Lingua   

La Légende d'Itō Noe

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese




Venez vous dont l’œil étincelle
Pour entendre une histoire de mort
Approchez, je vous dirai celle
D'Itō Noe, belle fille au cœur d'or
C'était au temps où le Japon hélas
Tout entier vénérait l'autorité.
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !

Il est des filles trop sages à Tokyo
Il en est d'autres à Kyoto aussi
Qui soumises, toujours courbent le dos
Et à leurs maîtres demandent merci
Il en est même qui délassent
Le soir, les hardis chevaliers
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !

Souffrez donc que je vous étonne
À vous raconter Itō Noe
Car jamais jeunesse nippone
D'un feu plus ardent n'a brillé
Elle maudissait ceux qui entassent
Les cadavres sous leurs lauriers
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !

Rien ne domptait ce cœur farouche
Ni la menace, ni les cris des dieux
Et d'un mot de sa belle bouche
D'un signe de ses beaux yeux
Elle dénonçait les gens en place
Les samourais et les policiers
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !

Elle fut mariée à quinze ans à peine
À un homme trop vieux qu'elle n'aimait pas
Étouffant dans ce Japon à l'ancienne
Elle rêvait d'art et de débats
L'amour la saisit sans qu'elle s'en lasse
Pour un anarchiste déclaré
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !

Elle disait : Dans ce monde
Se battre contre les méchants !
Quel bonheur ! Quelle joie profonde !
Dans la lutte et dans les chants !
Là, quand les flics nous menacent
Les camarades sont nos boucliers ! »
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !


Un jour de mil neuf cent vingt-trois
Un séisme d'une ampleur insensée
Rasa Tokyo et massacra
Cent mille personnes de la contrée
Le gouvernement que le drame dépasse
Cherche des coupables à dénoncer
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !

Les anarchistes, la chose est claire
Voilà les véritables brigands
Et l’État sans faire de mystère
Envoie sur place un jeune lieutenant
Pour qu'il agisse et débarrasse
Le pays de ces exaltés
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !

Amakasu, sûr de bien faire
Arrête Itō, son homme et son petit
Il les bat, il les torture
Et enfin, jette leurs corps dans un puits
le peuple entier alors se lève, fait face
Et dénonce leur meurtrier
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !

Amakasu, dit la chronique
Par le peuple en prison conduit
Après deux ans de cette clinique
Est considéré comme guéri
Il retrouve vite une bonne place
De flic et d'assassin stipendié
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !

Itō voulait, anathème !
Bon an, mal an, au fil des jours
Un monde où soient femmes et filles même
Égales aux hommes et qu'en l'amour
Les fureurs mâles fassent place
Aux caresses et à l'amitié
Enfants, voici les bœufs qui passent
Cachez vos rouges tabliers !



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