Michel BergerMichel Berger


Un touche-à-tout de génie! Tout ce qu'il compose se transforme en or. Vedette à 17 ans, découvreur de Véronique Sanson, mari et complice de France Gall, créateur de la comédie musicale Starmania avec Luc Plamondon, compositeur pour Johnny Hallyday, la carrière de Michel Berger s'arrêta un beau jour de l'été 92 sur un court de tennis de la Côte d'Azur. Un artiste unique s'éclipsait prématurément.


Issu d'une famille bourgeoise et parisienne, Michel Berger (de son véritable nom Michel-Jean Hamburger) est né le 28 novembre 1947 à Neuilly-sur-Seine, près de Paris. Son père, Jean Hamburger, est un professeur de médecine réputé. Cet homme très cultivé est un personnage secret, à la personnalité complexe. Sa mère, Annette est une brillante concertiste, elle joue du piano et a étudié avec Marguerite Long. Le jeune Michel, son frère Bernard et sa soeur Françoise, vivent dans un environnement agréable : dans un grand appartement parisien, où deux magnifiques pianos trônent dans le salon, la famille Hamburger reçoit des écrivains (Bernanos, André Maurois ou Henri Troyat) ou des grands scientifiques. Pour les enfants, la vie est un roman, même s'ils reçoivent une éducation religieuse protestante, qui se veut stricte.

La sensibilité du jeune Michel va être mise à rude épreuve dans sa dixième année. En effet, à cette date, un bouleversement familial a lieu. Son père, Jean, à la suite d'une infection pulmonaire qui dégénère et dont il se remet mal, décide de partir, sans explication et d'une façon brutale, malgré la sérénité affichée dans cette famille. L'équilibre est rompu. Le jeune garçon souffre de cet abandon. Pourtant, Annette, leur mère tente de préserver ce qui reste de complicité et de chaleur entre elle et ses enfants, ce qu'elle parviendra à faire encore longtemps.

Baigné dans un environnement musical aussi fertile, le jeune Michel qui joue du piano, puis par la suite de la clarinette classique, découvre aussi à l'âge de l'adolescence, la musique noire américaine avec notamment Ray Charles, et son célèbre titre "Georgia on my mind". Sérieux et brillant en classe, cela lui laisse le temps de composer et d'écrire des chansons sans prétention, avec ses copains du lycée Carnot (Paris).

Au début des années 60, la mode musicale française est au yéyé, sorte d'adaptation française, édulcorée, du rock'n'roll américain qui déferle sur l'Europe. Les paroles sont très simples, voire niaises. Dans ce contexte particulier et fleurissant, certaines maisons de disques recherchent de jeunes talents. C'est le cas entre autres, de Pathé Marconi, qui par le biais de son directeur artistique, Jacques Sclingand fait passer des auditions. Michel et ses amis de lycée s'y présentent. Seul Michel est retenu. Il n'a que 15 ans et une carrière de chanteur semble s'offrir à lui. La seule condition est imposée par sa mère, qui lui demande de terminer quand même sa scolarité et de passer son baccalauréat.

Vedette à 17 ans


Au printemps 63, sort le premier 45 tours "Amour et Soda" sous le nom de Michel Berger, pseudonyme qu'il s'est lui-même donné. Malheureusement, ce premier essai passe inaperçu et peu de radios le passent sur leur antenne. "Tu n'y crois pas" est le second 45 tours du jeune chanteur. Ce titre est repéré par l'équipe de la célèbre émission de radio d'Europe 1, Salut les Copains et fait l'objet d'un véritable matraquage sur l'antenne. C'est le début d'un succès modeste qui durera le temps de sept 45 tours entre 1963 et 1966. Conformément au vou de sa mère, il continue sa scolarité. Il ne fait ni tournée ni promotion contrairement à ses pairs.

A l'âge de 18 ans, ayant passé le baccalauréat avec succès, il est inscrit en philosophie à l'Université. Mais sa principale activité est en fait chez Pathé Marconi. Le directeur artistique, Jacques Sclingand, qui a remarqué que Michel Berger faisait preuve d'un grand intérêt et d'un conseil avisé pour les enregistrements des disques, lui donne la charge du secteur nouveaux talents de chez Pathé Marconi. Il rencontre aussi Claude Michel Schönberg, avec qui il partage la direction artistique du catalogue jeunesse.

Son premier succès de compositeur, il le doit à une chanteuse météore du nom de Patricia avec le titre "Quand on est malheureux". L'argent qu'il recevra des droits d'auteur, lui servira à s'acheter une jolie Triumph. Il écrit d'autres chansons pour d'autres interprètes, mais il ne renouvelle pas tout de suite le succès qu'il a eu avec Patricia.

En 1966, Michel Berger fait la connaissance de Véronique Sanson au hasard d'une rencontre de plusieurs amis. L'année suivante, il est amené à faire passer une audition au groupe dont elle fait partie, les Roches Martin chez Pathé Marconi, et leur permet d'enregistrer. Le groupe ne survivra pas longtemps contrairement à la relation entre Michel Berger et Véronique Sanson. L'histoire d'amour qui va les unir est celle de deux musiciens doués, qui se retrouvent et vivent dans le même univers.

Durant l'été 70, il effectue un voyage aux Etats-Unis où il espère trouver de nouvelles émotions musicales. Il rencontre Ira Gershwin, le frère de George Gershwin, auteur du célèbre "Porgy and Bess" et revient avec l'idée que ce qu'il compose ne doit pas se cantonner à un genre particulier (chanson, musique de film, etc.) mais si possible tout essayer.

En 71, il enregistre sa première véritable ouvre adulte et personnelle. "Puzzle" est le résultat de l'héritage classique et de sa culture musicale propre, entre pop et rock des années 70. L'album est construit avec l'aide de son compère, pianiste-arrangeur de talent, Michel Bernholc. Oscillant entre orchestre symphonique, groupe pop et concerto pour piano, la musique instrumentale qu'il propose peut dérouter. A tel point que ce disque est un échec commercial. C'est en plus, la dernière collaboration de Michel Berger avec la firme Pathé Marconi. En effet, Jacques Sclingand quitte le métier et laisse son protégé seul avec son avenir.

Directeur artistique de Véronique Sanson


C'est donc en 72 que Michel Berger devient le directeur artistique de WEA-Filipacchi. Sa première signature de jeune artiste se nomme Véronique Sanson. Nul n'est mieux placé que lui pour déceler le talent de celle qui depuis un certain temps déjà, accumule de très belles chansons. La préparation de son album qui porte le titre emblématique de "Amoureuse" est minutieusement orchestrée par Berger, toujours flanqué de Michel Bernholc auquel vient s'ajouter un excellent guitariste, Gérard Kawczynski dit Crapou. Le résultat est magnifique et résolument dans l'air du temps. Les mélodies sont fortes et la voix de Véronique Sanson, unique, donne aux textes une ampleur exceptionnelle. La presse est dithyrambique et le public enthousiaste. "Besoin de personne" est la chanson phare de l'album et se trouve rapidement propulsée en haut des hit-parades français.

Suit la préparation du second album de Véronique. Mais en pleine période d'enregistrement, en octobre, la jeune chanteuse disparaît sans crier gare, laissant son entourage, dont Michel Berger, sans nouvelle. Fin 72, le nouvel album sort, alors que la jeune femme a mis les voiles pour l'Amérique, emmenée par le guitariste Stephen Stills. Berger se sent trahi et une fois de plus abandonné. Le seul palliatif à son immense douleur semble être le travail.

Ainsi naît en 73, l'album très personnel de Michel Berger "Coeur brisé". Rarement, un disque n'aura été conçu dans le moment présent, où l'interprète et l'auteur ne font qu'un, pour exprimer toute la tristesse qui l'habite. La brisure est difficile à accepter mais le disque permet de cicatriser la plaie, tout du moins en surface. Car rien ne sera jamais vraiment réglé, si ce n'est par chansons interposées.

Chez WEA, Michel Berger continue son travail de directeur artistique. Un jour de 73, Françoise Hardy lui téléphone et lui demande de travailler avec elle. Elle est en fait très impressionnée par les deux albums de Véronique Sanson, qui à ses yeux, augure une nouvelle ère dans la chanson française. Désireuse aussi de laisser définitivement de côté, son image de chanteuse pour adolescents, elle espère avec sa participation, changer de registre. En 73, sort donc un album intitulé "Message personnel". Malgré des séances d'enregistrement difficiles, la chanson qui a donné le titre à l'album est une véritable perle : elle reste jusqu'à maintenant un moment important de la carrière de Françoise Hardy. Les premiers mots "Si tu crois un jour que tu m'aimes" restent gravés dans la mémoire de nombreux fans. Le titre est un grand succès commercial.

Michel Berger ne perd pas de vue pour autant son travail personnel. En 74, "Chanson pour une fan" rend hommage à ces dizaines de personnes qui lui ont écrit et l'ont soutenu durant les moments de déprime. Cet album est d'ailleurs plus positif que le précédent. La rupture a été digérée. Message d'espoir, le premier 45 tours s'intitule "Ecoute la musique (quelle consolation fantastique)", comme si l'univers dans lequel il baignait quand il était enfant, venait à son secours pour éponger sa tristesse.

France Gall


Mais la rencontre avec une jeune chanteuse, issue comme lui de la vague yéyé va venir transformer sa vie. France Gall est au début des années 70, une jeune femme un peu perdue, qui a débuté très tôt dans la chanson, qui a même gagné l'Eurovision en 65 avec "Poupée de cire poupée de son". Elle fait aussi partie de WEA et désire travailler avec cet auteur-compositeur qui lui semble être le plus approprié pour donner une nouvelle orientation à sa carrière. Malgré les premières réticences de Michel Berger qui préfère son métier de directeur artistique, France Gall réussit à le faire céder. Durant la période où ils travaillent beaucoup ensemble, les deux artistes tombent amoureux. Et le premier 45 tours issu de leur collaboration s'intitule "La Déclaration". L'album "France Gall" sort en 75.

La même année, Berger fait paraître son propre disque "Que l'amour est bizarre". Le succès est mitigé même si un titre comme "Seras-tu là" est une superbe chanson. Tout se passe comme si cet homme discret ne tenait pas à se retrouver sous les feux de la rampe et s'exprimait mieux par la voix d'autres interprètes. Il récidive pourtant en 76 avec "Mon piano danse". Presque aucun titre ne retient l'attention du public. Son image est celle d'un éternel étudiant, gentil et sérieux, loin des frasques des chanteurs de rock. Rien à voir non plus avec la déferlante disco. Son métier de producteur le passionne et son talent d'interprète n'est peut être pas assez mis en valeur.

Le 22 juin 1976, Michel Berger et France Gall se marient à Paris dans la plus stricte intimité. Pour les deux artistes, la vie privée est un domaine auquel aucun journaliste ni photographe ne doit avoir accès. Ils ne dérogeront pas à cette règle. Ce couple amoureux s'apprête d'ailleurs à emménager dans une grande maison à Rueil Malmaison en banlieue parisienne.

"Ça balance pas mal à Paris" est le duo que proposent Berger et France Gall durant cet été-là. Cette chanson est extraite d'une émission de télévision consacrée à Michel Berger "Emilie ou la petite sirène".

En 77, sort le nouvel album de France Gall écrit par Michel Berger "Dancing Disco" qui augure une série d'album à succès.

Starmania


Mais le véritable talent de Michel Berger réside sans doute dans sa capacité à être l'initiateur de petites et de grandes aventures, à être la tête pensante, le grand organisateur et ordonnateur de projet. Depuis 1975, il réfléchit à la façon d'écrire une comédie musicale, genre que l'on dit typiquement américain et impossible à adapter en français. Il s'accroche à cette idée et entreprend, seul, l'écriture de "Angelina Dumas". L'histoire est inspirée par celle de Patricia Hearst, riche héritière, enlevée par une bande de terroristes, qui finit par épouser la cause de ses ravisseurs et prendre les armes. Mais son travail ne le satisfait pas entièrement. Il fait alors appel à Luc Plamondon, parolier de Diane Dufresne. En 76, les rencontres entre les deux hommes sont fréquentes et après plusieurs mois, ils peuvent envisager de sortir un double album : le "casting" se compose entre autres de Diane Dufresne, Daniel Balavoine, France Gall et Fabienne Thibeault. Le 16 octobre 78, le disque sort sous le nom de "Starmania". C'est immédiatement un énorme succès. Double album d'or en France et n°1 des ventes au Canada pendant 20 semaines, l'oeuvre grandiose de ces deux créateurs doit devenir un spectacle donné sur scène. Après de nombreuses négociations, recherches de partenaires financiers et enfin, mise en scène à la hauteur des grandes soeurs américaines, cette comédie musicale qui est en fait un opéra rock, est donnée à Paris au Palais des Congrès pendant 3 semaines en avril 79 (soit environ 96.000 spectateurs). Le 24 juin, une représentation est donnée à Montréal au Stade olympique devant 80.000 personnes qui hurlent de joie et d'enthousiasme.

Une note de bonheur personnel vient illuminer la vie de Michel Berger qui est en pleine période d'euphorie professionnelle : France Gall donne naissance à une petite fille, Pauline, le 14 novembre 78.

Au milieu de l'année 1980, "La Groupie du pianiste" est le titre que l'on entend sur toutes les radios. Michel Berger vient enfin de signer un tube, et s'étonne de ce succès personnel soudain. L'album "Beauséjour" renferme en fait deux autres succès : "Celui qui chante" et "Quelques mots d'amour". Il reste pourtant un interprète discret qui ne renouvellera pas ce record de vente et de popularité.

Acharné de travail, Michel Berger trouve le moyen de signer cette même année l'album de sa femme France Gall "Paris, France". Mais 1980 est un bon millésime car outre les deux albums des deux chanteurs, Michel Berger est contacté, à sa plus grande joie, par la star internationale de la pop, Elton John. Ce dernier désire travailler avec cet auteur-compositeur dont il connaît par cour toutes les chansons. C'est ainsi que de leur collaboration naît un duo France Gall/Elton John, signé Berger, "Donner pour donner" qui restera longtemps en haut des hit-parades.

Premier concert


Introverti et timide, Michel Berger va cette année-là, réussir dans le dernier domaine qu'il n'avait pas encore exploré, à savoir la scène. Il se produit en effet au Théâtre des Champs-Elysées à Paris, du 30 juin au 5 juillet. Là encore, son professionnalisme et son enthousiasme l'emportent. Accompagné par l'Orchestre des Concerts Colonne, dirigé par son vieil ami, Michel Bernholc et par dix musiciens de rock, le chanteur "s'éclate" derrière son piano en interprétant son propre répertoire mais aussi des versions toutes personnelles de "Message personnel" ou "Des uns contre les autres".

Après la naissance de son deuxième enfant, Rafaël, petit garçon débarqué le 2 avril 81, le jeune papa part en tournée en octobre. A partir de ce moment-là, la vie familiale qui de fait, se mélange avec la vie professionnelle va être quelque peu réglementée afin de préserver les enfants d'une activité parentale trop intense. Les deux interprètes sortiront leur album en alternance et non en même temps.

L'album "Beaurivage" de Michel Berger sort en 81. Il ne recèle qu'un seul tube "Mademoiselle Chang", chanson en hommage à une jeune cambodgienne exilée en France qui s'occupe de ses enfants. La jeune femme a fui son pays et a perdu la trace de sa famille. Berger va s'occuper des démarches administratives et lui permettre de retourner voir les siens.

Cet homme généreux pour qui le mot famille a un véritable sens, va connaître à ce moment-là, une immense douleur. En effet, son frère aîné, Bernard, le chef du clan meurt à la suite d'une maladie. Par protection personnelle, Michel Berger se réfugie dans le travail.

Après un projet américain bien avancé mais finalement avorté, il se consacre à l'écriture de musique de film, dont celui de Jean-Paul Rappeneau "Tout feu, tout flamme", avec Yves Montand. Il effectue aussi un retour sur scène remarqué. Nettement plus à l'aise, il investit le célèbre Olympia à Paris du 13 au 29 avril 82 et connaît un succès phénoménal, qui vient sans doute le réconforter après un hiver difficile.

Il décide aussi que c'est le moment pour lui de prendre un peu de recul et de partir en voyage. La Chine est sa première destination. Il écrit un récit de voyage qui paraît dans le quotidien français, Libération. Il s'envole ensuite pour le Brésil.

En 83, après cette parenthèse sort son nouvel album "Voyou". La critique ne voit dans cet opus que la copie d'un bon élève, même si un titre "Le Prince des Villes" émerge de là. Il entreprend ensuite une tournée à travers la France, accompagné par des musiciens hors pair, rodés à la méthode Berger, professionnalisme, exigence et travail. Homme d'affaire averti, il crée le label Apache, qui correspond à ce qu'il a envie de faire et s'adjoint les services d'un collaborateur de longue date, Patrick Villaret. Celà lui permet de gérer l'entreprise Gall/Berger et de mettre en route une véritable politique de recherche de nouveaux talents.

Après la sortie en 84 de "Débranche", album de France Gall, c'est au tour de Michel Berger en 85 avec "Différences", disque de bons sentiments avec entre autres les titres "Y'a pas de honte" et "Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux".

En 85, après avoir vu au Stade de Wembley en Angleterre, le concert "Band Aid" qui permet de récolter des fonds pour lutter contre la famine en Ethiopie et après avoir participé à une opération similaire en France "Chanson pour l'Ethiopie", Michel Berger s'interroge sur une façon plus directe et plus constructive d'apporter sa contribution personnelle au développement des pays pauvres. Avec son ami Daniel Balavoine, France Gall et d'autres, le voilà qui s'engage dans "Action Ecole", fondation destinée à secourir les enfants de ces régions. De cette expérience parfois douloureuse naîtra un des plus beaux titres de France Gall, "Babacar", histoire d'un enfant malien souffrant de malnutrition.

Auteur-compositeur pour Johnny Hallyday


Les aventures se suivent mais ne se ressemblent pas. Michel Berger rencontre, grâce au PDG de Polygram le chanteur le plus populaire en France, Johnny Hallyday. Désireux de donner un nouveau souffle à sa carrière, celui-ci demande à l'auteur-compositeur de lui écrire une chanson. Pour Berger, c'est un album ou rien. Les deux hommes qui, à première vue, n'ont pas grand chose en commun, trouvent une complémentarité dans la personnalité de l'autre. Entre la bête de scène et la bête de studio, un lien solide va se tisser. En 85, sort donc "Rock and roll attitude" avec le chef-d'oeuvre "Quelque chose de Tennessee" que Hallyday chante avec tant de justesse, comme s'il avait réussi à s'accaparer la finesse d'interprétation de Berger. Quand vient l'heure pour Hallyday de remonter sur scène, c'est encore à Berger que l'on demande de faire la mise en scène du show au Palais Omnisport de Bercy, à Paris en 87.

Entre temps, ce dernier a eu l'occasion de remonter sur scène au Zénith à Paris. En avril 86, il investit les lieux avec un dispositif scénique particulier en noir et blanc, avec lequel il joue durant tout le spectacle.

En 88, Michel Berger et Luc Plamondon décide de remonter l'opéra rock "Starmania". Nouvelle distribution (dont la belge Maurane, en pleine ascension), retouches des paroles et nouvelle mise en scène, le spectacle est à nouveau un grand succès, relayé par un disque studio, un disque live et une cassette vidéo. "Starmania" sera joué jusqu'en 89, avec à la clé une tournée dans le monde entier.

Fin 90, sort le dernier album de Michel Berger "Ça ne tient pas debout". Pochette sobre, voire austère, le nouveau Berger, peut-être glacial comme dans le titre "Paradis blanc", semble perdu dans d'autres sphères. Aucune tournée ni promotion ne sont prévues pour mettre en valeur cet opus.

Ses nombreuses activités le poussent à délaisser certains aspects de son métier : quasiment en même temps que la sortie de cet album, il compose avec Luc Plamondon le dernier opéra rock qu'il a en tête, "La légende de Jimmy", ode lyrique au célèbre acteur James Dean. Le succès est relatif même si les radios passent le titre éponyme, chantée par Diane Tell durant l'automne 90.

En février 91, alors que "La Légende de Jimmy" termine sa carrière, Michel Berger travaille sur "Tycoon", libre traduction en anglais de "Starmania". Négociations, voyages et contacts en tout genre ne permettront de faire aboutir le projet discographique qu'en 92. Plusieurs anglais et américains prêtent leur voix à ces héros qui dénoncent la misère urbaine si présente dans leur propre pays : Céline Dion, Kim Carnes, Tom Jones, Nina Hagen, Cindy Lauper qui interprète avec maestria "The world is stone" ("Le Monde est stone") et Peter Kingsberry.

Un disque pour deux


En février 92, Michel Berger apprend la mort de son père Jean Hamburger. Resté glacial jusqu'à la fin de sa vie, aucun échange ou presque n'a eu lieu entre les deux hommes ; sa disparition ressemble à un ultime abandon. Comme d'habitude, Michel Berger se tait.

En juin 92, France Gall et Michel Berger sortent un album en commun. Ce que le public croyait impossible à force d'attente, les deux artistes finissent par le faire. "Double jeu" est le résultat de cette fusion musicale, si difficile à trouver. Une scène est prévue pour fin 92.

Le 2 août 92, le destin met fin à de nombreuses années de recherche et de travail personnel reconnu par des milliers de fans. Michel Berger meurt d'un arrêt cardiaque à la suite d'une partie de tennis dans sa propriété de Ramatuelle, dans le midi de la France.

Sa femme France Gall, monte sur scène, seule, à Bercy en 1993 pour défendre le dernier album et pour rendre un hommage à Michel Berger, l'artiste. Après la mort de leur fille Pauline en 1997, la chanteuse disparaît de la scène musicale.

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Entré à pas feutrés dans le monde de la variété, Michel Berger a su se rendre indispensable. L'art de la chanson a pris toute son importance avec lui et a permis à de nombreux interprètes d'accéder à un monde secret, subtil et riche. En 2002, pour les 10 ans de sa disparition, un coffret paraît relatant son oeuvre enrichie d'un inédit, "la Fille au sax".

Août 2002

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