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Les Éléphants mécaniques

Marco Valdo M.I.
Langue: français


Marco Valdo M.I.


Même le bruit de la guerre,
Même le son du tonnerre
Ont maintenant une autre voix,
C’est une autre scène qu’on voit.
Avant, les éléphants mécaniques,
Nez en l’air, laissaient leurs corps
Démantibulés rouiller au bord
Des routes dans des poses épiques.
Le de profundis des canons rythmait
Les requiems des hasardeux combats.
La vie, la mort, les dés, tout roulait
Aux sons de trompe de leurs tubas.

Sa complainte invite à la noce,
C’est une belle gosse.
On s’y laisse prendre,
Elle vient, il suffit d’attendre.
En l’éden là-bas, dit le soldat,
Les moissons durent tout l’été.
L’hiver encore, avec son air entêté,
Allant toujours du même pas
Semer les cadavres des hommes,
Elle ne se presse même pas,
Elle brandit son long coutelas
Et tranche d’un coup les bonshommes.
Fermer les yeux, n’y pensez pas !
Toute distraction coûte un bras.
Ce spectacle grand-guignol ne lasse pas,
On est sûr de vivre tant qu’on le voit.

Ici et maintenant, déjà, dit le Revenant,
On en revient à l’état d’avant,
Après le clair obscur de sa disparition,
Planqué dans un grand flou,
Le pouvoir est à nouveau fou.
C’est le temps de la revisitation.
À l’an nouveau, sous le Guide,
Le Pays sera énorme et livide.
Les files à nouveau s’allongent ;
À l’allure où tout ça plonge,
Quand fondront les neiges d’antan,
Reviendront les tickets de rationnement.

Et moi, dit Zorba le chat, moi
Qui me voyait déjà
Des fleurs plein les bras,
Moi qui sentais déjà
Venir à la fin de l’hiver
La faim de beau temps,
Je chantonnais encore hier :
« Au printemps, au printemps… »
Maintenant, je rumine constamment
« Oh, combien de soldats, combien de lieutenants,
Partis là-bas, joyeux vivants,
Connaîtront encore le printemps ? »



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