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La Pâtisserie d'Orel-Oriol

Marco Valdo M.I.
Language: French




Un Anglais ou un Ecossais,
Homme de mer avec une odeur de salure
D’huîtres et d’algues.
Sur les marchepieds du train
Lançant de la vapeur joyeuse à la gare d’Orel-Oriol.
C’est un songe, une victoire sur l’obscurité
Entre l’Italie et la vielle Russie
Je campe et je vis
Dans l'énorme salon de pâtisserie
Tenu par de braves gens,
Russes ou Italiens de province,
Convaincus de devoir faire
Quelque chose d’artistique ou de moderne
(peut-être sont-ils de Cuneo).
Une fameuse pâtisserie
Avec des parquets très lumineux
Et un long escalier de bois clair
Se courbant en haut et en bas,
Et parfaitement ciré.

Une modèle soviétique
Raconte l'histoire de deux timbres-poste
Dans un petit village
Dans le brouillard des mers du Nord.
Un des deux timbres,
Où elle pressait sa gracieuse langue
N’était pas approuvé par la bureaucratie ;
L’autre, oblitéré, avait une histoire.
Au sortir de la salle d’essayage et de couture
Devant les photographes et les caméras
On avait oublié de lui expliquer
Qu’elle aurait dû ouvrir la bouche pour crier
Vivat !
Car il s’agissait du lancement d’un navire.
Le timbre avait été imprimé
Avec sa bouche fermée.


Le jour la présentation attendue.
Je descends par le grand escalier ciré,
Lancement d'un film italo-franco-soviétique
Avec de très bonnes pâtisseries,
Une conférence de presse des plus importantes
Répétition générale excellente,
Une foule très élégante, joyeuse.
Le pavement était couvert d’encastrements illustrés,
Faits par des ébénistes experts et très habiles ;
Avec des carreaux et des marqueteries modernes.
Dehors, sur le parvis de l’ancienne église,
Dans tous les environs, à perte de vue dans la ville,
Partout des marqueteries de la même nature :
Des chapons dans des plats, des coqs qui font cocorico,
Des chasseurs assis à table avec des petites paysannes
Et des fusils appuyés à la commode.
Chose sérieuse, sans remède ni défense .
Ces nouvelles marqueteries
Ne semblent pas pires que les anciennes
On voulait à travers elles
Retrouver un fil populaire italo-anglo-soviétique.

Du côté de la porte d’entrée,
Quelques-uns protestent et s’émerveillent.
Au fond, un monsieur arrivé depuis une heure
Avec son chien
Dans la manne fermée par des chaînettes.
Au milieu,
Un gros de dos (Orson Welles) assis avec des gimblettes,
Pressent et comprend
Que tout est compromis, que tout est perdu,
Que le lancement n'aura pas lieu.
Dans la salle à manger marquetée
Les cinéastes restent seuls
En attendant
On ne sait quel secours impossible.



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