Langue   

Les Filles de Zinovie

Marco Valdo M.I.
Langue: français




Grand-Mère dit : Cette fois-ci,
Je viens parler des filles d’ici.
D’une fille de dix-huit ans,
Encore presque une enfant.
Ils ont emprisonné cette chanteuse :
Elle fredonnait dans la rue,
Pour les gens, une mélodie heureuse.
Aussitôt, la meute nationale se rue,
Bave, aboie, grogne, gronde
Et dénonce la jeune blonde
À la voix douce, à la voix digne,
Qui chantonne l’histoire du cygne.

En Zinovie, on a des prisons,
Camps de travail, lieux de punition,
Colonies pénitentiaires pour les dames,
Pour les filles, pour les femmes.
Là, on les force à travailler, on les exténue
On les bat, on les torture, on en tue.
L’administration ne fait pas le détail,
Elle traite les détenues pis que du bétail.
On emprisonne, on enferme, on incarcère
Pour un blasphème, pour un mot, pour un air.
Les plaintes se perdent en chemin ;
L’administration étouffe les cris de chagrin.

Le soldat dit : Souvent, au front, là-bas,
Les blessés au combat ne survivent pas.
C’est du pain bénit pour les veuves :
Devant Dieu, elles jurent leur foi ;
Elles le font même plusieurs fois.
Elles peuvent acheter une maison neuve
Et vivre de leur pension.
Ce sont de juteuses opérations.
« La bonne affaire : Épousez un soldat,
Un idiot qui signe le contrat.
Votre veuvage est votre droit
Et réclamez l’argent à l’État. »

Moi, dit une voix, je suis aviateur.
De nos avions, je compte les malheurs.
Écoutez bien ceci, les amis :
Nos coucous meurent au nid,
Nos avions s’en vont au paradis.
En vol, l’ennemi les mitraille – Normal !
Au sol, les bombes les écrasent – Normal !
Au décollage, nos artilleurs les abattent – Spécial !
Et avec ça, on doit garder le moral.
Moi, dit une autre voix, je suis marin.
Nos navires meurent au port.
Au large, ils ont perdu le nord.



Page principale CCG

indiquer les éventuelles erreurs dans les textes ou dans les commentaires antiwarsongs@gmail.com




hosted by inventati.org