Lingua   

La citée rouge

Maurice Couyba [Maurice Boukay]
Lingua: Francese




Le cuir rongé de vermine,
Les seins taris de famine,
Les yeux creux comme une mine,
C'est la Cité, la Cité !
La Cité rouge et malsaine,
Qui reçoit le peuple, obscène,
Comme un égout dans la Seine.
C'est la Cité, la Cité !

La Cité n'a qu'une chambre,
Fournaise jusqu'à septembre
Et glacière dès novembre.
L'air pur manque à la Cité.
Pour avoir chaud, l'on s'y saoûle,
Pour avoir frais, l'on s'y roule
Sur le pavé qui s'écroule.
L'air pur manque à la Cité.

Au matin, l'homme travaille
A gagner, vaille que vaille,
De quoi dormir sur la paille :
C'est le lit de la Cité.
Un seul lit pour la famille,
Père, mère, fils et fille,
L'inceste croît et fourmille :
C'est le lit de la Cité.

A dix ans, le gamin trime ;
A quinze ans, c'est pour la frime ;
A vingt ans, c'est pour le crime.
Le sang coule en la Cité.
La Cité c'est la matrice,
A peine génératrice
Qu'elle est déjà corruptrice.
Le sang coule en la Cité.

Veuve alors, bête de somme,
La Cité prend un autre homme,
Puis un autre qu'elle assomme.
Un de moins pour la Cité !
Mais la Cité se console ;
Monseigneur le Monopole
Entretient la nécropole
Du peuple: c'est la Cité !



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