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Le Bagne des Bébés

Marco Valdo M.I.
Langue: français




Moi, dit l’Ancienne, j’ai vécu
Dans le bagne des bébés.
J’ai langé, j’ai soigné
Les tout petits au cul nu.
Leurs mères, prisonnières,
Peuvent le matin et le soir les nourrir.
Quand elles s’absentent pour mourir,
Les bébés les suivent au cimetière.
Y en a-t-il encore ?
Allez-y voir en ces lieux perdus
Où règne le secret absolu,
Recouvre tous ces corps.

Qui sont-elles ces mamans-là ?
Qui sont-elles au bout de l’au-delà ?
Des droits communs, des terroristes,
Des espionnes, des saboteuses,
Des femmes enfants, des tuberculeuses,
Des filles, des femmes qui résistent.
D’où vient leur enfant ?
Était-il là en elles avant ?
Avant qu’on les arrête,
Avant qu’on les maltraite ?
Et les pères ? Mari, amant de cœur ?
Un passant ? Un profiteur, un violeur ?

Dans les camps de Zinovie,
Les gangrenés finissent leur vie,
Morceau par morceau, amputés.
Ils sont de l’État la propriété,
Dans l’infect mouroir collectif,
On entretient ces pauvres corps.
Pour les statistiques et les rapports -
On note ces éléments objectifs :
Tant morts, tant encore vivants.
Eux se sentent partir,
De vivre, il n’est plus temps.
Ils voient la mort venir.

Le Veilleur dit : C’était il y a trois ans,
C’était l’affaire de trois jours,
Depuis sonne l’alerte nuit et jour.
En ville, notre nouveau slogan :
« Tous aux abris ! » ; maintenant,
C’est le refrain du présent.
À la frontière, les habitants fuient
Loin à l’intérieur de la Zinovie.
Les drôles d’oiseaux portent à toute heure
En bande, en escadrille, en essaim,
Vers la capitale, leurs bouquets de fleurs.
Il en viendra d’autres demain.



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