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Les Neuf Cuisinières

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese




Déclaration d'amour aux neuf cuisinières :

J'aime ton fromage blanc... Ava 
J'aime tes raves... Wigga
J'aime ta hure en gelée... Mestwina
J'aime tes harengs... Dorothéa
J'aime tes tripes et ton foie de morue... Margaretha
J'aime tes abattis d'oie... Agnès, ah !
J'aime tes papas... Amanda
J'aime ta tête de veau aux champignons patriotiques... Sophia
J'aime tes rognons sauce moutarde révolutionnaire... Lena

Ava ... écoute-moi
Cette année-là, Ava
À la maison, ça ne carburait pas trop bien
Entre une femme et l’autre
Le passage est difficile
Ça parasite tout et on ne sait plus rien
Les enfants font la gueule
La mémoire s'est perdue dans un coin
Où ? Là-bas, en ville.

Ava : ton fromage blanc...

Wigga
Il faut que tu me croies
Anna s'écartait de moi
Et venait Veronika
Mon truc pour surnager ces années-là,
J'étais le turbot de la Baltique
Poisson massif,éternel et magique
Entre mes neuf sorcières,
Mes neuf cuisinières

Wigga : tes raves...

Mestwina
Nourricière et meurtrière
De l'archevêque Adalbert
Quand on arriva
Quatre ou cinq à la frontière
Comme les autres fois
On nous contrôla
Avec nos manuscrits et nos bières
Depuis quarante-sept, on passait là

Mestwina : Ta hure en gelée...

Dorothée, ma soeur
Dévouée et mystique
Venue du flamboyant gothique
Ils ont pendu Ulrike
N'as-tu pas peur
De cette terreur
À Stammheim, de cette virulence
Des forces de la puissance
Qui impose le silence.

Dorothéa : tes harengs...

Margarethe,
La Grosse Gret
La puissance, parlons-en
Elle fuyait Saïgon par les toits
De l’autre côté, pendant ce temps,
On mangeait sans trop se presser
Gâteaux et biscuits arrosés de café
Tout en nous racontant nos histoires
Qu'on inscrira plus tard dans les mémoires.

Margaretha : tes tripes et ton foie de morue...

Agnès
La Kachoube de la Guerre de Trente Ans
Où les princes massacraient les paysans
Pour rien, pour une messe
Avait-on jamais vu pareils déments
Ravager les territoires allemands
Hic et nunc, pendant ce temps
À Broksdorf, au chantier nucléaire
Contre les manifestants, c'est la guerre.

Agnès : tes abattis d'oie...

Amanda
La Prussienne, dame extraordinaire
Qui initia la Pologne tout entière
Aux charmes discrets de la papa.
Un enfant turc est tombé dans la Spree
Au Kreuzberg, sur la frontière
Personne n'a pu le sauver
Ni la police de l'ouest, ni les matelots populaires
Les femmes turques ont entonné
Leurs psalmodies mortuaires

Amanda : tes papas... pommes de terre

Sophia
Le Christ s'était arrêté à Eboli
Ô ! Sophia, te souvient-il
Qu'au début de janvier de cette année-là
Mourait à Rome Carlo Levi
Noi, non siamo cristiani
Siamo somari
Disent les paysans de Lucanie
Ainsi continue la vie...

Sophia : ta tête de veau aux champignons patriotiques...

Lena
Ainsi, dans notre Berlin double
Par deux fois, cette année-là
Sous l’œil des agents doubles
Qui ne nous entendaient pas
Nous lisions à haute voix
Poèmes, nouvelles, chapitres et romans
Au retour, je cherchais un toit accueillant
Pour nous abriter mon Turbot et moi.

Lena : tes rognons sauce moutarde révolutionnaire...



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