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Jules César

Grand Jojo
Lingua: Francese


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Jules César

Chanson française – Grand Jojo – 1982

Cesarjojo

Mon cher Lucien l'âne, mon ami, toi qui as connu la Rome Antique, toi qui as circulé tout au travers de l'Empire, toi qui as accompagné les légions au travers des territoires, franchi les Alpes, surmonté les Pyrénées, tu as certainement dû rencontrer Jules César, l'envahisseur de la Gaule, celui qui plus tard écrivit – tant il avait pris de raclées dans nos paysages vallonnés et boisés : « Horum omnium fortissimi sunt Belgae, propterea quod a cultu atque humanitate provinciae longissime absunt, minimeque ad eos mercatores saepe commeant atque ea quae ad effeminandos animos pertinent inportant, proximique sunt Germanis, qui trans Rhenum incolunt, quibuscum continenter bellum gerunt. ». J'imagine que cette péripétie de l'histoire gauloise tu as dû l'entendre des milliers de fois lors des campagnes des Gaules par les légions romaines, dont parle si bien notre ami Ricet Barriet dans sa version des bords de Marne, intitulée La Java des Gaulois.

Oui, certes, mais Marco Valdo M.I. mon ami, je l'ai même porté sur mon dos, ce vieux guerrier chauve avec sa couronne grise sur la tête ; je l'ai même supporté dans son triomphe avec ses lauriers, qu'il lui fallait remettre en place constamment, car ils glissaient sur son crâne comme un skieur sur la neige. Je l'entends encore qui serinait à longueur d'étapes, pendant que marchaient d'un pas alerte ses légions, son « Veni, vidi, vici ». Entre nous, c'était une vaste blague, il n’arrêtait pas de se faire lanterner par les Gaulois, qui se retiraient à son approche et revenaient une fois les matamores passés. Mais peux-tu me dire pourquoi tu me parles de tout ça ?

Je peux le dire... comme pouvait le dire évidemment l'éminent Sar, incarné par Pierre Dac, philosophe disciple de Mordicus d'Athènes. Pour ton plaisir et celui de tous nos amis, je t'offre une version de ce sketch du grand Sar de l'Indre, sans doute le plus célèbre duo des compères Francis Blanche et Pierre Dac, sketch où l'on entend le fameux « Il peut le dire » , mais aussi une autre version sans doute plus connue encore .

Donc, je te parle de tout cela pour te faire comprendre le lien qu'il y a entre cette canzone du Grand Jojo et les Chansons contre la Guerre. Les fauteurs de guerre, les puissants de ce monde et comme il apparaît ici, ceux de l’Antiquité déjà, ont toujours eu le goût des triomphes et de la pompe qui les magnifiaient. A contrario, les moquer, les ridiculiser, les brocarder a toujours été un moyen de les dénoncer, de les affaiblir et de les combattre. Dans la Guerre de Cent Mille Ans (et dès lors, dans toutes les guerres, qui n'en sont jamais que des épisodes partiels), la lutte symbolique, la lutte autour de la respectabilité du pouvoir, de ses manifestations les plus diverses, de ses préceptes et de ses représentants a toujours constitué un enjeu essentiel, une des dimensions fondamentales de l’affrontement. D'où le crime de lèse-majesté ou les sanctions prévues pour protéger la personne « inviolable » du Chef, qu'il soit Roi, Empereur, Caudillo, Conducator ou Président. L'homme est aussi un être symbolique, son monde est aussi un monde symbolique. Il suffit de réfléchir un instant au rôle du drapeau, des médailles, des hymnes, des sonneries, des cortèges, des uniformes et hors de la sphère militaire, le rôle du costume, de la cravate, de l'apparence, de l'automobile, de la coupe de la chemise, jusqu'à la manucure et la coupe cheveux... La Guerre de Cent Mille Ans s'insinue et se mène jusque dans les apparences.

Jusque là, Marco Valdo M.I., je t'ai suivi et je suis parfaitement d'accord. Mais, dis-moi, la canzone elle-même ?

Comme son titre te l'indique, elle chansonne Jules César, dont il te souviendra qu'il fut un général romain, un consul et finalement, si je ne me trompe, un « dictateur à vie », précurseur de l'Empire. C'est en quelque sorte l'archétype de tous les Empereurs (son nom de César et ses variantes Czar, tsar... désignera l'Empereur), le symbole et le rêve de tous les candidats au pouvoir suprême, de tous les « bâtisseurs d'empire » de l'Occident. Peu importe, faut-il le préciser, qu'ils soient formellement « empereurs », qu'il y ait formellement un empire ou que leur empire soit une peau de chagrin ou une bulle en suspension dans l'air du temps. Donc, brocarder César, le mettre en jupette face à l'Histoire, lui ôter son falzar ou autrement dit, son pantalon, c'est – par extension ou par un biais – s'en prendre à tous ceux-là – empereurs, dictateurs, présidents... qui se complaisent et se gonflent de leur pouvoir ou de leur fonction. Une telle chanson dans le Portugal de Salazar, l'Espagne de Franco, l'Italie de Mussolini (pour en rester aux pays latins) aurait valu à son auteur de redoutables remontrances, si ce n'est pire. Thyl et Chveik l'avaient appris à leurs dépens. Ceci reste vrai même si l'intention première de l'auteur de la chanson était tout simplement d'amuser et de faire rire son public.

Sur ce dernier point, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as raison ; il est dangereux de faire rire et par ailleurs, parfois, la chanson prend son autonomie et impose d'elle-même son sens profond. Aussi, souvent la chanson, celle-ci en particulier, tisse le linceul de ce vieux monde dictatorial, impérial, respectueux de l'ordre établi, compassé, triomphal, césarien et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je vais vous raconter l'histoire banale
De Jules César qui était empereur
Il avait un long nez comme une banane
Et ses oreilles étaient comme des… choux-fleurs !

Le soir doucement sur ses chaussettes
En pyjama en-dessous de son peignoir
Il retrouvait Cléopâtre en cachette
Mais ça personne ne pouvait le… savoir !

Jules César
On l'appelait Jules César
Il ne mettait pas de falzar
Pour qu'on voie ses belles jambes
Ses jolies jambes
Ses jambes de Superstar

Quand Jules César revenait de la guerre
Tout fier et victorieux sur son grand char
Il ordonnait qu'on distribue de la bière
Qu'on buvait à la santé de… César !

Les gladiateurs dans l'arène
Passaient avec des sandwiches boudin noir
La fiesta durait parfois six semaines
Il fallait l'avoir vu pour… le croire!!

Cléopâtre un jour lui a dit peut-être
Je vivrai chez toi, je quitterai mon rez-de-chaussée
Fou de joie, il cria par la fenêtre : Yodel lala itou
Tous les Romains ont dit il est… cinglé!

Jules César
On l'appelait Jules César
Il ne mettait pas de falzar
Pour qu'on voie ses belles jambes
Ses jolies jambes
Ses jambes de Superstar

Jules César
On l'appelait Jules César
Il ne mettait pas de falzar
Pour qu'on voie ses belles jambes
Ses jolies jambes
Ses jambes de Superstar

inviata da Marco Valdo M.I. - 28/9/2013 - 23:22


Jules César et le Chevalier de Calvino...



Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Un journal italien titre aujourd'hui : « Il Cavaliere sotto assedio: io pugnalato » Ce qui veut dire, si je ne me trompe : « Le Chevalier (titre honorifique... à un gars pareil, c'est à mourir de rire...) assiégé : je suis poignardé ». Au passage, « Le Chevalier assiégé » me rappelle ce joli conte d'Italo Calvino « Le Vicomte pourfendu » « .Ah : , mon ami Marco Valdo M.I., tu n'avais pas par hasard (non è a caso che...) apporté ce Jules César dans les CCG. J'aurais dû m'en douter...

Merci, Lucien l'âne mon ami, je te remercie de faire allusion au « Vicomte pourfendu », premier d'une trilogie de Calvino, en effet ; je te rappelle que la-dite trilogie se termine par « Le Chevalier inexistant »... Et souviens-t-en, la vie et la gloire de César se résolvent en une pantalonnade... Et finissent en « Tu quoque... » adressé à Brutus... Sauf que Brutus usa vraiment du couteau et donna vraiment le coup de grâce, en répandant vraiment le sang et en laissant vraiment le grand César sur le carreau. Tu te souviens de cet épisode tragique... Il y eut toujours à Rome, mais bien plus tard, un second (et sans doute bien d'autres dans la papauté romaine... mais je n'ai ni le goût, ni le temps de faire l'énumération des papes empoisonnés, défenestrés ou pensionnés avant l'heure divine) épisode de liquidation par les proches tragi-comique celui-là advînt au Grand Conseil du PNF (Parti national fasciste) le 25 juillet 1943, le grand Duce entrait au Conseil en maître et en sortait déchu... en direction de la prison.

Oui, oui, je me souviens bien tout cela... La gloriole se dissolvait en farce... Mais aujourd'hui ?

Aujourd’hui, on voit ainsi le ridicule submerger le clone de César, sa version télévisuelle, son cartoon, le prestidigitateur manchot n'arrive plus à faire illusion... et plouf... il retombe dans la mare de ses marelles, dans la boue de ses poubelles, dans la curée de ses querelles... Car il n'est pas au bout de ses peines... L'empire de ses « affaires » va se disloquer lui aussi... Ce sera la débandade... Il n'y aura plus de petite pilule bleue pour le soutenir dans ses exploits…Cependant, pour la comparaison avec la geste de Jules, on ne l'entendit pas telle une pleureuse exhaler des lamentations interminables et exciper de son grand âge, de sa calvitie ou de sa « fiancée »... Mais pour en revenir à César, je crois t’avoir déjà conseillé la lecture de Bertolt Brecht et de son excellent roman « Les Affaires de Monsieur Jules César »... On y voit comment en ayant des dettes immenses, on se sauve en faisant des dettes plus immenses encore pour acheter ses électeurs, comment intimider ses opposants et ses proches, comment liquider ses alliés quand ils deviennent encombrants ou concurrents, comment distribuer des prébendes et des petits cadeaux... À ce propos, regarde le texte de la canzone du Grand Jojo :

« Tout fier et victorieux sur son grand char
Il ordonnait qu'on distribue de la bière
Qu'on buvait à la santé de… César !

Les gladiateurs dans l'arène
Passaient avec des sandwiches boudin noir
La fiesta durait parfois six semaines
Il fallait l'avoir vu pour… le croire!! »

Et n'oublie pas que le Grand Jojo vit à Bruxelles et qu'on a vu en ce pays un Premier Ministre qui faisait campagne (et les gagnait) à coups de soupers aux boudins et de colis de viande. Quant aux tournées de bières, elles sont de tous les partis.


Bon, maintenant, il ne reste plus qu'à attendre la suite du feuilleton...


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

Marco Valdo M.I. - 2/10/2013 - 10:07


Finalement, l'âne avait parlé juste, mais trop vite, trop tôt ... L'Hélicon de Berluscon

C'est que, dit Lucien l'âne en riant de toutes ses dents, bien des humains sont durs de la comprenure, ce qui veut simplement dire « lents à comprendre ».

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I.et Lucien Lane

Marco Valdo M.I. - 2/10/2013 - 10:33




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