L'antisociale
Francesco GucciniVersion française – Le Minet – Marco Valdo M.I. – 2009 | |
L'ASOCIAL Des gens et de leurs avis, je m'en fous. Naturellement, je hais l'hypocrisie morale, Je hais les guerres et les armements en général. Je hais la rhétorique, le miracle économique. Les valeurs, les placements et la brique. Les concours, le loto, la pub, la télé, le ciné, les rallyes nature, Les frigos et les autos, il n'y a pas de Ford dans mon futur. Et vous midinettes rêveuses d'une vie d'actrice, Faites bien attention à rester loin de moi. Il ne me plaît pas d'être convenable, d'avoir la gueule de l'emploi Et puis, finalement, je suis toujours sans un rond. Je hais la vie moderne faite de scandales et d'échanges, Les bruits, les intellectuels engagés. Je hais les bellâtres carrossés de leurs spiders magiques Avec leurs vestes et leurs chemises toutes identiques Qui ne savent parler que d'automobiles et de mode, d'aventures d'été à la mer et à la montagne Vides et pleins de suffisance si leur veston n'a pas un pli, Tandis que moi je mets ce qui me plaît... Je suis sans patrimoine, je suis contre le mariage, Je n'ai pas ce qu'on appelle une place au soleil. Je n'aime pas les grandes dames, je préfère les mondaines Car pour être sincère, ce sont les seules... Je n'aime ni l'avocat, ni le bourgeois, ni l'arrivé. Je hais le brave et honnête père de famille Presque toujours préoccupé à me faire enfermer Si je fais l'amour avec sa fille.... Je suis un gars asocial, je n'aime pas ne rien faire. Tous ces gens me tapent sur les nerfs. C'est sur une île déserte que je veux habiter, Où plus personne ne pourra me déranger. Où plus personne ne pourra me déranger. Où plus personne ne pourra me déranger... | LE MINET Je n'aime pas vivre avec tous les gens, Seuls me plaisent les gens « bien ». Comme on dit communément « Bien on naît, on ne le devient pas »... Il y en a qui sont nés par les sciences ou les arts, Moi, je suis né seulement pour les parties la lalalala...lalalala J'aime par dessus tout parler mal, Faire le porc avec les filles, À Pâques, je vais au confessionnal Et toutes sont folles de moi... Car chez les « gens bien » l'abstinence ne compte pas, L'apparence suffit la lalalala...lalalala Dès lors je ne soigne pas mon intelligence, Les gens bien ne se lient pas comme ça, Mais à la canasta de bienfaisance, Je sais toujours tout sur le dernier «Strega» : L'intelligence, ce sont seulement les millions Et j'admire les films de Monica et d'Antonioni la lalalala...lalalala Je suis élégant et il est inutile de dire Que les vêtements sont toujours soignés Car il est très important de s'habiller, Car l'habit fait le moine... Au fond, deux choses ont de l'importance Et ce sont le compte en banque et l'élégance la lalalala...lalalala Nous sommes fous de cocktails et de fêtes, J'aime par dessus tout les femmes mondaines. Ne croyez pas que je parle de celles-là, Fréquenter les gens du bas est mauvais... Je n'ai pas de rapports avec les prolétaires... Seulement au bout de la nuit sur les boulevards la lalalala...lalalala Mais je néglige pas la science humaniste Et on peut dire que je suis engagé, Même que parfois je vote communiste, Mais je ne suis pas vraiment intéressé: La lutte de classes me va Pour faire belle figure en société la lalalala...lalalala On ne peut pas dire que je sois clérical, Comme Boccace, j'aime rire des moines. Mais je salue toujours le cardinal Et je vais à la messe les jours recommandés. Je vous dis en bref mon credo : Penser à ce que peuvent dire les gens la lalalala...lalalala Les gens bien sont mon unique patrie, Les gens bien sont mon vrai dieu, L'unique chose que j'ai toujours rêvée, La seule chose que je veux moi... C'est être quelqu'un de bien toujours Et maintenant, que tout le reste aille au diable la lalalala...lalalala |