Né(e) à Pierta-di-Verde (France, Haute-Corse(2B)), le 12 Novembre 1903 - Décédé(e) à Bastia (France, Haute-Corse(2B)), le 18 nov. 1971
« Issu d’une vieille famille du terroir de la Castagniccia, il naquit le 12 novembre 1903. Avec de solides bases acquises à l’école du village, il entra au lycée de Bastia en octobre 1915. Une brillante scolarité lui permit d’affronter la Faculté des Lettres et de terminer une licence d’histoire. Après un bref séjour sur le continent comme maître d’internat puis professeur-adjoint, il retourna professeur à son lycée(en 1934) et y demeura jusqu’à sa mise à la retraite en 1964.» (1)
« Dans l’Entre-deux guerres, Simon-Jean Vinciguerra mène la bataille en faveur de la langue corse. Il estime qu’elle doit être préservée, enseignée et diffusée. Il fera partie du mouvement littéraire "A Muvra" auquel il donnera beaucoup jusqu’en 1934, au moment où ce mouvement se tournera vers l’irrédentisme.»(2) [...]« Dans les années 1936, 1937, 1938, il était un des animateurs du Comité antifasciste, président du Comité de soutien aux Républicains espagnols. Il anime le «Collège du travail», appelé aussi «A scola di Zia Peppa», qui était un cours du soir offert à ceux qui n’avaient pas pu ou voulu continuer leurs études après le certificat d’études primaires»(3). Il aurait compté, selon Jean-Baptiste Fusella qui en était, une vingtaine d’élèves assidus.
Pendant la guerre
Quand le Front national pour l'indépendance de la France est créé, au printemps 1941, Simon-Jean Vinciguerra est désigné par la direction communiste pour organiser les patriotes dans le ‘Comité d’arrondissement’ de Bastia. Il écrit paroles et musique du Chant des maquisards corses. Dominique Salini raconte dans son livre "En ce temps là Bastia" : «Le premier acte de notre lutte clandestine fut la distribution de tracts à l’armée ennemie. Ces tracts étaient destinés à démoraliser les soldats italiens (…) Simon Vinciguerra préparait les textes de ces tracts et les traduisait en italien. Ils étaient imprimés chez Joseph Gambotti. (…) Le premier groupe [de résistance] formé, fut naturellement celui du Lycée [où enseignait Simon-Jean Vinciguerra]»(4). Au mois d’août 1943, il participe aux négociations secrètes avec le colonel des "Chemises noires", Gianni Cagnoni, afin de rallier l’armée italienne à la cause de la Résistance. Lors de l’insurrection, le 9 septembre, avec le comité d’arrondissement du Front national, il prend le contrôle de la sous-préfecture de Bastia, avant que les Allemands occupent la ville en lieu et place des Italiens. Le 10 septembre, les plénipotentiaires allemands demandent à rencontrer les Résistants pour les mettre en garde contre de possibles représailles et les invitent même à se joindre à eux. Le refus de Simon-Jean Vinciguerra est catégorique : «A tout prendre, je préfère être fusillé par vous que par mes camarades.» Après la guerre, Simon-Jean Vinciguerra, «… cet humaniste, brillant latiniste, linguiste averti qui écrivait le corse et l’italien aussi bien que le français…», donnera la pleine mesure de ses talents au service de la Corse ; « qu’il s’agisse d’histoire ou de géographie, mais aussi de poésie, de musique, de folklore, de théologie, de questions économiques et sociales» (5). Dès 1948, il fut le principal responsable de la relance du "Bulletin des sciences historiques et naturelles de la Corse". Il publiera dans la revue ‘U Muntese’ de nombreuses poésies, saynètes et pièces de théâtre en langue corse. Il écrit aussi pour les L’Humanité Dimanche et la Marseillaise-Corse qui publieront son histoire de la Corse et son histoire de la Résistance. Il est décédé à Bastia le 18.11.1971. Simon-Jean Vinciguerra était Officier dans l’ordre des Palmes académiques, titulaire de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance, Commandant FFI.