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Ah si... la guerre de quatorze n'avait pas eu lieu

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese



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Ah si... la guerre de quatorze n'avait pas eu lieu

Canzone française – Ah si... la guerre de quatorze n'avait pas eu lieu – Marco Valdo M.I. – 2011
Histoires d'Allemagne 40

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

Voilà bien une étrange canzone, dit Lucien l'âne en reniflant comme une trompe marine dans une brume grise de la plus belle eau de Frise. On dirait une uchronie. En somme, te voilà en train de réécrire l'histoire.

Je sais, je sais, Lucien l'âne mon ami, faire de l'uchronie, c'est utopique. Et bien des gens pensent que c'est inutile, que c'est carrément fantaisiste. Et pourtant... Cette façon d'appréhender l'histoire, en l'occurrence, celle de l'année 1941, vue par un ex-correspondant de guerre de la Wehrmacht, un ancien de Signal, est certes une idée curieuse, mais ouvre la pensée sur ce qui aurait pu être si... C'est une façon particulière de voir ce qui a été et de le confronter à un univers sans lui et cela permet de faire une certaine comparaison. Avec une telle approche, on voit surgir des pensées, ou un autre sens pour des événements qu'on n'avait pas remarqués jusqu'alors.
Pour voir si je t'ai bien compris, ça me rappelle une expression de chez nous qui dit « Si ma tante en avait, elle serait garde civique » ou variante : « Si ma tante en avait, ce serait mon oncle ». Cette histoire de ma tante et de mon oncle, et j'en termine ainsi avec elle, pour moi, renvoie nettement à Queneau et à sa Zazie, qui déclarait benoîtement (en l'honneur de Benoît, évidemment) du haut de son enfance : « Mon tonton est une tata ». Mais comme disait Jacques Brel : « le monde est plein de polissons... »

En effet, en effet, dit Lucien l'âne en riant de ses dents grandes et solides comme le basalte, Raymond Queneau a fait dire pareille chose à sa Zazie... C'est d'ailleurs, le même Queneau qui écrivit une très lumineuse chanson que j'aime beaucoup pour son ironie et qui est intitulée : « Si tu t'imagines... ». Chanson destinée – du moins, c'est ce que l'on croit – aux seules jeunes filles un peu oies blanches reconverties .

Alors, Lucien l'âne mon ami, dit Marco Valdo M.I. en souriant, avant d'aller plus à fond dans la canzone du jour, j'attire ton attention sur un vers tout au début d'un des sizains et c'est celui qui parle des déserteurs. Il dit ceci : « Nous autres les déserteurs, on allait vers d'autres territoires... ». Il est important de s'y arrêter un instant, car il signale une chose souvent passée sous silence, c'est que dans l'armée allemande, chez les nazis et même, avec la terreur qu'ils faisaient régner, il y a eu – très rapidement – des déserteurs... Où pouvaient-ils espérer aller ? En Russie, en Turquie et en Suisse ; peut-être en Suède...

Ah, les déserteurs..., dit Lucien l'âne en poussant un soupir d'une profondeur exemplaire. Depuis la plus haute antiquité, j'en ai croisé sur tous les chemins que j'ai parcourus, mais la grandeur des nations fait qu'on en parle fort peu. La désertion, vue par le pouvoir, par tous les pouvoirs, c'est une sorte de maladie honteuse... C'est normal car elle met directement en cause l'idée-même de guerre – juste ou injuste, l'idée-même de pouvoir juste ou injuste. Elle affirme le droit de l'individu, son droit naturel, sa dignité d'homme de refuser d'être englobé dans une coterie qu'il n'a pas choisie... Cependant, dans la Guerre de Cent Mille Ans, on ne peut que changer de camp...

Maintenant, pour en arriver, enfin, à ce que dit la canzone du jour, elle se fonde sur l'idée d'un débarquement anglais sur l'île de Sylt tout au début de la Première Guerre mondiale, en 1914 et même peut-être avant... Cette audacieuse anticipation avait réellement été proposée par Winston Churchill; le reste de l'histoire est pure uchronie, c'est-à-dire pure supputation. Partant du fait que l'opération a échoué (au ministère de la Marine anglaise qui l'a proprement coulée; comme tu le sais depuis que Parkinson l'a montré,l'Angletere dispose de la plus forte marine de terre : son ministère), qu'elle n'a dès lors même pas été tentée... on ne saura jamais si elle aurait été réussie et si dans les faits, elle aurait pu changer le cours de l'histoire. Mais enfin, admettons et voyons la suite. « Si ma tante en avait... », qu'aurait fait mon oncle ? L'idée de base, c'est que la guerre de quatorze ou bien n'aurait tout simplement pas eu lieu (les Anglais ayant débarqué... à Sylt comme il est dit plus haut) et que dès lors, l'Empire se serait maintenu ou bien alors qu'une transition vers la république se serait bien passée, que l'Allemagne conservant ses colonies aurait tourné ses regards vers l'Afrique et qu'en 1941, Guderian et ses tankistes auraient peut-être eu comme objectif de lancer leurs tracteurs dans des exploitations agricoles en Ouganda au lieu d'aller se geler aux portes de Moscou. Le tout culminant dans une grande fête des moissons animées par ceux qui ne seraient pas morts ou amputés par l'hiver soviétique...

Un finale d'ode à la paix et à la paysannerie, un finale qui me plaît bien, dit Lucien l'âne. C'est comme ça que devrait se terminer la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour les exploiter, en tirer profit, les asservir par le travail forcé... Ce serait l'apothéose selon Günter. Et nous en attendant ce temps-là, on continuera à tisser le linceul de ce vieux monde figé, myope, insupportable et cacochyme.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Imagine un peu que Churchill, jeune encor
Au début de la guerre de quatorze ait mené son plan
Et débarqué ici à Sylt à l'arrière du décor
Avec trois divisions et quelques régiments
Mais tout ça c'est des songes ; tout ça, c'est des si
Et on entend encore l'homme qui pleure et le diable qui rit.

Tout eût pu être différent
Surtout, crois-moi, pour le peuple allemand
Peut-être même qu'on aurait encore l'Empire
C'eût été moins pire qu'un führer en délire.
Mais tout ça c'est des songes ; tout ça, c'est des si
Et on entend encore l'homme qui pleure et le diable qui rit.

La Guerre de quatorze n'aurait duré qu'une saison
Pauvre tonton Georges, il aurait perdu sa chanson.
Mais avec une guerre vite interrompue
La République même eût été bienvenue
Mais tout ça c'est des songes ; tout ça, c'est des si
Et on entend encore l'homme qui pleure et le diable qui rit.

L'Afrique, l'Afrique nous aurait absorbés
L'Afrique, l'Afrique, nous aurait envoûtés
L'Afrique, l'Afrique, c'eût été notre Amérique
L'Afrique au lieu de Moscou et l'hiver soviétique.
Mais tout ça c'est des songes ; tout ça, c'est des si
Et on entend encore l'homme qui pleure et le diable qui rit.

Nous autres les déserteurs, on allait vers d'autres territoires
Mais la Wehrmacht, armée invincible, allait de victoire en victoire
Guderian aurait dû mener ses tracteurs en Ouganda
Les soldats auraient encore leurs pieds, ils auraient encore leurs bras
Mais tout ça c'est des songes ; tout ça, c'est des si
Et on entend encore l'homme qui pleure et le diable qui rit.

Si la guerre de quatorze n'avait duré qu'une saison
Celle de quarante n'aurait pas lieu, on serait tous à la maison
Été quarante et un : les rescapés par millions
Partout font la fête, partout, font les moissons.
Mais tout ça c'est des songes ; tout ça, c'est des si
Et on entend encore l'homme qui pleure et le diable qui rit.

inviata da Marco Valdo M.I. - 6/7/2011 - 16:59




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