertore del lavoro

Ahmed il Lavavetri
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OriginaleVersion française – LE DÉSERTEUR DU TRAVAIL – Marco Valdo M.I. ...
IL DISERTORE DEL LAVORO

In piena facoltà,
egregio direttore,
le scrivo con il cuore,
e spero leggerà.
'Sta letterina qui
la manda un po' a cacare, *
smetto di lavorare
da questo giovedì.
Ché io non sono qui,
stimato direttore
per dare le mie ore
a questo o quel padron;
io non ce l'ho con lei,
ma le dico sul viso:
è un pezzo che ho deciso,
diserto dal lavor.

Non se ne pòle ** più
di morir giorno giorno,
mi levo un po' di torno
e non ritornerò;
non me ne frega no
di economia e mercati,
consumi e consumati,
e disoccupaziòn.
Per tutta la mia vita
mi sono fatto un mazzo,
e mi son rotto il cazzo
di questa schiavitù;
domani mi alzerò,
addio allo sgobbo infame,
le lascio il suo letame,
non mi riguarda più.

Come vivrò 'un si sa,
ma sono cazzi miei,
meglio di quei babbei
che crepano ogni dì;
e a tutti griderò
di smetter di affannarsi,
di smetter d'ammazzarsi
per non importa chi.
Non mi suiciderò,
niente disperazione!
Ma vacci te, coglione,
a buttarti sotto al tren;
e dica pure ai suoi
se vengono a cercarmi,
non possono trovarmi,
ho spento il cellular.

* I fruitori settentrionali possono leggere qui "cagare".
** "Può". Tipica voce araba magrebina.

LE DÉSERTEUR DU TRAVAIL

En pleine possession de mes facultés,
Distingué directeur,
Je vous écris avec le coeur,
Et j'espère, vous lirez
Cette petite missive qui
Vous envoie un peu chier.
Je cesse de travailler
Dès ce jeudi.
Car je ne suis pas ici,
Estimé directeur
Pour donner mes heures
À tel ou tel patron;
Je n'en ai pas à vous, certes non,
Mais je vous le dis carrément
Je l'avais décidé depuis longtemps
Je déserte du travail.

On n'en peut plus de ce turbin-là
De mourir jour après jour,
Je me tire à mon tour
Et je ne reviendrai pas ;
Je n'en ai rien à branler
De l'économie et des marchés,
Des dépenses et de la consommation
Du chômage et de la récession.
Durant toute mon existence
Je me suis efforcé à l'endurance
Et je me suis cassé le cul
Dans cet esclavage ;
Demain je partirai
Adieu à ce boulot infâme,
Je vous laisse votre fumier,
Ça ne me concerne plus.

Comment je vivrai, je ne sais,
Mais ce sont mes oignons,
En tous cas, mieux que ces couillons
Qui chaque jour s'en vont crever;
Et à tous, je crierai
De cesser de s'essouffler,
De cesser de se tuer
Pour n'importe qui n'importe quoi.
Je ne me suiciderai pas,
Je ne me désespère pas
Mais va-z-y toi, crétin,
Te jeter sous un train ;
Et dites aussi à vos chiens
S'ils viennent me chercher,
Ils ne pourront me trouver,
Je n'ai plus de téléphone et j'ai déménagé.



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