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L'Usine

La Canaille
Language: French


La Canaille


Le bus vient de l'déposer,
Il pointe et ne r'verra l'jour qu'avec la rosée,
D’ailleurs, l'odeur lui donne d'jà la nausée.
Il rentre dans l'vestiaire, défait l'cadenas, ouvre son casier,
pose le keuss du casse-dalle, enfile sa blouse et s'assied,
enlève ses shoes, met les chaussures d'sécurité,
prend ses gants, son cutter, quelques pièces pour l'café.

Il r'garde l'heure, plus qu'cinq minutes avant d'commencer.
Il r'ferme à clef, gavé d'avance, rien qu'd'y penser.
Pas à pas s'dirige lentement vers sa machine,
Regarde la mine des autres, fatigués, mais contents d'quitter l'usine,
Écoute les consignes du gars d'l'équipe précédente,
Si y a rien, c'est bon signe. La nuit s'ra moins fatigante.

Vingt-et-une heures pile. Le gars lui souhaite bon courage, ramasse ses affaires et file.
Le v'là face à l'ouvrage.
Pas l'temps d's'installer, deux pièces à contrôler, à emballer vite fait, avant qu'deux autres prennent le relais.

Couper, séparer, jeter.
Couper, séparer, jeter.
Couper, séparer, jeter.
C'est ça le boulot.
Couper, séparer, jeter. Toute sa vie.

Pour lui, l'compte à rebours s'est enclenché,
A peine le plancher foulé.
Huit heures à tenir et pas question d'flancher.
Sinon c'est la porte.
Des gars comme lui, y en a à la pelle.
Profession : O.S. comme ils les appellent dans les boîtes d'intérim.
Ouvrier spécialisé. Ferme-la et trime.
L'exploitation est officialisée.

Subventionnée par l’État, c'est sur qu'ça fait cogiter.
D'façon il fait qu'ça, cogiter. Même agité, pense à tout pour s'évader.
Voit ses gosses gambader et s'rappeller du week-end dernier,
Des conneries du J.T.
Mais il r'descend vite fait sur Terre, son chef l'interpelle.
A défaut d'personnel, lui file du taf supplémentaire.
Envie d'soccuper d'son cas, d'lui r'faire la déco comme celui qui lui a fait le contrat y a trois mois chez Adecco.

Maintenant ça lui fait deux presses.
Plus de stress. Il galope de poste à poste avec cette cadence qui l'oppresse.
L'horloge qui l’agresse.
Il n'attend qu'une chose. Une heure et demie, que vienne son heure de pause.

Couper, séparer, jeter.
Couper, séparer, jeter.
Couper, séparer, jeter.
C'est ça le boulot.
Couper, séparer, jeter. Toute sa vie.

Il bloque la dernière moulée.
On vient l'remplacer.
Quitte enfin l'atelier, tee-shirt mouillé, dos cassé.
Grimpe les escaliers, va pouvoir pisser.
S'laver les mains fissa avant d'pouvoir aller grailler.
Dans l'local, qu'est tellement sale, qu'en temps normal ça aurait dû déclencher une lutte syndicale.
Mais que dalle.
Depuis l'dernier plan social, peur d’espérer mieux.

On a vu à quoi ça mène de l'ouvrir dans c'te PME.
Ca parle PMU à côté d'lui.
En face les vieux, un peu émus, rêvent d'une issue pour avoir c'qu'ils n'ont jamais eu.
Deux, trois conneries d'sorties.
Dans dix minutes, c’est r'parti.
Finit sa gamelle, vite, pour fumer la Camel,
Le cul posé sur l'quai dehors.
Son seul plaisir. Après c'est l'calme d'la ville qui dort.
Avant d'reprendre l'effort, il écrase son mégot.
Rentre, croise, aussitôt, son chef qui râle pour la minutes de pause en trop.

Le v'là à nouveau entre deux moules qui s'ouvrent et se r'ferment chaque trente secondes chrono,
Pour éjecter une pièce qu'il faut couper, séparer jeter, poser dans l'chariot.
Eh ouais, la nuit, le jour, ici, c'est ça le boulot.

Couper, séparer, jeter.
Couper, séparer, jeter.
Couper, séparer, jeter.
C'est ça le boulot.
Couper, séparer, jeter. Toute sa vie.

Couper, séparer, jeter.
Couper, séparer, jeter.
Couper, séparer, jeter.
C'est ça le boulot.
Couper, séparer, jeter. Toute sa vie.



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