Lingua   

Les Nuits glaciales

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese




À la morgue nationale militaire,
Immense entrepôt des héros morts,
Centre collectif de tri des morts,
Viennent les dolentes mères
Chercher les restes de leurs enfants.
Les cœurs des mères martèlent,
Leur pleur fait un bruit de crécelles.
Elles errent là lentement
Murmurant une mélopée sempiternelle,
En tenue de deuil, pies
Piaillant en un chœur grinçant
D’indicibles pensées impies.

Au bout du compte, quelle différence ?
Mourir tôt, mourir tard ?
La vie se vit pareille. Quelle existence ?
Il y a le début – c’est le hasard.
Il y a la fin – c’est la nécessité.
Où est partie la gaieté ?
Dans le soir, les morts se suivent,
Leurs pas lourds se ressemblent.
Disloqué, leur cortège dérive.
À les voir, la terre tremble.
Elle jette hors de ses entrailles,
Envahisseurs, bourreaux et médailles.

Au moment du décompte final,
Seuls comptent les morts retrouvés,
Les morts perdus, les abandonnés
Les anonymes ne vont pas au bal.
Figé par l’ampleur du dégât,
Le regard du Guide
Se perd dans le vide
De l’omerta de l’État.
« Demain à l’heure du grand départ,
Fuir ? Où fuir ? Nulle part !
Aucune caverne, aucun abri
Pour accueillir les proscrits. »

Seul, sous l’oreiller, chaque matin,
Renfrogné, le Guide se complaint.
Qu’ont-ils donc dans la tête
Ces embarrassants témoins ?
Tous les jours, on en arrête.
Chaque jour, il en revient.
Qu’on les condamne, qu’on les éjecte !
Il le faut, je le décrète.
Dans le grand nord de la Zinovie,
Plus encore sous la loi martiale,
Les nuits sont glaciales.
Peu en reviendront en vie.



Pagina principale CCG

Segnalate eventuali errori nei testi o nei commenti a antiwarsongs@gmail.com




hosted by inventati.org