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Das Narrenschiff

Reinhard Mey
Language: German


Reinhard Mey

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(Ivan Della Mea)
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(Claude Hazan)
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(Marco Valdo M.I.)


Das Narrenschiff

Chanson allemande – Das Narrenschiff – Reinhard Mey – 1995

Das Quecksilber fällt, die Zeichen stehen auf Sturm,
Nur blödes Kichern und Keifen vom Kommandoturm
Und ein dumpfes Mahlen grollt aus der Maschine.
Und rollen und Stampfen und schwere See,
Die Bordkapelle spielt „Humbatäterä“,
Und ein irres Lachen dringt aus der Latrine.
Die Ladung ist faul, die Papiere fingiert,
Die Lenzpumpen leck und die Schotten blockiert,
Die Luken weit offen und alle Alarmglocken läuten.
Die Seen schlagen mannshoch in den Laderaum
Und Elmsfeuer züngeln vom Ladebaum,
Doch keiner an Bord vermag die Zeichen zu deuten !

Der Steuermann lügt, der Kapitän ist betrunken
Und der Maschinist in dumpfe Lethargie versunken,
Die Mannschaft lauter meineidige Halunken,
Der Funker zu feig‘ um SOS zu funken.
Klabautermann führt das Narrenschiff
Volle Fahrt voraus und Kurs auf‘s Riff.

Am Horizont wetterleuchten die Zeichen der Zeit
Niedertracht und Raffsucht und Eitelkeit.
Auf der Brücke tummeln sich Tölpel und Einfaltspinsel.
Im Trüben fischt der scharfgezahnte Hai,
Bringt seinen Fang ins Trockne, an der Steuer vorbei,
Auf die Sandbank, bei der wohlbekannten Schatzinsel.
Die andern Geldwäscher und Zuhälter, die warten schon,
Bordellkönig, Spielautomatenbaron,
Im hellen Licht, niemand muß sich im Dunkeln rumdrücken
In der Bananenrepublik, wo selbst der Präsident
Die Scham verloren hat und keine Skrupel kennt,
Sich mit dem Steuerdieb im Gefolge zu schmücken.

Der Steuermann lügt, der Kapitän ist betrunken
Und der Maschinist in dumpfe Lethargie versunken,
Die Mannschaft lauter meineidige Halunken,
Der Funker zu feig‘ um SOS zu funken.
Klabautermann führt das Narrenschiff
Volle Fahrt voraus und Kurs auf‘s Riff.

Man hat sich glatt gemacht, man hat sich arrangiert.
All die hohen Ideale sind havariert,
Und der große Rebell, der nicht müd‘ wurde zu streiten,
Mutiert zu einem servilen, gift‘gen Gnom
Und singt lammfromm vor dem schlimmen alten Mann in Rom
Seine Lieder, fürwahr : Es ändern sich die Zeiten !
Einst junge Wilde sind gefügig, fromm und zahm,
Gekauft, narkotisiert und flügellahm,
Tauschen Samtpfötchen für die einst so scharfen Klauen.
Und eitle Greise präsentier‘n sich keck
Mit immer viel zu jungen Frauen auf dem Oberdeck,
Die ihre schlaffen Glieder wärmen und ihnen das Essen vorkauen.

Der Steuermann lügt, der Kapitän ist betrunken
Und der Maschinist in dumpfe Lethargie versunken,
Die Mannschaft lauter meineidige Halunken,
Der Funker zu feig‘ um SOS zu funken.
Klabautermann führt das Narrenschiff
Volle Fahrt voraus und Kurs auf‘s Riff.

Sie rüsten gegen den Feind, doch der Feind ist längst hier.
Er hat die Hand an deiner Gurgel, er steht hinter dir.
Im Schutz der Paragraphen mischt er die gezinkten Karten.
Jeder kann es sehen, aber alle sehen weg,
Und der Dunkelmann kommt aus seinem Versteck
Und dealt unter aller Augen vor dem Kindergarten.
Der Ausguck ruft vom höchsten Mast : Endzeit in Sicht !
Doch sie sind wie versteinert und sie hören ihn nicht.
Sie zieh‘n wie Lemminge in willenlosen Horden.
Es ist, als hätten alle den Verstand verlor‘n,
Sich zum Niedergang und zum Verfall verschwor‘n,
Und ein Irrlicht ist ihr Leuchtfeuer geworden.
Der Steuermann lügt, der Kapitän ist betrunken
Und der Maschinist in dumpfe Lethargie versunken,

Die Mannschaft lauter meineidige Halunken,
Der Funker zu feig‘ um SOS zu funken.
Klabautermann führt das Narrenschiff
Volle Fahrt voraus und Kurs auf‘s Riff.

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2020/12/14 - 20:07



Language: French

Version française – LA NEF DES FOUS ou LE BATEAU FOU – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson allemande – Das Narrenschiff – Reinhard Mey – 1998


Dialogue Maïeutique



Mon cher ami Lucien l’âne, tu as certainement entendu parler de cette légendaire Nef des Fous, qui a surgi au milieu d’une Europe ballottée par les guerres de religion, car voici une chanson de Reinhard Mey qui porte le titre de La Nef Des Fous dans sa forme originelle allemande de Narrenschiff et aborde cette histoire à sa manière qui est bien différente des deux versions italiennes que nous avons déjà rencontrées : celle d’Ivan della Mea (1975) – La nave dei folli et celle de Gianluca Lalli (2015), également intitulée, La nave dei folli . Très différente d’abord par sa langue évidemment, je ne parle pas seulement de la langue allemande, mais de la manière particulière dont Reinhard Mey traite cette langue ; et puis, son titre qui la rapproche directement du Narrenschiff d’origine et des circonstances dans lesquelles l’original fut conçu, écrit et publié lors du carnaval de Bâle de 1494.

Bien sûr, dit Lucien l’âne, que j’en ai entendu parler et même, souvent, et même depuis longtemps. Si j’ai bonne mémoire, en effet, depuis au moins le Moyen Âge. Je voudrais te rassurer tout de suite et te dire que je ne la confondrai pas avec l’arche biblique, même si cette dernière est aussi, à bien des égards, un bateau fou – ce qui est une autre traduction possible de Narrenschiff. Tout comme on peut voir un Narrenschiff, une nef de fous dans le bateau d’Ulysse qui s’en alla lui aussi à la dérive. En fait, il me semble que toutes ces histoires délirantes sont des récits imaginaires, sans doute engendrés au cours de libations prolongées. Mais dis-moi, cette chanson-ci et sa nef des fous.

Donc, Lucien l’âne mon ami, sur le thème général de la nef des fous, en ayant parfaitement résumé et l’origine bacchique et les excroissances populaires, tu as fait comprendre combien ce Narrenschiff et tout ce qui tourne autour baignait dans le grand magma imaginaire de l’humaine nation. Cette nef des fous – y compris évidemment celle qui est portraiturée dans le tableau de Hieronymus Bosch – n’est rien d’autre que l’humanité elle-même ballottée au fil des temps et qui dans le meilleur des cas, tente de se donner un destin plus sûr.

Quand elle y pense, dit Lucien l’âne en riant, mais elle ne pense pas souvent ; la plupart du temps, elle croit et c’est là le fondement de sa folie et de ses délires.

Certes, répond Marco Valdo M.I., et ce n’est pas là son moindre défaut, mais passons. Ainsi, il y a eu autrefois un livre de Sebastian Brant avec ce titre de « Das Narrenschiff », en allemand, publié en 1494 par l’éditeur Johann Bergmann d'Olpe et la chose a son importance – durant le carnaval. Ce livre comporte 113 récits, cent treize narragonies ou histoires du pays des histoires, toutes empreintes d’une lourde morale peu encline à l’évolution, une dénonciation satirique des travers de la société et des vivants. Mais quand même, la nef avait pris la mer et depuis, elle n’a jamais vraiment abordé ; elle poursuit son périple. Elle a eu beaucoup de descendance et court encore les océans imaginaires.

Quid dès lors de la chanson de Reinhard Mey ?, demande Lucien l’âne.

Eh bien, dit Marco Valdo M.I., elle raconte comme on peut s’y attendre l’histoire d’un bateau fou, d’un bateau où non seulement le capitaine, mais tout l’équipage et les passagers sont soûls ou fous, mais dans tous les cas, hors d’état de comprendre ou d’agir face à la tempête qui s’amorce. Rien, ni personne ne pourra les sauver du récif sur lequel l’ondin, qui n’est autre que le génie des eaux, va les précipiter. C’est évidemment une parabole dont je laisse à chacun le soin de la décrypter à sa manière. L’écologiste y verra l’effondrement par la crise climatique, le malthusien y verra l’humanité s’écraser sous son propre poids démographique, etc. Je te laisse, par exemple, deviner ce qu’y trouvera un évangéliste, un musulman ou un nationaliste. Une dernière chose, sur le bateau, il n’y a pas de migrants. Eux sont sur d’autres bateaux, même si en définitive, ils sont victimes de la même folie qui, chacun son interprétation, mène les riches dans La Guerre de Cent mille ans qu’ils font aux pauvres par avidité, arrogance, stupidité et peur.

Je vois, dit Lucien l’âne. Je m’en vais la parcourir de mes deux yeux et de mes deux oreilles avec beaucoup d’attention. Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde fou, aussi fou qu’on peut l’être, maniaque, brutal, irraisonné, déraisonnable et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

LA NEF DES FOUS ou LE BATEAU FOU

Le mercure baisse, des signes annoncent la tempête,
Des ricanements et des cris stupides tombent de la passerelle
Et un grondement lourd sourd de la machine.
Il y a du tangage, il y a du roulis ; sur la mer agitée,
L’orchestre de la nef joue une musique endiablée ;
Un rire maniaque monte des latrines.
La cargaison est pourrie, les papiers sèment le doute,
Les pompes fuient et les cloisons se bloquent,
Les écoutilles béent, toutes les alarmes sonnent.
La mer frappe à hauteur d’homme dans la soute
Et les feux de Saint-Elme coiffent les mats,
Mais personne à bord ne peut interpréter ça.

Le timonier ment, le capitaine est n’est plus en état
Et le machiniste est plongé dans une léthargie sourde,
L’équipage n’est plus qu’un ramassis de gourdes,
Et pour envoyer des SOS, le radio est trop las.
L’ondin déchaîné mène la nef
Des fous en avant toute sur le récif.
Tout le monde fait le dos rond, reste passif.

À l’horizon, brillent les signes des temps
Bassesse, avidité et vanité.
Sur le pont, les nigauds et les gogos sont agités.
dans les eaux troublées, le requin joue des dents,
Emporte sa prise au sec, au-delà la barre
Sur le banc de sable de l’île au trésor
Les souteneurs, les trafiquants d’or,
Les rois des bordels, les patrons des bars,
Dans la lumière vive, chacun attend.
Dans cette république bananière, où même le président
A perdu sa montre et n’a aucune honte
À s’afficher avec des voleurs dans sa suite.

Le timonier ment, le capitaine est n’est plus en état
Et le machiniste est plongé dans une léthargie sourde,
L’équipage n’est plus qu’un ramassis de gourdes,
Et pour envoyer des SOS, le radio est trop las.
L’ondin déchaîné mène la nef
Des fous en avant toute sur le récif.
Tout le monde fait le dos rond, reste passif.

Là, tous les grands idéaux tombent à plat,
Et le grand rebelle pas fatigué se bat,
Servile et venimeux, il se transforme en gnome
Et bêlant, chante au vieux méchant homme de Rome
Ses chansons ; précisément : les temps changent.
Là, les jeunes sauvages sont obéissants, pieux et dociles,
Achetés, anesthésiés et sans ailes,
Et contre des griffes émoussées, leurs pattes échangent.
Là, sur le pont, de vieux vaniteux font les beaux
Avec des femmes trop jeunes pour leur peau ;
Elles nettoient leur visage et leur masque
Et réchauffent leur membre flasque.

Le timonier ment, le capitaine est n’est plus en état
Et le machiniste est plongé dans une léthargie sourde,
L’équipage n’est plus qu’un ramassis de gourdes,
Et pour envoyer des SOS, le radio est trop las.
L’ondin déchaîné mène la nef
Des fous en avant toute sur le récif.
Tout le monde fait le dos rond, reste passif.

Ils s’arment contre un ennemi, depuis longtemps là.
Déjà, il a la main sur ta gorge, il se trouve derrière toi.
À l’abri de la loi, il mélange les cartes en trichant
Tout le monde le voit, tout le monde regarde ailleurs,
Et le personnage louche sort de sa torpeur
Et deale tranquillement devant le jardin d’enfants.
Le guetteur crie du haut du mât : fin des temps en vue !
Mais ils ne l’entendent pas, ils sont comme pétrifiés.
Ils avancent comme des lemmings en hordes sans volonté.
C’est comme s’ils savaient tous la connaissance perdue
Ils ont tous conspiré pour la ruine et la décadence ;
Le feu follet est devenu leur ultime référence.

Le timonier ment, le capitaine est n’est plus en état
Et le machiniste est plongé dans une léthargie sourde,
L’équipage n’est plus qu’un ramassis de gourdes,
Et pour envoyer des SOS, le radio est trop las.
L’ondin déchaîné mène la nef
Des fous en avant toute sur le récif.
Tout le monde fait le dos rond, reste passif.

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2020/12/14 - 20:42




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