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Der Graben

Kurt Tucholsky
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Version française – LES TRANCHÉES – Marco Valdo M.I. – 2011

THE TRENCHES

Mother, for what did you raise your son?
Why did you struggle with him twenty years?
Why was it to you he would always run
And quietly he'd whisper in your ear?
Till the day they came and took him away...
For the trenches, mother, for the trenches.
For the trenches, mother, for the trenches.

Young man, can you still remember Dad?
How he'd take you on his shoulder for a ride?
How he'd always have a penny for his lad
And count to ninety-nine while you would hide?
Till the day they came and took him away...
For the trenches, young man, for the trenches.
For the trenches, young man, for the trenches.

See those French and English workers yonder?
Side by side they sacrificed their lives.
Shot to pieces, every life was squandered,
For a place a metre deep in mud.
All the young men, even boys, who gave,
Their lives for a lonely mass grave,
Their lives for a lonely mass grave.

Don't be so proud of your scars and medals,
Don't be proud about glory days gone by.
You were sent to the trenches by the ogres,
The envy of industry, the madness of the state.
You were good enough as carrion for the crows,
For the trenches, comrades, for the trenches.
For the trenches, comrades, for the trenches.

Think of the moans and the rattle of the guns,
Yonder are fathers', mothers' sons.
Making ends meet with the daily grind,
Don't you want to shake hands with your own kind?
Reach out your hands and greet your fellow men,
Across the trenches, people, across the trenches.
Across the trenches, people, across the trenches.
LES TRANCHÉES

Mère, pourquoi as-tu mis au monde ton fils ?
As-tu pendant vingt ans peiné pour lui ?
Pourquoi donc il se pelotonnait dans tes bras
Et que lui as-tu doucement chuchoté ?
Jusqu'à ce qu'ils te l'aient enlevé
Pour les tranchées, Mère, pour les tranchées !

Mon garçon, peux-tu encore penser à ton père ?
Ton père te prenait souvent dans ses bras,
Et voulait te donner une dringuelle
Et il jouait au gendarme et au voleur avec toi,
Jusqu'à ce qu'ils te l'aient enlevé
Pour les tranchées, mon garçon, pour les tranchées.

De l'autre côté, les camarades français
Se trouvent auprès des travailleurs anglais.
Tous ont perdu leur sang
Et abattus reposent aujourd'hui homme contre homme.
Des vieux, des hommes, des jeunes gars
Dans leur grande fosse commune.

Ne soyez pas fiers des décorations et des médailles
Ne soyez pas fiers des cicatrices et du passé.
Dans ces tombes, vous envoyèrent les Junkers,
Le délire d’État et les désirs des industriels.
Vous faisiez une assez bonne pitance pour les corbeaux,
Pour la tombe, Camarades, pour les tranchées.

Pensez aux râles de mort et aux gémissements !
De l'autre côté, il y a des pères, des mères, des enfants
Qui triment dur, comme vous, pour vivre un peu.
Ne voulez-vous pas leur donner la main ?
Tendez une main fraternelle, c'est le plus beau de tous les cadeaux
Par-dessus les tranchées, les gars, par-dessus les tranchées !

Jetez les drapeaux ! Les fanfares militaires
Jouent toujours votre danse de mort !
Et quand vous êtes crevés ? – Une couronne d'immortelles
Voilà le remerciement de la patrie !


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