Da "Manicomi", il primo album di Davide van de Sfroos
Desmett de vardamm se fidi de nissöen
E vardi i to öcc cume una television
M'hann insegnàa cumè se fàa a scapàa,
cumè se fàa a picàa, cumè se fàa a cupà
Ho mai vedüu na turta
M'hann mai fàa un basìn
ho sempru fàa la guera de quand s'eri penenn,
giò ne la palta, giò ne la tera
aqua, sangh, niff
e guera, guera, guera
Stringevi i denc rabbiuss cume un can
e me diseven: "spara, spara, spara Giuann"
crepaven i amiss, passaven i ann
e me diseven: "spara, spara, spara Giuann"
Hoo cargàa el füsil e hoo stappàa una bumba a man
te do tri menüt, e poi lassi nann
Capissi piö cusa cazzo g'hann
da segutàa a vusàa : "spara, spara Giuann"
Ma 'dess che se giri i svolzen luur i man
e disen: "fermo fermo, spara mea Giuann"
Ma 'dess ch'i me öcc i henn piö tant san
I vusen: "fermo fermo spara mea Giuann"
spara mea Giuann
spara mea Giuann
E vardi i to öcc cume una television
M'hann insegnàa cumè se fàa a scapàa,
cumè se fàa a picàa, cumè se fàa a cupà
Ho mai vedüu na turta
M'hann mai fàa un basìn
ho sempru fàa la guera de quand s'eri penenn,
giò ne la palta, giò ne la tera
aqua, sangh, niff
e guera, guera, guera
Stringevi i denc rabbiuss cume un can
e me diseven: "spara, spara, spara Giuann"
crepaven i amiss, passaven i ann
e me diseven: "spara, spara, spara Giuann"
Hoo cargàa el füsil e hoo stappàa una bumba a man
te do tri menüt, e poi lassi nann
Capissi piö cusa cazzo g'hann
da segutàa a vusàa : "spara, spara Giuann"
Ma 'dess che se giri i svolzen luur i man
e disen: "fermo fermo, spara mea Giuann"
Ma 'dess ch'i me öcc i henn piö tant san
I vusen: "fermo fermo spara mea Giuann"
spara mea Giuann
spara mea Giuann
Lingua: Italiano
Traduzione e adattamento di Alberto Martino
SPARA GIOVANNI
E smettila di guardarmi
io non mi fido di nessuno
e guardo i tuoi occhi come una televisione
Mi hanno insegnato
come si fa a scappare
come si fa a picchiare
come si fa ad ammazzare
Non ho mai visto una torta
non ho mai ricevuto un bacio, per quanto piccolo
ho sempre fatto la guerra, da quando ero bambino
giù nella palta, giù nella terra
acqua, sangue, neve
e guerra, guerra, guerra.
Stringevo i denti, rabbioso come un cane
e mi dicevano: "spara, spara, spara Giovanni"
crepavano gli amici, passavano gl'anni
e mi dicevano: "spara, spara, spara Giovanni"
Ho caricato il fucile, ho stappato una bomba a mano
"ti lascio tre minuti, e poi lascio andare"
Non capisco più cosa cazzo abbiano
di continuare a urlarmi: "Spara, spara Giovanni"
Ma adesso che mi giro, le alzano loro, le mani
e dicono: "Fermo, fermo, non sparare Giovanni"
Adesso che i miei occhi, non sono più tanto sani
Adesso loro gridano: "Fermo, fermo, non sparare Giovanni"
non sparare Giovanni
non sparare Giovanni
E smettila di guardarmi
io non mi fido di nessuno
e guardo i tuoi occhi come una televisione
Mi hanno insegnato
come si fa a scappare
come si fa a picchiare
come si fa ad ammazzare
Non ho mai visto una torta
non ho mai ricevuto un bacio, per quanto piccolo
ho sempre fatto la guerra, da quando ero bambino
giù nella palta, giù nella terra
acqua, sangue, neve
e guerra, guerra, guerra.
Stringevo i denti, rabbioso come un cane
e mi dicevano: "spara, spara, spara Giovanni"
crepavano gli amici, passavano gl'anni
e mi dicevano: "spara, spara, spara Giovanni"
Ho caricato il fucile, ho stappato una bomba a mano
"ti lascio tre minuti, e poi lascio andare"
Non capisco più cosa cazzo abbiano
di continuare a urlarmi: "Spara, spara Giovanni"
Ma adesso che mi giro, le alzano loro, le mani
e dicono: "Fermo, fermo, non sparare Giovanni"
Adesso che i miei occhi, non sono più tanto sani
Adesso loro gridano: "Fermo, fermo, non sparare Giovanni"
non sparare Giovanni
non sparare Giovanni
Lingua: Francese
Version française – TIRE JEAN – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson italienne (Comasque) – Spara Giuann – Davide Van De Sfroos – 1995
d’après la version italienne – SPARA GIOVANNI – Alberto Martino
« Asiles d’Aliénés » : le récit de nos histoires
(Video-Intervista – DE SFROOS “Manicomi” il racconto delle nostre storie)
La réédition de “MANICOMI” le premier album emblématique de DE SFROOS est sortie, qui fête cette année son 25e anniversaire. Ce sont des images et des histoires de personnages, en partie réalistes et en partie cinématographiques, qui offrent encore d’importantes pistes de réflexion sur des thèmes délicats, tels que le temps qui passe, la guerre, le malaise psychique, la revanche des différents, la vengeance des discrédités.
Chanson italienne (Comasque) – Spara Giuann – Davide Van De Sfroos – 1995
d’après la version italienne – SPARA GIOVANNI – Alberto Martino
« Asiles d’Aliénés » : le récit de nos histoires
(Video-Intervista – DE SFROOS “Manicomi” il racconto delle nostre storie)
La réédition de “MANICOMI” le premier album emblématique de DE SFROOS est sortie, qui fête cette année son 25e anniversaire. Ce sont des images et des histoires de personnages, en partie réalistes et en partie cinématographiques, qui offrent encore d’importantes pistes de réflexion sur des thèmes délicats, tels que le temps qui passe, la guerre, le malaise psychique, la revanche des différents, la vengeance des discrédités.
L’HISTOIRE DE L’ALBUM
Les chansons qui composent l’album “Manicomi” des DE SFROOS, sont nées il y a plus de vingt-cinq ans de manière assez instinctive et libre, en jouant avec des images liées à un territoire qui offrait des idées de différentes sortes et d’autres qui au contraire peuvent être considérées comme des réflexions naturelles sur des questions qui n’ont pas encore expiré comme par exemple, le passage du temps, la guerre, la détresse mentale, etc.
Les chansons ont été composées dans les endroits les plus disparates, et c’est peut-être aussi une caractéristique très folk qui donne aux textes un sentiment de fraîcheur et de plaisir dans la conception même. Bien que les deux salles de répétition historiques se trouvaient à Porlezza, la première dans la maison d’Alessandro et la seconde dans le garage d’Umberto Savolini, journaliste du Corriere del Ticino, nous avions l’habitude de chanter et de construire des chansons même dans nos appartements, avant ou après des dîners réguliers ou de simples réunions, parfois sous un arbre les soirs d’été avec un public de personnes âgées qui souriaient à cause de l’utilisation du dialecte et qui intervenaient souvent en créant des idées ou en corrigeant des mots.
Ne manquèrent même pas les occasions où certains morceaux naissaient directement sur scène lors de répétitions ou même à l’occasion de concerts.
Le regard sur les personnages des régions dans lesquelles nous vivions, stimula notre imagination et nous fit créer des personnages en partie réalistes et en partie cinématographiques, mais avec une mise en scène toujours attentive à laisser intact le style qui nous distinguait, utilisant le dialecte qui avait été pour nous un choix naturel et presque physiologique, dans le récit des lieux qui ont gardé ce son pendant des siècles. Ce fut sûrement d’un défi enthousiaste et courageux que beaucoup voyaient comme une limitation ou une bizarrerie, mais pour nous, c’était quelque chose de grande impulsion anthropologique et émotionnelle, en prévision des temps où on parlerait davantage du dialecte que le dialecte.
Voici ainsi dans le disque un défilé discret de figures devenues très aimées :
ANNA qui prit le fusil pour dénoncer avec colère les violences subies de la part de celui qui en réalité, aurait dû l’aimer.
LO SCONCIO, personnage indéfendable par sa vie grotesque et excessive, le dernier que vous aimeriez rencontrer, mais le premier et le seul qui interviendra pour sauver une fille de certains malotrus.
TANTE LUISA qui, sans se soucier de sa taille extra-large, se présente à la discothèque avec des brodequins (rangeots) et un énorme appétit, créant un hymne de libération pour tous ceux qui n’ont pas des caractéristiques physiques alignées sur la tendance établie par on ne sait qui.
NONU ASPIS (PÉPÉ VIPÈRE), qui a tellement fasciné Marco qu’il a choisi ce nom comme surnom en plus de celui qu’il avait déjà… c’est-à-dire Marcu De La Guasta. La chanson parle d’un individu louche, un ermite qui, en raison de son apparence et de sa façon de vivre, n’est même pas approché par les gens, qui lui attribuent évidemment des caractéristiques maléfiques ou dangereuses, au point de lui donner le nom d’un reptile venimeux, mais aussi dans ce cas, ce sera lui qui trouvera et aidera un petit garçon perdu dans les montagnes.
On assiste, comme on peut le voir, à la revanche des différents et à la vengeance des discrédités qui cachent dans leurs profondeurs une pureté instinctive, perdue par la plupart de leurs détracteurs ou peut-être même jamais eue.
Mais les DE SFROOS répétaient et se rencontraient, vivant leur histoire, sur la frontière suisse et ils voulaient en quelque sorte célébrer ces périodes liées aussi à l’épopée des contrebandiers, entre une histoire très réelle et concrète et les exagérations mythologiques.
C’est ainsi qu’est né DE SFROOS, qui est devenu son propre hymne d’appartenance à certains lieux et un refus de perdre ou d’oublier à tout prix certaines latitudes importantes de notre histoire. La chanson ne contenait pas une prise de position en faveur de quelqu’un ou en défaveur de quelqu’un d’autre, dans le far-west local de l’époque, mais analysait plutôt l’état d’esprit de ceux qui affrontaient le voyage clandestin, mêlant une attitude gasconne et une peur mal dissimulée qui se mêlait manifestement au grand effort sur des chemins impossibles avec un poids effrayant sur les épaules.
C’était l’histoire de la contrebande et nous la chantions. Tout comme nous chantions aussi l’idée d’une FRONTIERE qui souvent était en nous et qu’on avait des difficultés à comprendre et à reconnaître, au fil du temps et des situations géographiques, sociales et politiques.
D’un solo de mandoline de Lorenzo prit forme une chanson qui réfléchissait sur l’inexorable passage du temps, mais qui devint ensuite une ballade délicate sur l’amour qui fait profil bas, ne se mélange pas aux cartes de la Saint-Valentin, ne change pas au fil des saisons de la vie. La structure rythmique tissée par Didi et Ale pour soutenir le riff de mandoline a créé une alchimie qui nous touche encore aujourd’hui, et pas seulement parce que nous avons vieilli. La chanson s’intitule EL TEEMP (LE TEMPS) et, elle résiste dans le temps.
Ne manquaient pas les excursions audacieuses dans le folklore du combat ou de la taverne, l’odyssée alcoolique du protagoniste de KAMELL en est un témoignage, le provocateur DIAVUL au contraire à vitesse soutenue devient abrasif une fois de plus face à un monde qui souvent ne reconnaît pas vraiment le sus-dit diable, parce qu’il se laisse trahir par les détails.
Mais s’il y a un DIAVUL, il y a aussi une étrange AVE MARIA de village qui se déplace sur des rythmes vaguement exotiques allant jusqu’à un reggae à notre sauce, faisant le bilan anthropologique entre les légendes obscures du bateau du diable et le regard religieux ou dévotionnel, tourné vers la Madone, toujours très présent dans la culture populaire.
Mes réflexions sur le problème du malaise psychique, naquirent d’une véritable et réelle fixation sur l’état de qui se trouvait dans ce lieu lointain appelé par commodité folie, mais qu’ensuite j’ai appris à appeler de bien d’autres manières, ayant dû le connaître de près.
En écoutant aujourd’hui MANICOMI (ASILES D’ALIÉNÉS), la chanson qui donne le titre à l’album, je me rends compte que j’ai transcrit exactement ce qui m’avait frappé lors de mes visites dans la période crépusculaire de l’asile de San Martino à Como, avant la répartition des différents hôtes dans le C.R.T. du territoire.
POOR'ITALIA (PAUVRE ITALIE) est l’amère considération sur un peuple qui a pitié de sa nation, se transformant en une foule où tous deviennent shérifs, juge, bourreaux et stériles leaders d’opinion, prêts à crucifier qui se trompe, mais sans jamais considérer leur propre vie médiocre, retorse et hypocrite. Dire Pauvre Italie est très facile, admettre que vous aussi l’avez faite est beaucoup plus difficile.
Il me semble voir et entendre à nouveau Marco, avec une ardeur et une impétuosité impressionnantes, s’attaquer au micro lors du lancement de SPARA GIUVANN… une chanson sur les garçons soldats. Le rythme ska pugnace et rapide semble d’abord vous inciter au combat, mais à la fin il vous confronte à la folie de tout ce qui s’agite dans le chaudron de la guerre.
Et si FURMIGA a été écrit deux heures avant l’un de nos tout premiers concerts, sur mon balcon… je suis toujours frappé de me rappeler que LA CURIERA, qui était alors le tube absolu, a été écrite deux jours avant de partir à Milan pour la grande aventure de l’enregistrement de l’album.
Ce travail n’est pas seulement un album sur lequel chacun de nous a mis quelque chose pour exprimer ce qu’il ressentait à ce moment-là, mais c’est aussi une photo d’époque qui montre combien de choses palpitaient et bougeaient à cette période.
Nous l’avons sorti du placard et l’avons poli, remasterisé, et nous avons réalisé qu’il n’était pas seulement à nous, mais aussi à tant d’autres personnes qui ont contribué à faire de ces jours magiques et insolites ce qu’ils ont été. Et voilà, les revoici.
MANICOMI est de retour, parce que DE SFROOS est de retour.
Les chansons qui composent l’album “Manicomi” des DE SFROOS, sont nées il y a plus de vingt-cinq ans de manière assez instinctive et libre, en jouant avec des images liées à un territoire qui offrait des idées de différentes sortes et d’autres qui au contraire peuvent être considérées comme des réflexions naturelles sur des questions qui n’ont pas encore expiré comme par exemple, le passage du temps, la guerre, la détresse mentale, etc.
Les chansons ont été composées dans les endroits les plus disparates, et c’est peut-être aussi une caractéristique très folk qui donne aux textes un sentiment de fraîcheur et de plaisir dans la conception même. Bien que les deux salles de répétition historiques se trouvaient à Porlezza, la première dans la maison d’Alessandro et la seconde dans le garage d’Umberto Savolini, journaliste du Corriere del Ticino, nous avions l’habitude de chanter et de construire des chansons même dans nos appartements, avant ou après des dîners réguliers ou de simples réunions, parfois sous un arbre les soirs d’été avec un public de personnes âgées qui souriaient à cause de l’utilisation du dialecte et qui intervenaient souvent en créant des idées ou en corrigeant des mots.
Ne manquèrent même pas les occasions où certains morceaux naissaient directement sur scène lors de répétitions ou même à l’occasion de concerts.
Le regard sur les personnages des régions dans lesquelles nous vivions, stimula notre imagination et nous fit créer des personnages en partie réalistes et en partie cinématographiques, mais avec une mise en scène toujours attentive à laisser intact le style qui nous distinguait, utilisant le dialecte qui avait été pour nous un choix naturel et presque physiologique, dans le récit des lieux qui ont gardé ce son pendant des siècles. Ce fut sûrement d’un défi enthousiaste et courageux que beaucoup voyaient comme une limitation ou une bizarrerie, mais pour nous, c’était quelque chose de grande impulsion anthropologique et émotionnelle, en prévision des temps où on parlerait davantage du dialecte que le dialecte.
Voici ainsi dans le disque un défilé discret de figures devenues très aimées :
ANNA qui prit le fusil pour dénoncer avec colère les violences subies de la part de celui qui en réalité, aurait dû l’aimer.
LO SCONCIO, personnage indéfendable par sa vie grotesque et excessive, le dernier que vous aimeriez rencontrer, mais le premier et le seul qui interviendra pour sauver une fille de certains malotrus.
TANTE LUISA qui, sans se soucier de sa taille extra-large, se présente à la discothèque avec des brodequins (rangeots) et un énorme appétit, créant un hymne de libération pour tous ceux qui n’ont pas des caractéristiques physiques alignées sur la tendance établie par on ne sait qui.
NONU ASPIS (PÉPÉ VIPÈRE), qui a tellement fasciné Marco qu’il a choisi ce nom comme surnom en plus de celui qu’il avait déjà… c’est-à-dire Marcu De La Guasta. La chanson parle d’un individu louche, un ermite qui, en raison de son apparence et de sa façon de vivre, n’est même pas approché par les gens, qui lui attribuent évidemment des caractéristiques maléfiques ou dangereuses, au point de lui donner le nom d’un reptile venimeux, mais aussi dans ce cas, ce sera lui qui trouvera et aidera un petit garçon perdu dans les montagnes.
On assiste, comme on peut le voir, à la revanche des différents et à la vengeance des discrédités qui cachent dans leurs profondeurs une pureté instinctive, perdue par la plupart de leurs détracteurs ou peut-être même jamais eue.
Mais les DE SFROOS répétaient et se rencontraient, vivant leur histoire, sur la frontière suisse et ils voulaient en quelque sorte célébrer ces périodes liées aussi à l’épopée des contrebandiers, entre une histoire très réelle et concrète et les exagérations mythologiques.
C’est ainsi qu’est né DE SFROOS, qui est devenu son propre hymne d’appartenance à certains lieux et un refus de perdre ou d’oublier à tout prix certaines latitudes importantes de notre histoire. La chanson ne contenait pas une prise de position en faveur de quelqu’un ou en défaveur de quelqu’un d’autre, dans le far-west local de l’époque, mais analysait plutôt l’état d’esprit de ceux qui affrontaient le voyage clandestin, mêlant une attitude gasconne et une peur mal dissimulée qui se mêlait manifestement au grand effort sur des chemins impossibles avec un poids effrayant sur les épaules.
C’était l’histoire de la contrebande et nous la chantions. Tout comme nous chantions aussi l’idée d’une FRONTIERE qui souvent était en nous et qu’on avait des difficultés à comprendre et à reconnaître, au fil du temps et des situations géographiques, sociales et politiques.
D’un solo de mandoline de Lorenzo prit forme une chanson qui réfléchissait sur l’inexorable passage du temps, mais qui devint ensuite une ballade délicate sur l’amour qui fait profil bas, ne se mélange pas aux cartes de la Saint-Valentin, ne change pas au fil des saisons de la vie. La structure rythmique tissée par Didi et Ale pour soutenir le riff de mandoline a créé une alchimie qui nous touche encore aujourd’hui, et pas seulement parce que nous avons vieilli. La chanson s’intitule EL TEEMP (LE TEMPS) et, elle résiste dans le temps.
Ne manquaient pas les excursions audacieuses dans le folklore du combat ou de la taverne, l’odyssée alcoolique du protagoniste de KAMELL en est un témoignage, le provocateur DIAVUL au contraire à vitesse soutenue devient abrasif une fois de plus face à un monde qui souvent ne reconnaît pas vraiment le sus-dit diable, parce qu’il se laisse trahir par les détails.
Mais s’il y a un DIAVUL, il y a aussi une étrange AVE MARIA de village qui se déplace sur des rythmes vaguement exotiques allant jusqu’à un reggae à notre sauce, faisant le bilan anthropologique entre les légendes obscures du bateau du diable et le regard religieux ou dévotionnel, tourné vers la Madone, toujours très présent dans la culture populaire.
Mes réflexions sur le problème du malaise psychique, naquirent d’une véritable et réelle fixation sur l’état de qui se trouvait dans ce lieu lointain appelé par commodité folie, mais qu’ensuite j’ai appris à appeler de bien d’autres manières, ayant dû le connaître de près.
En écoutant aujourd’hui MANICOMI (ASILES D’ALIÉNÉS), la chanson qui donne le titre à l’album, je me rends compte que j’ai transcrit exactement ce qui m’avait frappé lors de mes visites dans la période crépusculaire de l’asile de San Martino à Como, avant la répartition des différents hôtes dans le C.R.T. du territoire.
POOR'ITALIA (PAUVRE ITALIE) est l’amère considération sur un peuple qui a pitié de sa nation, se transformant en une foule où tous deviennent shérifs, juge, bourreaux et stériles leaders d’opinion, prêts à crucifier qui se trompe, mais sans jamais considérer leur propre vie médiocre, retorse et hypocrite. Dire Pauvre Italie est très facile, admettre que vous aussi l’avez faite est beaucoup plus difficile.
Il me semble voir et entendre à nouveau Marco, avec une ardeur et une impétuosité impressionnantes, s’attaquer au micro lors du lancement de SPARA GIUVANN… une chanson sur les garçons soldats. Le rythme ska pugnace et rapide semble d’abord vous inciter au combat, mais à la fin il vous confronte à la folie de tout ce qui s’agite dans le chaudron de la guerre.
Et si FURMIGA a été écrit deux heures avant l’un de nos tout premiers concerts, sur mon balcon… je suis toujours frappé de me rappeler que LA CURIERA, qui était alors le tube absolu, a été écrite deux jours avant de partir à Milan pour la grande aventure de l’enregistrement de l’album.
Ce travail n’est pas seulement un album sur lequel chacun de nous a mis quelque chose pour exprimer ce qu’il ressentait à ce moment-là, mais c’est aussi une photo d’époque qui montre combien de choses palpitaient et bougeaient à cette période.
Nous l’avons sorti du placard et l’avons poli, remasterisé, et nous avons réalisé qu’il n’était pas seulement à nous, mais aussi à tant d’autres personnes qui ont contribué à faire de ces jours magiques et insolites ce qu’ils ont été. Et voilà, les revoici.
MANICOMI est de retour, parce que DE SFROOS est de retour.
Dialogue maïeutique
Cette fois, Lucien l’âne mon ami, je vais devoir te commenter la chanson et l’introduction que j’y ai mise.
Très bonne idée, Marco Valdo M.I., je ne demande pas mieux, car autrement je serais resté assez perplexe devant une telle injonction – Tire Jean ! Tire quoi ? Tire où ? Une injonction qui me paraît terrifiante.
Elle l’est, Lucien l’âne mon ami, d’autant plus qu’elle est adressée à un enfant. Mais je reprends au début mon commentaire. Dans l’ordre des choses : d’abord, l’introduction.
C’est logique, dit Lucien l’âne. Au fait donc. Que dit-elle, de quoi pare-t-elle ? Que raconte-t-elle cette introduction ?
Eh bien, répond Marco Valdo M.I., tout est venu de ce que la chanson Spara Giuann !, chanson en comasque, qui est la langue vernaculaire du pays de Côme, ou en lombard (Laghée), je ne sais trop, de Davide Van De Sfroos et sa version en italien se tenaient là sans aucun commentaire, sans aucune explication et qu’ayant déjà plusieurs fois mis en version française des chansons de cet auteur-chanteur, j’en connaissais la qualité et l’importance.
Il me semblait bien l’avoir déjà rencontré en ta compagnie, dit Lucien l’âne, et avoir déjà eu l’occasion de connaître l’une ou l’autre de ses chansons. Voyons si mes souvenirs sont exacts ; j’ai en mémoire : Ciamel amuur(Dis-le amour !), E semm partii(Et nous sommes partis), El fantasma del laac (Le fantôme du lac), El Fantasma Del Ziu Gaetan(Le fantôme de l’oncle Gaetan), Hoka Hey, Il cavaliere senza morte (Le chevalier sans mort), Il Figlio di Guglielmo Tell (Le fils de Guillaume Tell), Infermiera (Infirmière), Manicomi (Asiles d’Aliénés) et d’autres encore ; j’arrête là, mais c’est quand même une preuve d’un intérêt particulier.
Lucien l’âne mon ami, merci, ça m’épargnera d’en dire autant. Pour en revenir à l’introduction, au vu de ce que tu viens de dire, sa nécessité s’éclaire. Elle est vraiment essentielle, car elle détaille – par la bouche-même de l’auteur – le premier disque de Davide Van De Sfroos : Manicomi et ce qui donne tout le sens de cette entrevue, 25 ans après sa parution. Il faudrait sans doute faire pareil pour tout le reste de sa production.
Non, dit Lucien l’âne, ce n’est pas le moment et c’est pas nous qui le ferons. Contentons-nous de cet éclairage. Quant à la chanson ?
Quant à la chanson, Lucien l’âne mon ami, elle est le récit par un certain Jean (Giuann) de l’histoire d’un enfant-soldat ; Jean étant l’enfant-soldat lui-même. Mais au fait, sais-tu ce que sont les enfants-soldats ; en as-tu jamais rencontré ?
Certes, Marco Valdo M.I., que je sais ce que sont les enfants-soldats et j’en ai rencontré pas mal dans les guerres très anciennes et plus récentes. Il y en a toujours eu dans l’histoire ; sauf dans les armées régulières professionnelles, qui sont des métiers d’adultes. Un des plus communs parmi les enfants-soldats fut ce « petit tambour » des guerres révolutionnaires et napoléoniennes qui sans devoir porter les lourds fusils transmettait des roulements de son tambour les ordres aux régiments en marche. Le personnage est fameux. Je te rappellerai simplement Oscar, Oscar ou La Danse du Tambour et son Blechtrommel – tambour de fer blanc, par ailleurs, surnom d’Adolf Hitler.
Celui de la chanson, reprend Marco Valdo M.I., n’est pas de cette sorte-là. C’est un enfant-soldat contemporain, une nouvelle sorte en quelque sorte qu’on a vu apparaître en grand nombre dans ces guerres quasi-clandestines qui ravagent l’Afrique et une bonne part de l’Asie. Ce sont des enfants enlevés élevés pour la guerre. Une horreur ! D’autant plus horrible qu’en définitive, on les utilise contre les leurs, contre les civils et son se fiche probablement de savoir ce qu’il adviendra d’eux. Dans la chanson, l’enfant-soldat Jean se retourne contre ses dresseurs.
Oh, dit Lucien l’âne, ça doit arriver parfois. Mais quelles folies tiennent ainsi les têtes des humains ?, je n’arrête pas de me le demander et de me dire en conséquence qu’il nous faut inlassablement continuer à tisser le linceul de ce vieux monde brutal, idiot, imbécile, mortifère, thanatophore et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Cette fois, Lucien l’âne mon ami, je vais devoir te commenter la chanson et l’introduction que j’y ai mise.
Très bonne idée, Marco Valdo M.I., je ne demande pas mieux, car autrement je serais resté assez perplexe devant une telle injonction – Tire Jean ! Tire quoi ? Tire où ? Une injonction qui me paraît terrifiante.
Elle l’est, Lucien l’âne mon ami, d’autant plus qu’elle est adressée à un enfant. Mais je reprends au début mon commentaire. Dans l’ordre des choses : d’abord, l’introduction.
C’est logique, dit Lucien l’âne. Au fait donc. Que dit-elle, de quoi pare-t-elle ? Que raconte-t-elle cette introduction ?
Eh bien, répond Marco Valdo M.I., tout est venu de ce que la chanson Spara Giuann !, chanson en comasque, qui est la langue vernaculaire du pays de Côme, ou en lombard (Laghée), je ne sais trop, de Davide Van De Sfroos et sa version en italien se tenaient là sans aucun commentaire, sans aucune explication et qu’ayant déjà plusieurs fois mis en version française des chansons de cet auteur-chanteur, j’en connaissais la qualité et l’importance.
Il me semblait bien l’avoir déjà rencontré en ta compagnie, dit Lucien l’âne, et avoir déjà eu l’occasion de connaître l’une ou l’autre de ses chansons. Voyons si mes souvenirs sont exacts ; j’ai en mémoire : Ciamel amuur(Dis-le amour !), E semm partii(Et nous sommes partis), El fantasma del laac (Le fantôme du lac), El Fantasma Del Ziu Gaetan(Le fantôme de l’oncle Gaetan), Hoka Hey, Il cavaliere senza morte (Le chevalier sans mort), Il Figlio di Guglielmo Tell (Le fils de Guillaume Tell), Infermiera (Infirmière), Manicomi (Asiles d’Aliénés) et d’autres encore ; j’arrête là, mais c’est quand même une preuve d’un intérêt particulier.
Lucien l’âne mon ami, merci, ça m’épargnera d’en dire autant. Pour en revenir à l’introduction, au vu de ce que tu viens de dire, sa nécessité s’éclaire. Elle est vraiment essentielle, car elle détaille – par la bouche-même de l’auteur – le premier disque de Davide Van De Sfroos : Manicomi et ce qui donne tout le sens de cette entrevue, 25 ans après sa parution. Il faudrait sans doute faire pareil pour tout le reste de sa production.
Non, dit Lucien l’âne, ce n’est pas le moment et c’est pas nous qui le ferons. Contentons-nous de cet éclairage. Quant à la chanson ?
Quant à la chanson, Lucien l’âne mon ami, elle est le récit par un certain Jean (Giuann) de l’histoire d’un enfant-soldat ; Jean étant l’enfant-soldat lui-même. Mais au fait, sais-tu ce que sont les enfants-soldats ; en as-tu jamais rencontré ?
Certes, Marco Valdo M.I., que je sais ce que sont les enfants-soldats et j’en ai rencontré pas mal dans les guerres très anciennes et plus récentes. Il y en a toujours eu dans l’histoire ; sauf dans les armées régulières professionnelles, qui sont des métiers d’adultes. Un des plus communs parmi les enfants-soldats fut ce « petit tambour » des guerres révolutionnaires et napoléoniennes qui sans devoir porter les lourds fusils transmettait des roulements de son tambour les ordres aux régiments en marche. Le personnage est fameux. Je te rappellerai simplement Oscar, Oscar ou La Danse du Tambour et son Blechtrommel – tambour de fer blanc, par ailleurs, surnom d’Adolf Hitler.
Celui de la chanson, reprend Marco Valdo M.I., n’est pas de cette sorte-là. C’est un enfant-soldat contemporain, une nouvelle sorte en quelque sorte qu’on a vu apparaître en grand nombre dans ces guerres quasi-clandestines qui ravagent l’Afrique et une bonne part de l’Asie. Ce sont des enfants enlevés élevés pour la guerre. Une horreur ! D’autant plus horrible qu’en définitive, on les utilise contre les leurs, contre les civils et son se fiche probablement de savoir ce qu’il adviendra d’eux. Dans la chanson, l’enfant-soldat Jean se retourne contre ses dresseurs.
Oh, dit Lucien l’âne, ça doit arriver parfois. Mais quelles folies tiennent ainsi les têtes des humains ?, je n’arrête pas de me le demander et de me dire en conséquence qu’il nous faut inlassablement continuer à tisser le linceul de ce vieux monde brutal, idiot, imbécile, mortifère, thanatophore et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
TIRE JEAN
Et arrêtez de me regarder !
À personne, je ne veux me fier
Et je fixe vos yeux comme une télé.
On m’a enseigné
Comment on s’échappe,
Comment on frappe,
Comment massacrer.
Quand j’étais petit garçon,
Je n’ai jamais reçu de bonbon,
Je n’ai jamais reçu de baiser, même un petit.
J’ai vu dans la crasse, à terre,
Eau, sang, neige, et sans répit,
La guerre, la guerre, la guerre.
Enragé comme un chien, je serrais les dents.
On me disait : « Tire, tire, tire Jean ! »
Mes amis mourraient, les années ont passé,
On me disait : « Tire, tire, tire Jean ! »
J’ai chargé le fusil, ouvert une grenade à main.
« Je vous donne trois minutes pour décamper. »
Je ne comprenais pas ce qu’ils avaient, putain,
À continuer à me hurler : « Tire, tire Jean ! »
Maintenant que je me retourne, eux lèvent les mains
Et disent : « Stop, stop, ne tire pas Jean ! »
Maintenant que mes yeux ne sont plus aussi sains,
Maintenant eux crient : « Stop, stop, ne tire pas Jean ! »
Ne tire pas Jean !
Ne tire pas Jean !
Et arrêtez de me regarder !
À personne, je ne veux me fier
Et je fixe vos yeux comme une télé.
On m’a enseigné
Comment on s’échappe,
Comment on frappe,
Comment massacrer.
Quand j’étais petit garçon,
Je n’ai jamais reçu de bonbon,
Je n’ai jamais reçu de baiser, même un petit.
J’ai vu dans la crasse, à terre,
Eau, sang, neige, et sans répit,
La guerre, la guerre, la guerre.
Enragé comme un chien, je serrais les dents.
On me disait : « Tire, tire, tire Jean ! »
Mes amis mourraient, les années ont passé,
On me disait : « Tire, tire, tire Jean ! »
J’ai chargé le fusil, ouvert une grenade à main.
« Je vous donne trois minutes pour décamper. »
Je ne comprenais pas ce qu’ils avaient, putain,
À continuer à me hurler : « Tire, tire Jean ! »
Maintenant que je me retourne, eux lèvent les mains
Et disent : « Stop, stop, ne tire pas Jean ! »
Maintenant que mes yeux ne sont plus aussi sains,
Maintenant eux crient : « Stop, stop, ne tire pas Jean ! »
Ne tire pas Jean !
Ne tire pas Jean !
inviata da Marco Valdo M.I. - 24/5/2021 - 18:33
Con l'aggiornamento vi segnalo la prossima serata antologica di Van de Sfroos
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Paolo Rizzi - 20/10/2024 - 10:42
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